26 ALTERCATION (SUITE)

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***

Léaina sursauta et bondit de son siège. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour essayer de reconnaitre la sombre salle. Bon sang, quand s'était-elle endormie ? Le réveil affichait trois heures deux. Elle venait à peine de fermer les yeux. Antonio sursauta à son tour et ouvrit les yeux. Il s'étira longuement avant de se lever du siège en face de celui de son amie.

— Kalen est revenu ? grinça-t-il en vérifiant la perfusion de l'enfant.

— Toujours pas, répondit Léaina d'une voix calme. Quand est-ce que je me suis endormie ?

— Tu es fatiguée, Lala. Nous le sommes tous.

— Nous traversons les pires heures de nos vies, rétorqua la rousse en s'asseyant en face du médecin-traitant de l'enfant. Je n'ai pas le droit de m'endormir.

L'ECG continuait de biper à des intervalles réguliers. La perfusion s'écoulait, goutte après goutte, au même rythme que la poitrine de Matteo s'élevait et s'abaissait. Tout s'était passé si vite. Un instant, il riait. L'instant d'après, il mourrait.

— Je peux encaisser, Anto...

— Quoi ?

— Parle-moi comme si tu parlais à une mère lambda au chevet de son enfant leucémique dans le coma. Arrête d'essayer de me protéger, ça me fait encore plus peur. Je veux connaitre les chances de survie de mon enfant. Je préfère être parée à toute éventualité.

— Je comprends tout à fait, Lala. Le docteur prit une grande inspiration, sachant que ses prochaines paroles seraient très difficiles à digérer pour sa meilleure amie. Il s'éclaircit la gorge. 

"Le pronostic vital de Matteo a été engagé dès son arrivée aux urgences. Sa situation se détériore très rapidement. Vu son état, nous devons réveiller son cerveau au plus vite. Mais si nous le faisons, ses propres anticorps le feront encore convulser, jusqu'à ce que mort s'en suive. Alors au final, nous sommes dans une impasse."

"Le réveiller le tuera et le laisser endormi le tuera également. Il ne lui manque que très peu de temps à vivre, il ne verra probablement pas le matin. Si ton frère n'est pas ici dans quelques heures, je prendrais moi-même les choses en main et on devra oser le tout pour le tout..."

— Alors mon fils sera probablement mort avant le matin ?

— Je ferais tout pour que ça n'arrive pas, promit Antonio en approchant de Léaina. Il la prit dans ses bras et lui caressa les cheveux.

— Ce n'est pas juste, souffla la femme, les larmes plein les yeux. Anto, ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste, Matteo ne mérite pas de mourir.

— Personne ne le mérite, Lala...

Léaina se redressa et essuya ses joues. Elle s'empara de son sac à main au pied du lit.

— Que fais-tu ? Où...où vas-tu ?

— Je n'enterrerais pas mon fils, ni aujourd'hui ni demain.

— Ne me dis pas que toi aussi tu pars au Smaken !

— Je t'amènerais ce greffon, même si ça me conduit en prison ou en enfer. Je te l'amènerais...

LIENS PARTAGÉS (WATTYS2020)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant