Chapitre 8

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     Je tourne les talons et commence à me diriger vers mon bureau pour récupérer mes affaires. Avec tout ça, je n'ai même pas mangé aujourd'hui. Cependant, au moment où j'allais y pénétrer, des pas se firent entendre derrière moi. Je me retourne donc pour voir ce qu'il se passe.

Proust : Pourquoi ?

Manon : Euh, pourquoi quoi ?

Proust : Pourquoi moi ? Je vous ai mal parlé en partant.

Manon : C'est ce qui m'a fait prendre ma décision.

Proust : Je ne vous suis pas.

Manon : Votre CV et celui de monsieur Beaunoire étaient tous deux parfaits pour ce poste. Vos comportements le semblaient tout autant. Cependant, j'ai trouvé une honnêteté et une ambition sans faille chez vous. Oh, je ne doute pas que Beaunoire avait de l'ambition, mais il me l'a cachée en me disant ce qu'il croyait que je voulais entendre. Vous avez été vous-même, c'est ce que j'ai apprécié.

Proust : Mais vous m'avez pourtant signifié que ça ne vous intéressait plus, le fait que je ne sois pas loyale jusqu'au bout.

Manon : C'est ce que j'ai dit effectivement, mais c'était un test. Je voulais voir si vous alliez vous défendre et vous battre, ou juste repartir les bras baissés. J'ai besoin de personnes motivées, qui ont une vraie personnalité et qui ne veulent pas la cacher, après une hésitation, je poursuis. Puisque vous n'êtes pas encore partie, suivez-moi, je vais vous montrer quelque chose.

     Nous marchons jusqu'à l'atelier. Je demande à mes couturières et couturier comment s'est passé le test de chacun.

Andrée : Oh, tu devrais aller voir par toi-même, je suis sûre qu'un, voire deux travaux te plairont !

Manon : Merci. Vous voyez Madame Proust, ici, il y a quatre travaux. Je leur ai demandé de réaliser en une heure des cotons démaquillants, la seule contrainte était qu'ils en fassent sept. Allez-y regardez les travaux et dites-moi votre préféré.

Proust : Je ne pense pas avoir les compétences nécessaires pour décider de cela. Vous devriez le faire, se dédouane-t-elle. 

Manon : Oh, ne vous inquiétez pas la décision finale ne vous appartient pas. Je vous demande votre avis de consommatrice, lequel achèteriez-vous ?

Proust : Très bien, eh bien, j'hésite entre ces deux-là. On voit que c'est mieux fait, ça fait plus propre. Ils sont très différents au niveau de la forme et du style mais je pense que ce sont les mieux réalisés.

Manon : Vous avez l'œil, souriais-je. Ces deux-là sont les plus réussi. Mais sur l'un des deux il y a quelque chose qui me déplait. Vous voyez celui qui est vert ? Ce modèle a été calqué sur celui que nous faisons déjà. Regardez l'affiche qui se trouve au fond de la boutique, il y a tous les modèles que nous effectuons. Je ne cherche pas quelqu'un qui effectue seulement, je veux que la créativité et l'avis du couturier soit pris en compte. Ici, les couturiers ne sont pas de simples machines qui effectuent ce qu'on leur dit.

Proust : Je vois, cela reste fidèle à vos critères donc. Votre entreprise est différente car chacun à un avis et un rôle important. C'est une entreprise altermondialiste c'est ça ?

Manon : Vous avez tout compris Madame, je souhaite que la collaboration et l'humain prime. Je suis persuadée que l'on peut arriver à faire vivre du monde, et une entreprise sur ça. Pas besoin d'exploiter des gens pauvres, ou d'user à mort les ressources de notre planète. Bon, allons voir le résultat des designers.

     Une fois arrivée aux bureaux, je demande à Adrien, celui qui se charge des recherches sur le design et les recherches innovantes, comment cela s'est passé.

Adrien : Ça s'est bien passé, les trois sont talentueux, mais j'avoue avoir une préférence.

Manon : Tu me diras après, je veux tester notre nouvelle recrue, elle s'appelle Madame Proust.

Adrien : Enchanté, Adrien ! il lui tend sa main.

Proust : Enchantée, Philippine, elle la serre. 

Manon : Madame Proust, à vous l'honneur !

Philippine : Très bien. Alors j'en déduis que ce sont des cotons tiges. Je vous annonce cependant que je n'y connais rien au niveau des matériaux qu'ils ont annotés, mais d'un point de vu pratique et esthétique... Le premier dessin est trop compliqué, les gens veulent du concret, du simple. Le second est vraiment sympa, ça a l'air pratique et utile. Le troisième aussi. Mais je ne suis pas fan du tout du coté plastique de la chose, c'est censé être écologique non ?

Adrien : T'as pas rigolé sur la sélection Manon ! s'exclame-t-il.

Manon : Oui j'ai bien fait de vous engager Madame Proust. Adrien tu m'appelles celui qui a fait le second dessin et tu lui annonce la nouvelle. Et envoie un mail de remerciement aux autres. La pire chose c'est de ne pas être fixé.

     Je sors mon téléphone et appelle Andrée pour lui signifier la même chose. Une fois que tout cela est fait, il est 17h passée. Je sors des bureaux en saluant Adrien, Proust sur les talons. Je me dirige donc vers mon bureau et ma nouvelle stagiaire me questionne :

Philippine : Du coup, vous savez que j'ai des horaires peu communs, je suis encore en école c'est un stage que l'on doit faire donc...

Manon : Oui je le sais, ça ne fait pas longtemps que j'ai quitté l'école, je sais combien il est dur de trouver un stage, je rassemble mes affaires sur mon bureau et le ferme à clé. C'est pour cela que vous avez rendez-vous demain matin, nous discuterons plus amplement de vos attributions et horaires. Rentrez chez vous Madame Proust, et revenez me voir en forme demain !

Philippine : Très bien. Mais j'ai entendu que vous appeliez vos employés par leurs prénoms. Et vous continuez à m'appeler Madame Proust. En plus je ne suis même pas mariée.

Manon : Je vous appelle madame par respect pour vous, on ne se connait pas encore assez. Et pour moi une femme n'a pas besoin d'être mariée pour être une dame. Les femmes sont assez fortes pour être considérées comme telle, même en étant indépendantes. Mais ne vous inquiétez pas, le jour où on aura travaillé suffisamment ensemble je vous appellerai par votre prénom, et peut être que vous pourrez un jour me tutoyer. Mais ce jour-là n'est pas encore arrivé. Donc allez dormir et revenez moi fraîche demain !

Philippine : Oh, très bien, bonne soirée Madame. Et merci de m'avoir prise dans votre merveilleuse entreprise.

Manon : Assez, arrêtés de me lécher les bottes ou je vais devoir rappeler monsieur Beaunoire ! 

Piccola ForzaWhere stories live. Discover now