Chapitre 1

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C'est aujourd'hui, il est à peine 7h et dans quelques heures, je serais dans l'avion direction Seattle. Je crois que mon avion décolle vers 13heures.

J'ai toujours vécu à Londres, ça fait 19 ans que je vis dans le même quartier, si prestigieux selon ma mère, le quartier Mayfair. Moi je ne trouve pas que ce soit si agréable que ça d'y vivre. Enfin, de toute façon, cette nuit était probablement la dernière dans ce quartier, dans cette ville, dans ce pays, ou même sur ce continent avant un long moment. Parce que dans quelques heures, c'est le grand départ pour Seattle. A moi la liberté, ma mère ne sera plus là pour veiller à faire de moi celle qu'elle veut que je sois depuis toujours, je serais libre de faire ce que je veux, quand je veux et avec qui je veux. Parce qu'à Seattle, j'y vais seule et même si ce n'est pas forcément l'endroit que j'aurais choisi si j'avais réellement le choix, je serais loin de ma mère et ça c'est la meilleure chose qui puisse m'arriver.

Depuis toujours, ma mère a sans arrêt voulu faire de moi cette enfant parfaite. Elle m'a inscrite dans la meilleure école de Londres, UCL. Depuis mes 10 ans, elle m'a fait prendre des cours de dessin, de chant, de danse classique, de piano, de peinture, de sculpture et d'autres encore. J'ai aussi passé tous mes dimanches de mes 12 ans à mes 16 ans à m'entrainer aux cours de tennis qu'elle voulait que je suive. Je hais le tennis. Le pire c'est que je crois que ma mère me faisait suivre ses cours seulement pour impressionner l'entraîneur, Guéric. Je crois qu'il lui plaisait bien et que c'était la seule raison pour laquelle ces cours comptaient tant pour elle. D'ailleurs, dès que Guéric nous a annoncé qu'il partait pour New York rejoindre sa nouvelle fiancée, ma mère m'a désinscrite du cours et ne m'a plus jamais parlé du tennis. Tout ça pour vous dire à quel point elle est entêtée et pour vous montrer tout ce à quoi elle est prête à faire, quitte à sacrifier sa propre fille, pour son intérêt personnel.

Je comprends mon père, je comprends le fait qu'il soit partit il y a maintenant 8 ans, comment supporter cette femme si autoritaire et obstinée ? D'ailleurs je n'en ai jamais voulu à mon père pour ça, la seule raison pour laquelle je peux lui en vouloir c'est qu'il ne m'a pas emmenée avec lui à Atlanta. Depuis qu'il est partit, je le vois un mois par an, quand il vient en Angleterre, la plupart du temps il vient chaque été au mois de juillet. J'espère que maintenant que je pars aux Etats-Unis, on se verra plus souvent mon père et moi. Atlanta à Seattle, il ne doit pas en avoir pour plus de 5 heures en avion. Je suis sûre qu'il viendra me voir.

Le réveil annonce sept heures. Je dois me lever, ça doit faire au moins 10 fois que ma mère m'appelle en bas, elle a tellement peur que je rate mon avion. Pourtant, elle n'a pas à s'inquiéter, jamais je ne raterais l'opportunité de m'éloigner d'elle.

Après m'être levée et avoir pris mon petit-déjeuner qui s'est résumé en fait à ne prendre qu'un café, j'ai écouté ma mère m'énoncer la liste de tout ce dont j'ai besoin pour partir, cette liste qu'elle a dû me faire une bonne dizaine de fois depuis les trois derniers jours. Elle et sa foutue organisation. Je me demande encore comment l'idée de me faire quitter Londres pour Seattle lui est venu mais j'ai saisi l'opportunité, ma mère était prête à me laisser partir et je ne comptais pas laisser passer cette opportunité.

Je suis finalement remontée à l'étage et ai pris ma douche, je me suis habillée de façon confortable en enfilant un short, un débardeur blanc et mes converses blanches. J'ai rapidement finis de faire ma valise avant que ma mère ne monte et remarque, en plus du gros bordel dans lequel elle se trouve ma chambre, que ma valise n'est pas finie. J'avais tout juste finit de boucler ma valise quand ma mère m'a appelée pour me dire qu'il était déjà bientôt neuf heures et qu'on devait partir maintenant si je ne voulais pas rater l'avion.

***

- C'est bon Prudence, tu es sûre de n'avoir rien oublié ? me dit ma mère pour ce qui me semble être la centième fois. Tu as bien les papiers d'inscription pour SPU ? Et le contrat pour ta chambre à Emmerson Hall ? ajoute-elle à peine sommes-nous installées dans la voiture.

- Arrête de t'inquiéter et fais-moi un peu confiance, ça fait plus d'un mois qu'on prépare mon déménagement, lui répondis-je.

