LE GANG DES CŒURS BRISÉS

II | un beau garçon, sombre comme l'encre

Une semaine avait passé et la petite fleur avait presque oublié l'existence de ces jeunes âmes esseulées. Elle avait mieux à faire... comme de rêver chaque matin du beau garçon qui passait. Qu'il était beau, lui et sa peau veloutée, aussi sombre que la galaxie, sûrement parsemée d'étoiles enflammées. Aaah... Qu'il était beau. À son approche la jeune fleur sentait ses pétales se redresser, elle tentait d'humer le plus possible l'odeur charnelle du jeune homme mais souvent il partait trop vite. Un peu trop pressé dans son jogging, et ses baskets usées. Un peu trop serré derrière ces faux-semblants étroits.

− Shakur par-ci par-là, bon sang laissez-moi, je suis pas votre poto, sales attardés.

C'était la première fois que la fleur entendait sa voix. Impressionnée, elle buvait chacune de ses paroles quand elle le vit s'assoir auprès d'elle sur son petit lopin de terre, un peu désordonné.

− Franchement j'aimerais juste me poser, regarder le temps passer, qu'ils me laissent tranquille. À croire que je suis le seul garçon, à croire que je suis le seul avec des bras et des neurones. Si c'était moi je partirais au bout du monde, seul, sans personne, je m'envolerais et je traverserais des continents, je sentirais le souffle doux de la mer sur moi, et je marcherais avec la confiance des gardiens de la forêt, je me fondrais dans la terre, et j'épierais les animaux hibernants. Si c'était moi je quitterais ce foutu quartier, loin de leurs regards méprisants, devant mon jogging, ma peau, loin de leurs airs cyniques en entendant mon prénom, loin de leurs froncements de nez en voyant mon chez-moi. Si c'était moi je serais juste un être humain.

La fleur, ne comprenait pas trop ce qu'elle ressentait, mais elle était très impressionnée par ce garçon, ce Shakur, aux besoins désespérés.

Si elle était un être humain, cette fleur aurait reconnu de la tristesse, beaucoup de tristesse pour un si jeune humain comme Shakur.
​