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D'abord il y avait la douleur.

Puis la lumière fut.

Je venais d'ouvrir les yeux, mes sens en alerte. Je n'eus pas le temps de comprendre quoique ce soit, qu'une nouvelle douleur éclata dans mon ventre.
On venait de me donner un coup de pied.
Ma respiration se bloqua un instant et je recrachais un mélange de salive et de bile.

– C'est à cette heure-là que tu rentres ?! hurla la voix du père de Manaël en m'attrapant par les cheveux.

Merde, Manaël avait un père violent, je l'avais complètement oublié celui-là.

Mais maintenant, j'étais au moins sûr d'une chose ; c'était bien les abus du père qui avait tué Manaël Bold.

L'homme m'envoya une nouvelle fois son pied dans les côtes.
Je me pliais en deux sous le choc. Néanmoins, je serrais les lèvres et aucun bruit ne sortit de ma gorge.

Il se pencha sur moi, étendue sur le sol, en maintenant sa poigne sur les cheveux de Manaël.

– Où étais-tu entrain de vadrouiller encore ?! braillait-il, quel âge tu crois avoir pour sortir et rentrer quand ça te chante ? Tu te prends pour le patron petit merdeux ?! C'est moi ici le patron ! C'est moi qui décide quand-es-ce que tu as le droit de sortir ou d'aller aux chiottes !

Il avait relevé ma tête à hauteur de son visage. Son haleine alcoolisée déclencha un mécanisme de régurgitation que je réfrénais à la dernière minute.

– Tu étais où ?! me cracha-t-il au visage.

J'avais rapidement étudié la situation.

Il n'y avait aucune chance que la mère de Manaël me vienne en aide.
Je l'avais aperçu dans la salle à manger, avec la sœur de Manaël. Au premier coup, elle avait empoigné la petite fille et s'était éclipsée furtivement à l'étage.
Je suppose que leur relation mère/fils s'arrêtait à la génétique. Comme il en avait été question avec ma propre mère.

J'avais donc envisagé l'option "je-vais-te-faire-ravaler-ta-main-crasseuse-qui-a-osée-me-toucher-et-pas-forcément-par-le-trou-auquel-tu-pense". Car même si le corps de Manaël n'était pas bien épais comparé à son père, avec mes connaissances en combat au corps à corps, il m'aurait tout de même été facile de le maîtriser. Et même de lui briser un bras au passage.

Malheureusement, le résultat n'aurait pas été en ma faveur.
Il y avait une faible chance que monsieur Bold me laisse tranquille après avoir jugé de notre importante différences de force.
Mais si j'étais moins chanceuse, la violence pourrait empirer et les services de protection de l'enfance pourraient être impliqués.
Je risquerais d'être placée n'importe où, avec une liberté beaucoup plus modérée, voire inexistante.
Ce qui annihilerait toute tentative de côtoyer Adrien.

– Tu vas me répondre, oui ?! s'énerva l'homme sous l'emprise de l'alcool, en secouant violemment ma tête, arrachant quelques cheveux au garçon qui n'en avait déjà pas beaucoup.

Je reçus une claque bruyante sur ma joue.
Je l'avais anticipée et gardée les dents bien serrées pour ne pas me mordre la langue.

Ne pas répondre l'énervera un moment, mais avec ce genre de personne, dont le cerveau était embrumé par l'alcool et la bêtise, faire du bruit était équivalent à signaler sa présence à une bête enragée privée de ses sens dans une pièce plongée dans le noir. Ça l'exciterait de plus belle et focaliserait son attention sur moi.
Tandis que mon silence le lassera vite.
Comme un chien qui se lasserait de la baballe qui ne couine plus.

Alors je bandais les muscles, me recroquevillais pour protéger mes points vitaux et mon visage, et m'abandonnais entre ses grosses pattes comme un morceau viande morte.

Cʀᴇ́ᴇ́ᴇ ᴘᴏᴜʀ ᴛᴏɪ [MxM]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora