36 MALEDICTION (SUITE)

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Kalen arriva sur le lieu que Léaina lui avait indiqué. La moto blanche qu'il conduisait gara en trombe devant le bâtiment. La voiture que Léaina conduisait avait défoncé la barrière quadrillée, puis l'avait emporté sur plusieurs mètres. Elle était aussi rentrée dans la moto rouge d'Antonio. 

Kalen pouvait bien deviner son état d'âme. En revanche, personne ne pourrait deviner le sien. Ramis venait de mourir. Par la faute de Léaina. Et Matteo était sûrement déjà mort lui aussi, à cause d'Antonio. En gros, il en voulait au monde entier. Était-il aussi mal entouré que ça ?

Lorsque lui aussi pénétra dans le bâtiment interdit au public, c'était dans la ferme intention de tuer tout le monde, même s'il y laissait sa vie. De toute façon, qu'avait-il à perdre ? Il avait déjà tout perdu. Il ouvrit la porte du toit d'un coup sec et la claqua derrière lui. Hecla sursauta. 

Lorsqu'elle vit son fils, elle accourut vers lui et le serra dans ses bras en marmonnant des choses qu'il ne comprenait pas. Il ne réagit pas. Il ne la voyait pas. Il ne la voyait plus. Il ne voyait plus personne. Ni Léaina, ni Antonio. Il ne voyait que cet homme devant lui, cet homme aux cheveux rouges, rouge comme le sang que Kalen voulait faire couler.

Le brun avança vers Kotchenko. Un pas après l'autre. Qu'il était téméraire ! Il n'avait peur de rien. Il ne voyait même pas l'arme que sa cible tenait en main. Et même s'il l'avait vu. Ça ne l'aurait pas arrêté. Parce qu'il n'avait plus peur de rien. Il n'avait plus peur de personne. Sa mère criait son nom. Léa aussi. 

Il y avait un autre homme sur le toit. Un brun qu'il n'avait jamais vu. Il pointait une arme sur Kotchenko. Était-il donc de leur côté ? C'était surprenant que quelqu'un soit de leur côté. Ils étaient les méchants de l'histoire. Méchants d'aimer un enfant. Méchants d'avoir protégé un bébé au péril de leur vie. Un bébé qui allait perdre la vie. Perdre la vie comme Ramis.

— Mon petit-ami est mort, souffla-t-il au visage de Kotchenko, comme si cela pouvait tout arranger. Mais ce dernier se contenta de rire en s'adossant au balcon.

— Ma femme est morte, elle aussi. Et si mes spéculations...non, si mon intuition est bonne, c'est vous tous ici qui l'avez tué.

— Mon petit-ami est mort, répéta Kalen, et c'est son fils que vous tenez entre vos mains.

— Oh, s'exclama Kotchenko, partagé entre l'étonnement et l'amusement. Si ça, ce n'est pas une surprise...si ça peut te rassurer, je ne séparerais jamais un père et son enfant. Promis, j'enverrais bientôt ce gamin rejoindre ton petit-ami, je te donne ma parole.

Kalen agrippa la chemise noire de Kotchenko et se hissa à la hauteur de son visage. Son regard était injecté de sang.

— Et moi, cracha-t-il, je te donne ma parole que si tu touches à un cheveu de Matteo, je n'hésiterais pas à loger une balle dans ton crâne...et d'ailleurs...qu'est-ce qui m'empêche de le faire, là, maintenant ? demanda-t-il en enserrant de sa main le canon froid de l'arme que Kotchenko tenait en main.

— J'applaudis ton courage, sourit ce dernier. Ça faisait longtemps que je n'en avais pas vu de si intrigant.

— Rendez-vous à l'évidence, monsieur Nikova, cria Xander. Même si vous tuez l'enfant ou encore Kalen Lachenaie, vous n'aurez aucun moyen de sortir d'ici vivant. C'en est fini pour vous.

— Chut, Xander. Tu m'ennuies, répondit le russe. Quand les grands parlent, on ne les interrompt pas.

Le rouge monta aux joues de l'assistant-stagiaire et il sentit la colère échauffer chacune de ses neurones.

— Kalen, est-ce que l'enfant va bien ?

Kalen n'aurait jamais cru qu'entendre la voix d'Antonio pouvait faire remonter de telles émotions en lui. Il avait tout fait pour l'éviter. Pour éviter même de le regarder. Pourquoi lui parlait-il ? Et encore de Matteo ! Pourquoi lui parlait-il ? Pourquoi le narguait-il ?

— Kalen, regarde Matteo et dis-moi s'il va bien... réitéra le brun d'une voix douce et calme. Étrangement calme, même. Le regard du brun descendit vers l'enfant, avant de remonter vers Antonio. Y'a-t-il des signes de polypes nasaux ? D'excroissance au niveau de son front ? Regarde l'enfant et dit moi s'il va bien...

Kalen comprit le message.

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant