Jour 50

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J'ai passé la nuit entière, je répète, entière à penser. Vachement utile les congés. Bon, j'ai encore une semaine devant moi, c'est sûrement parce que c'est la première nuit.


6:30. J'entends mon père dans la cuisine alors je me décide à descendre pour lui tenir compagnie. Un petit tour dans la salle de bain avant pour me replacer des mèches de cheveux et me passer le visage sous l'eau, je n'ai même pas de cernes, on ne me croirait pas si je dis que j'ai fait une nuit blanche.

« Déjà réveillé ? Tu viens finalement ?

- Non, j'ai juste passé une nuit assez étrange. »

Je pars me chercher des céréales et un bol de lait. L'odeur de son café me réveille encore plus que je ne le suis déjà. Je m'assois en face de lui comme si j'allais au travail, seulement, je suis toujours en pyjama.

« Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit.

- Le stress de ne pas venir ou la fiesta pour fêter les jours de congé ?

- Je me tournerais plus sur le stress. »

C'est la première fois que je vais le laisser seul. Les jours où je ne m'occupais plus de lui, j'étais quand même là, alors que cette semaine, il ne me verra pas et je ne saurais rien de ce qui se passe.

« Tu me raconteras comment se passent les journées.

- Je rectifie : Tu me diras comment va Styles et ce qu'il a fait de ses journées. »

On m'associe toujours à lui. En même temps...

Le fait que j'ai pensé à lui toute la nuit, ça m'a un peu permis de banaliser sa personne. Il est devenu un sujet de conversation, pour le moment. Je ne fais plus trop attention à ce qu'il a fait. J'essaye en tout cas de ne plus trop y penser. Je me dis qu'il ne peut que progresser et s'améliorer de jour en jour donc je suis content pour lui, mais aussi content pour moi de ne pas être à côté. Je passe mon temps à me contredire, j'ai bien l'impression. Heureusement que mon père n'entend pas mes pensées, il se serait noyé dedans tellement rien n'est clair. Même moi je suis perdu avec tout ça.

Je reste devant mon bol à imbiber les céréales dans le lait avec ma cuillère, la tête dans les nuages. Mike l'a remarqué, et je pense que j'aurais mieux fait de rester dans ma chambre en fait.

« Tu ne m'as jamais ramené de fille à la maison, je me trompe ? »

Il a un petit sourire amusé. Ça ne me fait pas rire, moi. C'est quoi cette question de beau matin ?

« Si, une fois, au collège. »

Je reste concentrer sur mon bol, sans prendre aucune bouchée, il m'a coupé l'appétit. Ce genre de discussion me stresse et m'agace, j'ai tout le temps envie de les fuir, surtout si c'est mon père, d'habitude c'est ma sœur.

« Jason. »

Il rigole gentiment. Je ne sais pas si on peut voir de l'extérieur que je suis submergé par le malaise, en tout cas, si c'est le cas, ça ne l'empêche pas de continuer à m'enfoncer.

« Tu sais bien que je ne vais pas te gronder ou te virer selon tes choix ? »

J'espère que la pâleur de mon manque de sommeil ne va pas s'en aller pour laisser place à des rougeurs. Je sais où il veut en venir, et ça me picote légèrement. Je reste longtemps silencieux, toujours le regard posé sur mon bol. Il attend une réponse, une confirmation ?

« Tu le sais. Alors ne m'oblige pas à le dire.

- Je ne suis pas le seul. Tout le monde le sait là-bas. »

L'ISOLÉOnde as histórias ganham vida. Descobre agora