Jour 59, part 2

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Rick a défendu Styles. Je n'arrive même pas à me croire quand je me le rappelle plusieurs fois dans la journée. Pourrions-nous faire un retour deux heures avant ? Juste pour me remémorer cette scène incroyable. Je n'ai pas les mots, et Styles non plus. On est restés tout le reste de l'après-midi à regarder dans le vide. C'était très étrange.


Benji le récupère pour l'emmener dans sa chambre. Il me fait un dernier coucou d'un geste de main pour me souhaiter une bonne nuit. Ça fait bizarre de le voir aller dans sa chambre sans que ce ne soit moi qui l'emmène. Je croise le regard de Rick dans le couloir, on reste droit à se regarder pendant plusieurs secondes qui semblent interminables. Je n'arrive même pas à sourire ni même le remercier. C'est quand même fou ce qu'il a fait. Pour Styles ? La terreur ? L'homme à qui il voulait faire la misère s'il m'approchait d'un peu trop près ? En fait, il s'est passé beaucoup plus de choses que je ne le croyais pendant mon absence. Seulement, ça ne se voit pas car tout se passe dans la tête des gens.

« Alors, mon garçon, on rentre ? »

Mon père me surprend en me tapant dans le dos. Rick part à ce moment là. Dommage, j'aurais aimé lui demander pourquoi il a fait ça, mais c'est sa semaine de congé, je ne le revois que dans sept jours.


« Alors, ta journée complète avec Styles, ça s'est passé comment ?

- Bien, mieux que je ne l'aurais imaginé. »

Je lui raconte toute ma journée dans la voiture, dont le geste de Rick pendant la séance chez la psy. Mike ne réagit pas, sûrement parce qu'il est concentré sur la route. Tout me semble étrange depuis mon retour : Mike qui me laisse rejoindre Styles, Rick qui le défend et Styles qui se comporte un peu plus normalement et qui se livre enfin aux autres. En une semaine, une seule, tout aurait changé ?

Tout, dans l'asile. Chez moi, en revanche, c'est toujours la même chose.

« Comment s'est passée ta rentrée, trésor ?

- Comme d'hab, c'est toujours pareil, tu sais ? »

Tous les jours ne se ressemblent pas, c'est une des raisons de pourquoi j'aime ce métier. Ça varie. Bien sûr, rien n'était comme d'habitude aujourd'hui, mais on ne parle pas de nos journées dans les détails à table.

Je suis content qu'elle ne me parle pas de Styles, mais ça m'étonne quand même un peu. C'est la première à vouloir savoir tout de ma vie sentimentale dans tous les détails, une vraie commère. Mon père n'a pas dû lui en parler. Pourtant, ils se disent toujours tout sur nous, pour qu'il n'y ait aucun secret entre eux. Peut-être qu'il considère ça comme des affaires et donc qu'il ne lui en parle pas ? Ou tout simplement parce qu'il n'a pas envie que ma mère soit au courant que je suis, soit disant, attiré par un garçon, qui en plus de ça est fou. Après, ça peut être elle qui ne veut pas m'en parler parce qu'elle ne l'accepte pas ? Ça me paraît étonnant venant d'elle, mais qui sait ? C'est possible...


De retour dans ma chambre, je m'assois sur le sol, le dos contre mon lit et pense toujours à ce que dirait ma mère si elle était au courant. Elle ne voit pas ce qui se passe les journées, c'est encore pire que pour mon père. Je sais qu'il a encore du mal à l'accepter mais il s'y fait et c'est déjà un gros soulagement. Et puis, rien n'est encore officiel, moi-même ne sait pas vraiment où j'en suis.

« Salut, champion, je peux entrer ? »

Dit-elle, alors qu'elle est déjà installée en face de moi sur ma chaise de bureau.

« Qu'est-ce que tu veux, Léa ?

- Je vois bien que mon frère est tracassé, alors je viens lui demander pourquoi ? »

L'ISOLÉWhere stories live. Discover now