XXII | une amitié pas encore fanée 1.2

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Priya fut la première à s'exclamer.

– Shakur ? Mais qu'est-ce qui te prend enfin ? Tu vas bien au moins ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pou-pourquoi ?

Shakur ne répondit pas tout de suite, toujours aussi sombre. D'épais tentacules  de mélancolie émanaient de lui.

Il était différent, tout en restant lui-même. Il faisait peur à Hana.

– Shakur...

Aya, toujours Hana dans une main s'élança contre le brun. Le serrant contre elle, respirant avec force, Aya se mit à pleurer doucement. Hana pouvait sentir l'odeur de cannelle de Shakur mais désormais mélangée avec une insidieuse odeur, une odeur acide, une odeur de mort.

– S'il vous plaît, laissez-moi... Je... J'ai fait mon choix et même si je voulais plus, c'est trop tard. Vous le savez aussi bien que moi, pour partir du gang Corazón, je-...je devrais...

L'horreur se dressa de toute sa splendeur dans la petite ruelle : leur ami était perdu. Il ne serait plus jamais libre.

– Mais pourquoi ? Pourquoi t'as rejoint ce gang ?

– C'est le seul endroit où personne ne me fait chier sur d'où je viens, le seul endroit où je pourrais rembourser tout.

– On aurait pu t'aider mec. T'es vraiment con putain !

– Idriss, tu sais que je vais même plus en cours. J'aurais dû repasser ma première et ma terminale pour avoir des diplômes, je suis pas le mec le plus intelligent et il me faut un métier qui pèse. Le seul à ma portée c'est lui. Tu le sais aussi bien que moi, gars.

Idriss ne sut que répondre et Hana digérait les révélations : elle ne savait pas que la vie du garçon était si compliquée.

Qu'il était déscolarisé.

Il rayonnait pourtant d'intelligence. D'une belle et magnifique intelligence.

– Ne rendez pas ça plus difficile, j'ai fait un choix. Respectez-le et oubliez-moi.

– T'aurais pu rester avec nous Shakur, on aurait été ton gang. Un gang brisé oui, un gang avec des cœurs et des espoirs en miettes mais ton gang quand même ! Shakur pourquoi nous abandonner ?

Cass pleurait, la morve au nez, et semblait si fragile, sa peau pâle illuminant le sombre de l'endroit où ils se trouvaient.

Personne ne répondit.

Shakur avait tout dit.

Seule la petite fleur restait maîtresse de ses émotions, analysant Shakur, et se demandant comment la fleur de son cœur pouvait garder intacts ses pétales.

LE GANG DES CŒURS BRISÉSWhere stories live. Discover now