L'ISOLÉ

Jour 46

Le réveil a été très compliqué ce matin. J'avoue ne pas m'être entièrement remis de la scène d'hier.

« Comment tu te sens ?

- J'ai dormi comme une masse.

- Tu n'es pas obligé d'aller travailler aujourd'hui, tu peux prendre des jours de repos. »

C'est bien tentant. Si j'avais respecté le règlement, et que j'étais un gardien neutre, j'aurais dit oui. Mais Styles ...

« Non, je viens. »

Je me retrouve devant le placard sans savoir quoi choisir pour mon petit déjeuner. D'habitude, je n'hésite jamais, mais là je suis totalement perdu.

« Tu as des marques sur le corps ?

- Quelques bleus mais rien de grave.

- Il y est allé fort, je ne sais pas si tu t'en es rendu compte ?

- Je l'ai ressenti surtout. »

Il a l'air vraiment inquiet pour moi. Le ton de sa voix est doux, j'ai l'impression de lui faire de la peine.

« Tu l'avais anticipé ? C'est pour ça que tu nous observais ?

- Une mauvaise réaction face à la nouvelle pouvait avoir lieu, et heureusement pour toi, ton vieux père a du vécu derrière lui avec ces fous.

- Il n'a pas mal réagi à cause de ça. C'est... moi qui ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû.

- Et qu'était-ce ?

- J'ai parlé indirectement de sa famille, mais c'était genre... vraiment déplacé.

- Je vois.

- Je lui ai rappelé qu'il n'en avait pas. Enfin que leur relation n'était pas folichones.

- C'est pire. »

C'est surtout très captivant de parler avec toi. Même Styles a plus de répondant. Je ne pense vraiment qu'à lui. J'arrive au point de le comparer à mon père.

« Si tu sens que ça commence à être difficile, tu me préviens et je t'autoriserai à te reposer.

- D'accord. En parlant de reposer, je...

- Tu ne dormiras pas là-bas cette nuit, pas après ce qu'il t'a fait.

- Mais si ça se trouve, il s'en veut. Je suis sûr qu'il a besoin de moi.

- Tu le couvres beaucoup trop. Jason, après ce qu'il t'a fait tu ne devrais même plus rester les nuits à le chouchouter. »

Il a sûrement raison, mais c'est plus fort que moi. « S'il te plaît. On teste. » Je ne veux pas le laisser une nuit de plus sans moi, pas tout de suite.

« Je lui ai promis que j'allais revenir le lendemain.

- Ce n'est pas possible. »

Il cache son visage dans ses mains. Une promesse est une promesse qu'elle soit dite à un homme, une femme, un ministre ou un fou. Il me fait un geste de main pour me laisser aller faire mon sac. J'ai vraiment de la chance d'avoir un père comme ça, moi.

Première chose que je fais une fois entré dans l'asile : aller chercher Styles. Je prends le trousseau de clés et part vers sa chambre. Quand je l'ouvre, elle est vide. J'ouvre toutes les chambres mais personne. Ne me dites pas que ... Je fonce au dortoir le chercher mais son lit est vide.

« Où il est ? »

Je coupe la discussion entre mon père et le gardien de nuit et me jette dessus et le tirant par la chemise.