L'ISOLÉ

Jour 143

Je le tire vers moi et le serre dans mes bras, ça m'a tellement manqué. Je ne pensais pas que ça allait autant me manquer, tout me manquait en fait, mais je me mentais à moi-même en me faisant croire que j'étais passé à autre chose. Son odeur est un peu camouflée par celle de mes vêtements mais j'ai juste à plonger mon nez dans son cou pour mieux la retrouver.

« Quel bonheur. »

J'ai pensé un peu fort. Il se décolle légèrement de moi et me laisse plonger dans son regard. Il a toujours su comment me faire perdre mes moyens, il réussit à chaque fois.

« Tu m'as beaucoup manqué, mec. »

Il ricane et fronce du nez. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas fait ce geste, mais là, c'est bien plus mignon que toutes les fois où il passait sa journée à le faire. Il est un peu gêné, je le devine à ses joues roses. Je pose ma main sur sa nuque et lui embrasse le front plusieurs fois. Il a l'air tellement fragile. Je ne veux pas qu'il parte. Chaque fois qu'il est loin de moi, je passe mon temps à m'inquiéter. J'espère qu'on lui trouvera un appartement qui lui conviendra pas loin de chez nous. J'ai vraiment besoin de le savoir près de moi.

*Toc toc toc*

« Hm ? »

J'espère que ce n'est pas Mike. Je n'ai pas encore envie de me battre.

« Papa m'a dit de t'amener ça. »

Léa entre dans ma chambre les bras encombrés de ... deux sacs de couchage ?

« Il est sérieux là ?

- Je crois que tu ferais mieux de les prendre. »

La honte. Franchement, il ne met pas notre image en valeur. Styles va croire qu'on se méfie toujours de lui, même si je pense qu'il le sait déjà.

« Passe-moi ça, et sors de ma chambre.

- Je dérange ?

- Oui.

- Oh, je vais le dire à papa, il va adorer.

- Commence pas à chercher les problèmes, je suis sérieux.

- Et toi, tu as vraiment cru que j'étais sérieuse, moi ?

- Tu pourrais. »

Elle part en faisant coucou de la main à Styles, c'est vraiment n'importe quoi. Je referme la porte pour qu'on retrouve encore une fois notre intimité.

« Excuse-moi pour la sœur et les couettes c'est genre... trop bizarre.

- Non, ça va. Ta sœur est plutôt cool.

- Mon dieu, tu ne la connais pas.

- Elle a pas l'air méchante, on dirait même qu'elle m'aime bien.

- Tu m'étonnes, elle attendait que ça de te rencontrer.

- Moi ? Pourquoi ?

- Je lui ai parlé de toi.

- Tu as dit quoi sur moi ? »

Que je t'aimais plus que tu ne le crois et elle voulait avoir tous les détails parce que c'est une grosse commère qui s'intéresse à tout sauf à sa propre vie.

« Que je travaillais pour toi.

- C'est tout ?

- Oui.

- Tu mens.

- Non.

- Si.

- Prouve-le alors.