Chapitre 23

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         Ça c'est une preuve... Une femme qui m'attire à coup sûr, et pas que physiquement, c'est bien Manon. Depuis mon entretien elle m'intimide, et j'ai toujours pris ça pour de l'admiration mais si j'étais réellement attirée par elle ?

         De toute manière, même si je l'étais, une quelconque relation serait impossible entre nous. Premièrement, parce que c'est ma patronne. Deuxièmement parce que je ne pense pas qu'une fille comme moi l'intéresserait. Troisièmement, je ne pense pas qu'elle aime les femmes...

         Mais alors pourquoi c'est la première idée qui lui est venue si elle n'aime pas elle-même les femmes ? C'est surement juste une personne tolérante, rien n'indique qu'elle soit homo. En plus, elle est super proche de monsieur Pavel, alors je ne vois même pas pourquoi je me pose des questions...

Dimanche 12h34 :

         J'ai eu beaucoup de mal à m'endormir avec toutes les questions que j'avais en tête. Par contre, le peu de temps que j'ai passé à dormir était un plaisir. Ce lit est vraiment confortable. Vu l'heure, je décide de me lever. Je prends tout de même la peine d'aller prendre une douche rapide, et de m'habiller avant de débarquer dans la cuisine.

       Je rentre dans celle-ci, et sens une odeur de nourriture. Manon se trouve debout, en face de la poêle, en sous-vêtements. C'est une blague ? Moi qui ai fait en sorte de venir habillée... J'ai l'impression qu'elle passe sa vie à poil ! Ce n'est pas ce sur quoi j'aurais parié quand je l'ai rencontrée. Elle est toujours professionnelle et sexy dans ses habits... Bon elle remplit au moins la case sexy à défaut de l'autre...

        Elle ne semble pas s'être rendu compte que je suis là... Elle se trémousse avec un casque sur les oreilles. Ses cheveux sont attachés en chignon défaits sur le haut de son crâne. J'envie ces femmes qui peuvent coiffer leurs cheveux n'importe comment, et qui restent sexy en toute circonstances.

       Soudain, Manon se retourne et laisse échapper un petit cri de surprise. Je me retiens d'exploser de rire. Elle me lance un regard noir, mais je décèle que ses joues ont rougies de gêne. C'est bien la première fois que je vois ma patronne aussi embarrassée. Mais cette gêne n'est pas visible longtemps, car je vois ma boss se reprendre et afficher un sourire en coin. Chasse le naturel il revient au galop...

Manon : Je vous dérange peut-être ?

Philippine : Oh pas du tout, j'ai plutôt l'impression que c'était l'inverse... lui lançais-je avec un air taquin

Manon : Je pensais que vous seriez la plus gênée des deux, vu comment vous détailliez mon corps sans signaler votre présence... riposte-t-elle.

        Touchée. Je pique un fard. Effectivement, ça devait faire vraiment voyeur. Sans oublier le fait que cette personne se trouve être la personne qui me paye tous les mois...

Philippine : Désolée...

Manon : Oh, tu n'es pas drôle ! J'aime bien la Philippine qui a de la répartie... boude-t-elle en servant deux assiettes de pâtes sur la table.

Philippine : C'est quand même toi qui m'emploi, je ne peux pas tous le permettre...

Manon : Tu sais très bien que tu peux tout dire Philippine... me réprimande-t-elle.

        Je hoche la tête, puis nous nous installons à table. Manon a fait des pâtes, et d'autres choses plus légères pour accompagner. Vu l'heure, il est normal qu'elle n'ait pas vraiment fait de petit dej, on est plus sur un brunch là. Je goûte. Bon, c'est pas top, mais c'est mangeable...

Manon : Je suis vraiment la seule personne qui n'arrive même pas à cuisiner des pâtes, rie-t-elle en me tendant du ketchup.

Philippine : Ca se mange, j'attrape le tube qu'elle me tend. Tu n'es pas bonne à marier...

