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Comment je pouvais savoir à quelle heure rentrait le père moi ? Je n'avais pas accès aux souvenirs de Manaël Bold.

Dehors, je ne reconnus aucune des rues affichées sur les panneaux.
Il flottait un parfum de pluie et le sol était encore humide de l'averse de cet après-midi.

J'avais l'impression qu'il s'était passé plusieurs jours depuis que j'avais quittée la maison de mes parents.

Peut-être même que c'était le cas.

Je fouillais les poches de l'affreux bomber fluo, à la recherche de quelques pièces ou d'un titre de transport pour prendre le bus, mais ne tombais que sur un vieux mouchoir usé, une plaquette de Doliprane entamée et un trousseau de clés, dont l'une d'elle devait déverrouiller l'antivol du vélo qui était garé devant la maison.

Je laissais tomber l'option vélo, je ne savais pas en faire.

Je ne connaissais pas ce quartier, mais réussi tout de même à attraper un bus qui allait au plus près de chez moi, et priais pour qu'il n'y ait pas de contrôleur.

Je devais être l'une des femmes les plus riches du pays, et je priais pour ne pas me faire prendre à resquiller.

Installée au fond du bus, je passais une main dans ma nouvelle chevelure. C'était une sensation bizarre, mais agréable, d'avoir les cheveux coupés. Je ne les avais jamais eus aussi court.
Je pouvais sentir le vent, qui entrait par la fenêtre ouverte, caresser ma nuque et me hérisser les poils.

Le bus était pratiquement vide.
Je croisais les bras sur le petit corps qui commençait déjà à prendre froid, et fermais les yeux.
J'allais pouvoir souffler un moment, remettre mes pensées en place.

Manque d'information, je mis de côté les questions et spéculations sur le pourquoi du comment de cette situation, et entrais en mode urgence.
Dans ma tête, je passais en revu mes contacts et fis défiler les plans de secours que j'avais spécialement élaboré pour chaque situation dans la quelle je pourrais me trouver.

Malheureusement, aucun de mes plans ne prenait en compte le réveille dans le corps d'un inconnu.
Et je ne voyais pas à qui je pouvais bien parler de tout ça, sans avoir l'air de m'être échappée d'un hôpital psychiatrique.

Pour la première fois, je me trouvais au pied du mur.

À l'annonce du terminus, je mis fin à mon introspection infructueuse.

Pour ne pas avoir à attendre le prochain bus — qui n'allait jamais arriver avant que je ne meure de froid — je fis le reste du trajet à pied.
De toute façon je n'étais plus très loin de mon quartier.

Je regrettais amèrement cette décision quand, trente minutes plus tard, à deux doigts de cracher mes poumons, j'arrivais enfin près du parc qui entourait le petit quartier résidentiel où j'habitais, en me demandant très sérieusement qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour tomber sur un corps de si faible constitution.

Je me rapprochais des bâtiments.
Il avait dû se passer quelque chose de grave dans mon immeuble, car juste devant étaient stationnées une ambulance et plusieurs voitures de police.

Les gyrophares bleu et rouge illuminaient les rues comme en plein jour. Et les badauds, qui se pressaient derrière les cordages de sécurité, s'agitaient nerveusement en conversant entre eux.

Est-ce que madame Fernández, qui occupait le penthouse, s'était enfin suicidée pour me laisser la place ?

Je me faufilais entre les voisins curieux et, merci à la petite taille de Bambi, arrivais jusqu'au cordon de sécurité.

Cʀᴇ́ᴇ́ᴇ ᴘᴏᴜʀ ᴛᴏɪ [MxM]Where stories live. Discover now