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Je glissais les trois préservatifs dans mon sac, alors que le guppy mortifié et moi quittions l'infirmerie.

Je ne m'étais pas encore renseignée sur les relations sexuelles entre homme, mais si Adrien décidait soudainement de se jeter sur moi, au moins je serais prête de ce côté-là.

– J'arrive pas à croire que tu as osé demander ça, murmurait Guppy pour la cinquième fois depuis que nous avions quittés l'infirmerie.

La fin du premier cours avait sonné depuis un moment, et nous nous dirigions sagement à notre prochain cours qui devait déjà avoir commencé.

Enfin Guppy s'y dirigeait, moi je suivais. Il avait déjà été assez difficile de trouver la salle de français ce matin, je n'avais pas envie de retenter l'expérience.
Cette école était un vrai labyrinthe. Les salles de classe étaient réparties sans ordre précis et les professeurs eux même n'avaient pas l'air de savoir où aller.
J'avais vu, ce matin même, deux professeurs à la limite de se taper dessus, pour une salle de classe que tout deux affirmaient mordicus avoir réservés.

Les couloirs étaient vides. Je me serais bien échappée, mais cette fois-ci je n'avais pas d'excuse pour me couvrir.
Et ce fut à contrecœur (du moins pour moi, Guppy lui avait plutôt l'air enchanté) que nous toquâmes à la porte de la salle ou se déroulait notre cours de physique-chimie.

La voix du professeur nous invita à entrer et nous pénétrâmes dans la salle de classe sous une trentaine de paires de yeux. Tous braqués sur moi.
Il faut dire que j'avais fait une forte première impression ce matin. À leur âge ça devait être un acte de rébellion de haut niveau.

Étonnamment, la fille perverse de tout à l'heure et sa complice étaient assissent au premier rang, au lieu d'un rang plus reculé où elles pourraient bavarder sans se faire remarquer comme au cours de français.
Et puis je compris pourquoi à la vue du professeur de physique-chimie.

Un très bel homme, à la barbe rasée de près et aux cheveux sombres artistiquement décoiffés, nous faisait signe, à Guppy et moi, d'approcher.

Une fois près du professeur, qui était appuyé sur son bureau juste en face des perverses du premier rang, je fis comme si je n'avais pas remarquée la façon dont les deux jeunes filles fixaient, presque en bavant, l'entre-jambe de leur professeur de physique-chimie, et tendit à l'homme le mot d'excuse rédigé par l'infirmière.

Le regard vert mentholé du professeur se promena rapidement sur le papier et derrière moi, Guppy s'agitait nerveusement comme si nous avions fait quelque chose de mal.

– Vous viendrez me voir à la fin de l'heure, Bold, annonça finalement le professeur.

Puis il nous fit signe d'aller nous assoir.

Les autres élèves s'étaient tendus lorsque le professeur avait prononcé le nom de Manaël, et me regardèrent à présent avec des yeux gourmands, dans l'expectative, comme si j'allais faire quelque chose de fou.

Mais je ne leur donnais pas ce plaisir, et me contentais d'attendre que le guppy prenne sa place, avant de m'assoir à la dernière place libre, à côté d'un garçon à la peau noire avec plusieurs piercings à l'oreille, et de sortir un livre de chimie et un classeur de couleur vert, comme ceux que j'apercevais devant les autres élèves.

En ouvrant le classeur sur des pochettes en plastique vides et quelques feuilles volantes vierges, je me rappelais soudain de ce petit détail qui m'avais chiffonné hier, en fouillant le sac de Manaël.
Ses affaires étaient vierges de toute personnalisation. Que ce soit des prises de notes, des gribouillages, que tous les gamins font pour passer le temps durant un cours ennuyeux (même moi je l'avais fait), ou même des graffiti fait avec du blanco sur le sac et la trousse.
Mais dans le cas de l'étrange garçon dont je possédais le corps, ses cahiers ne portaient même pas son nom.

Cʀᴇ́ᴇ́ᴇ ᴘᴏᴜʀ ᴛᴏɪ [MxM]Where stories live. Discover now