Manon : Ca c'est sûr ! approuve-t-elle.

Philippine : Ca ne dérange pas Monsieur Pavel ? tentais-je en me flagellant intérieurement d'avoir posé cette question.

Manon : Comment ça ? m'interroge-t-elle.

Philippine : Vous êtes très proche de Monsieur Pavel, et vu les contacts qu'il y a eu entre vous hier soir, je pensais que vous étiez ensemble... expliquais-je.

Manon : Pardon ?! elle explose de rire. Je ne suis pas du genre à être en couple, me signifie-t-elle.

Philippine : Oh... je ne sais pas trop quoi dire après ça, bien qu'une question me brûle les lèvres.

Manon : Il me semble qu'on avait dit qu'on pouvait tout se dire non ? dit-elle tout en encrant ses yeux aux miens.

        Elle sait lire en moi comme dans un livre ouvert. Alors que moi, je suis toujours obligée de lui poser des tonnes de questions pour essayer de la cerner. Je me lance donc :

Philippine : Hier vous m'avez demandé si je préférais les femmes...

Manon : C'est exact, elle continue à me fixer.

Philippine : Est-ce que tu... préfère les femmes ?

Manon : Oui.

         Elle me lâche ça comme ça ?! C'est quand même important comme information non ?! Et pas plus d'explications ?!

Philippine : Tu n'aimes que les femmes ?

Manon : Oui, elle me fixe toujours. A moi de poser des questions. As-tu déjà été avec une femme ?

Philippine : Non

Manon : Tu préfères les hommes ?

Philippine : Je ne pense pas... avouais-je.

           Manon continue de fixer mes yeux, j'ai l'impression qu'ils sont une sorte de livre qu'elle essaie de déchiffrer. Soudain elle fait quelque chose qui me surprends. Elle pose sa main sur la mienne et me demande.

Manon : Ce n'est pas facile de passer par cette phase-là, n'est-ce pas ? J'aurais aimé pouvoir en parler à quelqu'un quand je m'y trouvais... Alors vas-y tu peux me dire tous ce que tu as sur le cœur.

Philippine : C'est étrange, je ne me suis jamais posé la question de savoir qui je préférais, pour moi un homme était forcément le partenaire que je devais avoir... Mais je n'ai jamais aimé aucun homme... Dès que je me suis mis avec Malek j'ai eu cette envie de vomir constante qui était en moi dès notre première nuit... j'hésite mais me sentant à l'aise j'ajoute. Et faire l'amour avec un homme, ça, ça ne me fait rien ressentir... je fonds en larmes.

         Manon me prend dans ses bras et commence à caresser mes cheveux. Bizarrement, après avoir pleuré pendant quelques minutes, ce contact me calme et m'apaise. Une fois que mes larmes ont fini de couler, Manon se  détache de moi, mais pose ses mains de part et d'autre de mon visage. Elle me regarde avec tendresse et me lance :

Manon : Il baise si mal que ça Malek ?

Philippine : Pfff... je lâche un rire ridicule malgré moi, elle sait détendre l'atmosphère.

Manon : Non, sans rire, ce n'est pas grave d'aimer les femmes, c'est même, à mon humble avis complètement objectif, la meilleure chose au monde. Tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es. On a la chance de vivre à une époque ou notre sexualité n'est pas un délit. Bien sur, tu feras face à des cons qui trouverons cela contre nature. Mais qui ils sont pour te juger toi ? elle essuie mes larmes avec ses pouces.

         Je renifle un instant et daigne enfin lâcher ses yeux pour me rendre compte que Manon se trouve toujours en sous-vêtements. Et que quelques minutes plus tôt, ma tête se trouvait blottie entre ses seins.

Philippine : Par contre, comme nous jouons dans la même cour, peux-tu mettre un T-shirt, parce que là ça me déconcentre, riais-je.

Manon : Bien sûr, éclate-t-elle de rire.

Piccola ForzaWhere stories live. Discover now