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Héloïse

- Les regards seront braqués sur nous mais tâchez de les ignorer. Ils peuvent se montrer curieux mais c'est le cas avec toute nouvelle attraction à la Cour et en ce moment il s'agit de vous.

Je hochai la tête tout en écoutant mon père parler alors que nous remontions le couloir pour rejoindre la salle où se déroulait le banquet. Nous étions en retard mais le Duc m'avait expliqué que tant que nous arrivions avant son cousin le Roi, nous n'étions pas réellement en retard. Et le Roi se trouvait au chevet de sa femme enceinte et n'arriverait pas dans l'immédiat.

Mes mains étaient moites de savoir que j'allais à nouveau être le centre de l'attention. Mais avant que je n'y fus réellement préparée, nous nous retrouvâmes dans la salle où allait se dérouler le banquet. Le silence se fit presque immédiatement alors que je me sentais jaugée par les regards des nobles qui nous entouraient. Ils scrutaient les moindres détails de ma tenue, de ma coiffure, de ma posture. Je parais mon visage d'un sourire factice, qui ne fut sincère que lorsque je croisais les regards de Frédéric et Tristan.

Eux ne me jugeaient pas, ils me connaissaient déjà. Ils n'étaient pas en train de s'imaginer tout ce que j'avais pu faire ou allait faire avec le Duc d'Orléans qui me guidait au milieu des autres participants au banquet. Ils m'appréciaient sans les artifices que la situation exigeait que je portasse.

Nous déambulâmes, mon père saluant les nobles qui venaient à sa rencontre. Mon sourire était de moins en moins naturel et de plus en plus crispé. Combien de temps allais-je devoir feindre être heureuse de les rencontrer alors que je souhaitais être ailleurs ?

Ce fut un soulagement de voir Tristan se présenter à son tour devant le Duc.

- Votre Altesse Royale.

Il s'inclina légèrement comme l'indiquait le protocole avant de se relever.

- Je ne comprends pas pourquoi vous persistez à rester alors que ma garde est ici, remarqua mon père.

- Sans vouloir vous offenser votre Altesse Royale, ce n'est pas pour vous que je suis resté.

Tristan posa un regard lourd de sens sur moi avant de poursuivre.

- Accepteriez-vous que demoiselle Héloïse reste avec son frère le temps que je m'entretienne avec vous d'une affaire importante ?

Ainsi je devais me contenter de cette brève entrevue avec Tristan. Déjà, le Duc acceptait et accompagnait Tristan hors de la salle et surtout de toutes les oreilles cherchant à fureter la moindre information croustillante. Frédéric me rejoignit et je posai ma main sur son bras.

- Je suis certain que tu rêves de retirer cette robe pour aller gambader dans le parc.

- Ce sont surtout mes chaussures que je rêve d'enlever dans l'immédiat.

- Cela ne m'étonne même pas venant de toi Héloïse. Sinon, comment trouves tu cette charmante soirée ?

- Je la trouve ennuyante. Ils viennent tous faire des courbettes devant le Duc en espérant s'attirer sa sympathie. Et je me demande combien ont envisagé ce soir en venant le saluer de lui demander ma main, j'ai l'impression d'être un vulgaire ventre qui pourrait porter des héritiers. Le Comte de Blois s'est plaint de ne toujours pas avoir trouvé de femme avec qui avoir une descendance, la Duchesse d'Alençon a déploré que son jeune fils n'était toujours pas marié. Je vais finir par regretter de ne pas être mariée.

- Tu ne souhaites pas te marier ?

La question n'était pas réellement là pour moi. Je voulais me marier mais avec un homme qui me respecterait et ne me verrait pas comme une femme à simplement engrosser, et si la chance était avec moi, avec un homme avec qui je partagerais un amour réciproque.

Héloïse ou Le double jeuWhere stories live. Discover now