Philippine : Je suis Madame Proust, la stagiaire de Madame Lebeau, et vous vous êtes qui ? demandais-je timidement.

?? : Oh Philippine c'est ça ? Je suis Omar, le meilleur ami de Manon, pourquoi ce n'est pas elle qui décroche ?

Philippine : Euh, elle ne va pas bien... je sors de la chambre de ma patronne. Elle a eu un problème avec sa famille, elle a bu pour noyer son chagrin hier, et aujourd'hui, elle ne veut pas bouger de son lit. Elle fixe le mur, refuse de manger et boire, je ne sais pas quoi faire... avouais-je dépassée.

Omar : J'arrive tout de suite, se précipite-t-il.


           J'attends patiemment Omar, tout en faisant les cent pas dans le salon de Manon. Je ne l'ai jamais vu aussi abattue, moi qui croyais avoir fixé son problème hier soir. Mais quelle conne, ce genre de problèmes ne disparaissent pas en un claquement de doigt.

            Soudain la porte d'entrée s'ouvre sans forme de procès. Un grand homme avec la peau mate s'engouffre dans le salon. Il me salue rapidement, et se dirige à pas rapide dans la chambre de Manon. Je le suis. Il s'accroupie et secoue Manon.


Omar : Manon, c'est quoi ce bordel, qu'est-ce que tu fous ? il n'obtient pas de réponse, Manon ne bouge pas. Putain Manon, il s'est passé quoi ? face à son visage inexpressif il continue en panique. Manon putain de merde tu vas me parler ?!


             Il se tourne vers moi, avec des yeux pleins d'incompréhension. Je lui fais signe de me rejoindre en dehors de la chambre. Il me retrouve dans le salon, et je lui explique en détail ce qu'il s'est passé à la soirée de Manon, ainsi que ce qu'elle m'a dit hier soir. Bien évidemment, j'omet le passage du baisé et des confessions nocturnes qu'elle m'a fait.

            Je vois les sourcils d'Omar se froncer. Il se passe la main sur la nuque, un signe de malaise. Je le vois réfléchir à toute vitesse. Il me dit qu'il ne l'a jamais vu comme ça et que ça l'inquiète. Soudain, il se dirige presque en courant dans la chambre de son amie, et lui lance.


Omar : Manon, ce qui t'es arrivé, c'est dur... Mais tu dois te relever ok ?


            Face à cette nouvelle réponse silencieuse, Omar agit. Il se précipite au niveau de Manon, et retire les draps qui la couvrent. Elle ne proteste même pas. C'est alors qu'il l'agrippe et la met sur son épaule. D'un coup, Manon sort de sa léthargie, et demande à Omar de la lâcher. Mais il ne le fait pas, et se dirige vers la salle de bain.


Manon : Putain Omar, lâche-moi merde ! se débat-elle.

Omar : Ca y est, t'as des choses à dire maintenant, la félicite-t-il en la posant à terre.

Manon : Laisse-moi retourner dans mon lit, il ne bouge pas, alors elle lui assène. Mais dégage, casse-toi de mon appartement putain.

Omar : C'est ça, fais sortir tes émotions Manon, mais ça sert à rien d'avoir un bouc émissaire. Va falloir faire face à ce que tu ressens, la prévient-il.

Manon : Casse-toi je t'ai dis.

Omar : Non, tu vas prendre une douche et on va parler de tout ça, réplique-t-il fermement.

Manon : Mais va te faire foutre ! elle tente de le pousser, mais vu la carrure elle n'a pas beaucoup de chance de passer.


          Soudain, elle explose, en témoigne la veine bien visible sur son front. Elle balance son point à la figure de son ami. Celui-ci prend le coup, il n'a pas eu le temps de l'arrêter. Elle lance son deuxième point mais cette fois, Omar l'attrape et lui bloque son poignet.


Omar : Tu cherches à faire quoi ? Taper les seules personnes qui te restent Manon, c'est ça ?cri-t-il.

Manon : Tu me fais chier, j'veux plus te voir ! s'époumone-t-elle.

Omar : Mais putain Manon parle-moi, t'as peur qu'il t'arrive quoi après ce qu'il s'est passé ? Le plus dur est derrière toi maintenant, pourquoi tu refuses de nous parler ? il lui bloque maintenant les deux poignets, elle tente de se libérer, mais en vain. Elle est où la femme forte que je connais ? Elle est où celle qui va rendre ses faiblesses, des atouts pour grandir et devenir plus forte hein ?


             Sur ces paroles, Manon s'effondre littéralement. Elle se retrouve aux pieds d'Omar, les deux poignets en l'air. Elle baisse la tête, le silence est revenu. Mais cette fois, il est de courte durée.


Manon : J'ai peur que vous m'abandonniez vous aussi. Je préfère être seule maintenant parce que je l'aurais décidé.


             Suite à cette déclaration, elle explose en sanglot. Directement, Omar lâche ses mains, et se baisse à sa hauteur pour la prendre dans ses bras. Quant à moi, des larmes coulent en silence sur mes joues. La voir aussi faible et vulnérable m'envahi d'une tristesse sans nom. 

Piccola ForzaWhere stories live. Discover now