- Comment veux-tu que je te fasse confiance alors que ça fait 3 ans que dès que je t'accorde ma confiance, tu l'as trahis ? ajoute-t-elle sarcastiquement comme à son habitude. Tu veux que je te rappelle ce qui m'a poussé à vouloir te faire quitter Londres ou tu vas réussir à t'en souvenir toi-même ?

- Je n'ai pas besoin que tu me le rappelles.

En fait quand elle parle de ce qui l'a poussé à vouloir me faire quitter Londres, elle fait référence à la fois où j'ai organisé une petite fête à l'appartement alors qu'elle était en voyage d'affaire sur Paris il y a à peu près deux mois, après l'obtention du certificat de fin d'études. C'est vrai que la petite soirée s'était un peu transformée en grosse fête et que j'avais un peu oublié de lui demander la permission. Mais de toute façon j'allais tout nettoyer avant son retour. Je ne pouvais pas deviner que ça allait dégénérer et que les flics allaient débarquer. Enfin, c'est depuis ça qu'elle a décidé de m'éloigner de Londres. M'éloigner de Londres et surtout de Zayn en fait. Zayn c'est mon super pote, on s'est rencontré il y a deux ans lors de ma rentrée au secondaire supérieure et depuis je crois qu'on ne s'est jamais lâchés plus de 3 jours. Ça fait deux ans qu'on passe notre temps ensemble, c'est je crois la seule personne sur Terre qui a la même façon de voir la vie que moi et l'un des seuls à ne pas tenir compte du look un peu rebelle qui m'accompagne depuis quelques temps. Quand on est tous les deux, on s'éclate vraiment. Je me souviens de la fois où on était montés en haut de mon immeuble avec un carton entier remplit de ballons à eau. On avait passé toute une après-midi à lancer les ballons en bas sur tous les passants qui semblaient avoir besoin de se détendre. On avait tellement rigolé, c'est vraiment un bon souvenir. Je me souviens aussi de la fois où on s'était donné trois heures et celui qui réussissait à voler le plus de trucs à Kingly Court au bout de ces trois heures avait gagné le droit de se faire payer le dîner par l'autre. J'avais gagné, enfin je crois qu'il m'avait gagnée. Si je devais choisir ce que je préfère avec Zayn, c'est nos longues journées qui s'éternisent au parc, qu'on soit en rollers ou en skate. Zayn, c'est le genre de gars dont toutes les filles pourraient être folles amoureuses. C'est le bad boy par excellence. Son corps est recouvert de nombreux tatouages et ça le rend encore plus sexy avec sa peau mate, son visage parfaitement dessiné et ses muscles saillants. Mais pourtant en deux ans, je ne l'ai jamais vu sortir avec une fille. En même temps je pense que de passer son temps avec moi n'aide pas, la plupart des gens doivent penser qu'on est ensemble, je veux dire en couple. Alors que ce n'est pas du tout le cas et ne le sera jamais. On est beaucoup trop identiques pour sortir ensemble. D'ailleurs je n'ai pas l'intention de sortir avec qui que ce soit, je trouve ça inutile.

Je pense que c'est vraiment lui qui va le plus me manquer quand je serais Seattle, mais on s'est promis encore hier soir qu'on allait très vite se revoir alors j'ai confiance.

- Prudence tu m'écoutes ? me dit ma mère m'extirpant de mes souvenirs.

- Je pensais à autre chose, qu'est-ce que tu me disais ?

- Je voulais savoir si tu avais eu des nouvelles de ta tante Gin récemment ? je te rappelle que c'est elle qui est censée venir te chercher à l'aéroport à ton arrivée.

- Je lui ai envoyé un sms pour lui dire que j'arrivais à 17h45 à Seattle, elle m'a dit qu'elle serait à l'aéroport au plus tard à 18h15 après être allée chercher les jumeaux.

- Très bien, j'espère qu'elle ne te fera pas trop attendre ! rétorque ma mère avec son air inquiet.

- Je peux bien attendre une demi-heure.

Gin, c'est ma tante, la sœur de ma mère, d'ailleurs c'est à se demander si elles sont vraiment sœurs, ma tante Gin est beaucoup plus cool que ma mère. Elle vit à Seattle depuis une dizaine d'année et elle travaille au SAM, au Seattle Art Museum. Elle est mariée avec Dany depuis cinq ans je crois et ils ont eu les jumeaux il y a deux ans, Arielle et Loïc. Je n'ai pas encore vu les jumeaux sauf quand j'étais en Skype avec Gin et qu'elle les montrait par webcam. Je n'aime pas trop les enfants mais je suppose que je vais pouvoir faire un effort avec eux.

AgainTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon