Chapitre 34

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Point de vue de Manon :

         Après être restée sur le carrelage froid de la salle de bain, pendant bien dix minutes après le départ de mon meilleur ami, je me lève difficilement, et me regarde dans le miroir. La putain de sa mère, j'ai eu peur. Des traînées de maquillages et de saletés se trouvent sur mon visage.

          Mes amis ont raisons, je dois faire face et agir. Je saisi mon démaquillant et un coton réutilisable. J'enlève toutes les traces de la veille. Puis, je me mets nue et file dans la douche. Sous le froid du jet d'eau, je me rends compte à quel point j'ai été ridicule... Honnêtement, j'ai honte.

          Une fois mes pensées dilapidées dans le savon, je sors de la douche et me sèche. J'enfile ensuite un survêtement, bien trop fatiguée pour faire un quelconque effort vestimentaire. Je sors timidement dans le salon. Omar est sur le canapé, les yeux rivés sur son téléphone. Cependant, je ne trouve pas Philippine.


Omar : Elle est rentrée chez elle, m'informe-t-il.


          Je hoche la tête, et m'assoie à mon tour sur le canapé. Omar me regarde et ouvre ses bras. D'habitude, à chaque fois qu'il fait ça, je me fous de sa gueule, et lui donne un coup dans l'épaule. Mais en voyant le bleu qui s'est formé sur sa joue, je m'en veux. Je me réfugie dans ses bras, et m'excuse en sanglotant.

           Omar ne cesse de me répéter que tout va bien et qu'il n'a jamais été fâché contre moi. Je reste dans ses bras, et il me demande de lui parler moi-même de ce qu'il s'est passé, et de lui dire ce que j'ai ressentis.

            Nous avons parlé comme ça pendant deux bonnes heures. Et tout le long de mes monologues, je suis restée blotti dans les bras de mon meilleur ami. Une fois mon récit terminé, il s'est mis à me caresser doucement les cheveux. Il continu tout en déclarant.


Omar : C'est Philippine qui devrait être à ma place Manon, c'est elle qui devrait te caresser les cheveux comme je le fais.

Manon : Tu sais que je ne suis pas faite pour être en couple, chuchotais-je.

Omar : T'en es bien sûre ? me demande-t-il malicieusement.


              En suis-je sure ? Je n'ai jamais vraiment essayé de me mettre en couple avec quelqu'un. Par manque d'envie, peur ou indifférence. Mais c'est vrai que pour Philippine, c'est différent. Je ne m'imagine pas juste lui faire l'amour et partir... C'est la seule femme avec laquelle j'ai juste dormi, sans rien faire d'autre...


Manon : Mais je ne peux pas. Pas avec elle.

Omar : Qui dit ça ? Juste parce qu'elle est ta stagiaire ? C'est pas toi la boss qui décide des règles ? ricane-t-il.

Manon : Mis à part ça, j'ai peur de lui faire du mal, elle mérite mieux que moi. Elle a besoin de quelqu'un qui lui correspond.

Omar : Elle a l'air de trouver que tu lui corresponds en tout cas.

Manon : Comment-ça ? m'écriais-je en me relevant brutalement.

Omar : Si tu savais comme ton état l'inquiète. J'ai lu dans ses yeux tout l'amour qu'elle te porte... Tu devrais essayer au moins... me conseille-t-il.

Manon : Je sais, mais, Omar... je respire un grand coup et lance. J'ai peur.

Omar : Je sais, il me sourit. Ca veut dire que ça compte pour toi. Tu es une personne qui veut tout contrôler. Tu as peur de l'inconnu ou de ce que tu ne comprends pas. Il faut que tu lâches prise.


          Je réfléchis à ce qu'il me dit, et il a totalement raison. J'ai peur, de ce que je ressens et de l'inconnu, qu'est une relation pour moi. J'ai peur d'échouer et de blesser celle que j'aime. Celle que j'aime... Pour chasser ce que je viens de penser, je lance malicieusement à mon ami.


Manon : Le poing que je t'ai mis dans la gueule à eu l'air de remettre ton cerveau en marche, jamais tu n'as eu autant raison de ta vie.

Omar : Ah, voilà la Manon que je connais ! s'exclame-t-il.


           Il me serre fort dans ses bras, puis nous essayons de repartir sur des sujets plus légers. Au bout d'une petite heure, mon ami part de chez moi. Je respire un grand coup. Je dois passer cet appel maintenant, car sinon demain ça sera d'autant plus dur.


*Philippine : Allô ?

Manon : Salut Philippine, je voulais m'excuser pour mon comportement aujourd'hui... lançais-je directement, mais néanmoins penaude.

Philippine : C'est normal Manon, tu étais blessée, mais ce qui compte c'est que ça aille mieux, et aussi vite, elle dit cela avec une voix si douce, comme si elle voulait m'épargner.

Manon : Ecoute, je voulais te dire que je vais faire des efforts, je partagerais plus mes sentiments à l'avenir...

Philippine : Eh Manon, je suis désolée d'être partie, tu avais besoin de ton ami, je pensais que ma présence n'était pas nécessaire.

Manon : Je t'avais déjà bien trop retenue, et je t'ai inquiété, je suis désolée... Je voudrais me racheter, tu sais. Ca te dis d'aller boire un verre avec moi, après le boulot demain ?

Philippine : Demain je ne pourrais pas, j'ai un gros contrôle mardi... Mais mardi soir, avec plaisir.

Manon : D'accord, on se voit demain, j'hésite mais ne sachant comment exprimer mon affection, je lance un vulgaire. Prends soin de toi.


          Sérieusement ?! Un « prends soin de toi » ? Je raccroche juste après avoir lâché ça. Nan mais la honte. Moi qui me vante d'avoir les femmes à mes pieds et d'être la meilleure dragueuse qui soit... Je ne fais pas honneur à ma réputation.

           En fin de compte, la drague ce n'est pas difficile, mais ça le parait d'autant plus quand c'est pour séduire quelqu'un sur le long terme... Omar a raison, je devrais lever les barrières qui me bloquent et essayer de laisser le contrôle de côté.

            Philippine, tiens toi prête, je vais essayer de te donner ce que tu mérites. Nan ! Je vais t'offrir ce que tu mérites. 

Piccola ForzaWhere stories live. Discover now