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Héloïse

Les bras de Tristan m'enserraient, me retenant contre son torse. Son souffle calme caressait ma nuque, à présent dégagée de mes cheveux, me provoquant ainsi quelques petits frissons. Ma chemise, désormais mouillée, collait à mon corps.

Nous restâmes un moment immobiles à profiter du silence paisible de la pièce baignée des lueurs dorées des bougies. Cela tranchait avec l'ambiance festive de la salle de réception où nous nous trouvions encore quelques temps plus tôt. Je fermai les yeux et ma tête se cala naturellement dans le creux de l'épaule de Tristan derrière moi.

Je sortis de l'état de somnolence qui me prenait en entendant le bruit d'un linge qu'on essorait. J'ouvris les yeux pour distinguer les mains de Tristan qui tordait le tissu puissamment devant moi. Il se redressa, me forçant à faire de même contre son torse.

Ses mains s'approchèrent de moi et il déposa le linge sur mon bras nu posé sur le bord du bac en bois.

- Me laisserais-tu faire ?

Sa question, soufflée contre mon cou, me provoqua une multitude de frissons.

- Avec plaisir, soupirai-je en refermant les yeux.

Je me concentrai sur le linge qu'il passa soigneusement sur ma peau nue, frottant mon épiderme couvert de sueur et des odeurs du banquet. Je me mordis la lèvres quand il lava soigneusement les zones plus sensibles. Il avait omis ma poitrine dissimulée sous la chemise mais il parcourait à présent mes jambes, remontant vers mes cuisses.

Soudain, je ne sentis plus ses doigts. Le temps d'ouvrir les yeux, il m'avait déjà tournée face à lui dans le bac, callant mes pieds de chaque côté de ses hanches. L'une de ses mains saisit un de mes pieds et l'autre passa le linge sur ma peau, partant de ma cheville, remontant le long de mon mollet, glissant derrière mon genou et ma cuisse toujours plus haut. Ses yeux ne quittèrent pas les miens tandis qu'il atteignait ma fesse et que je maintenait d'une main la chemise baissée entre mes cuisses.

Il renouvela les mêmes gestes pour la deuxième, me faisant endurer un véritable supplice. Brusquement, je lui confisquai le linge.

- Cela suffit, c'est à mon tour maintenant.

Il perdit son sourire et son regard s'assombrit. Je savais désormais reconnaître cette teinte trahissant son désir. 

Je repliai mes jambes pour me retrouver à genou au-dessus des siennes. Comme lui, j'entrepris de le laver soigneusement. Le linge sous mes doigts ne me faisait rien manquer de la forme du corps de mon fiancé. Je sentais les creux et les bosses de ses muscles comme si mes mains s'étaient trouvées directement sur son épiderme frissonnant. Le ventre de Tristan se contracta lorsque j'y passai et je vis clairement ses jointures de mains blanchir sur le rebord du bac.

En apparence, il faisait preuve d'un calme olympien. Mais certains légers mouvements de ses doigts et de ses paupières trahissaient sa difficulté à demeurer stoïque tandis que mes mains parcouraient avec délectation son corps. Un corps taillé par les combats si j'en croyais la dureté des muscles que je sentais sous mes doigts.

La tête de Tristan bascula en arrière contre le bord du baquet lorsque mes doigts découvrirent des recoins encore non explorés. Ses mains se contractèrent et un grognement lui échappa. Ce son rauque me fit frissonner.

Pour la première fois, il s'abandonnait devant moi, ce qu'il avait toujours refusé jusqu'alors, craignant de ne pas pouvoir se contrôler. Sa gorge offerte me tenta au point que j'y posai mes lèvres, avant de remonter jusqu'à l'une de ses joues.

- Tu aurais du me laisser faire plus tôt... Chuchotai-je.

Il grogna pour simple réponse. Puis son corps se crispa une dernière fois avant de totalement se détendre au son d'un dernier soupir de Tristan. Ses mains quittèrent le bord du baquet en bois pour venir m'enlacer. Nous restâmes suffisamment longtemps dans cette position pour que l'eau refroidisse. Quand je commençai à grelotter entre les bras de Tristan, il se redressa pour attraper un linge sec plié près de l'âtre où les bûches achevaient de se consumer.

- Viens te sécher.

Il me tendis la main et je la saisis pour aller me blottir contre lui. Il nous enveloppa dans le linge sec et chaud. Ses mains frottèrent mon dos, me réchauffant progressivement tout en me séchant.

Un moment plus tard, nous étions tous les deux allongés dans le grand lit, une unique bougie encore allumée. 

- Il faudra que j'informe mon père le plus rapidement possible de ma décision pour le Comté de Nevers.

- Le cavalier qu'il avait envoyé est toujours là, il peut repartir dès demain du château avec ta réponse.

Je hochai la tête contre le torse de Tristan en sentant le sommeil me gagner. La journée avait été longue et l'une des plus belles. Elle m'éloignait aussi un peu plus du cauchemar qu'avait représenté le Vicomte de Marsan seulement quelques mois plus tôt. Tristan tira un peu plus le drap sur nous avant de souffler la dernière bougie.

¤     ¤     ¤

- Une missive pour vous Dame Héloïse.

Le cavalier, retenant sa monture d'une main, fit une courbette devant moi avant de me tendre un papier où trônait le sceau de mon père. Je saisis la feuille en remerciant le coursier puis quittai la cour du château. Depuis mes fiançailles avec Tristan, j'y passais beaucoup plus de temps et mon fiancé me déchargeait progressivement de mes tâches de domestiques pour me charger de la gestion du château.

Je fixai la lettre de réponse de mon père. Le lendemain de mes fiançailles, je lui avais écrit pour lui expliquer que ma place était dans le Comté d'Armagnac auprès de Tristan. Je lui avais vivement recommandé de prendre Frédéric pour me remplacer, en insistant sur le fait qu'il avait pris soin de moi alors que le Duc ne le pouvait pas.

J'étais nerveuse à l'idée de découvrir un refus écrit à l'encre noire sur le parchemin. Je me rendis dans le bureau où se trouvait Tristan pour découvrir le verdict du Duc d'Orléans avec lui.

Quand il entendit la porte tourner sur ses gonds, Tristan releva la tête et son regard bleu me déstabilisa lorsqu'il se fixa dans mes pupilles. Je sentis mes joues chauffer tandis qu'il ne me quittait pas des yeux pendant que je m'avançais jusqu'à son bureau en noyer. Je posai la missive sur la table et ce fût ce qui brisa le charme.

Tristan baissa le regard dessus et se redressa dans son fauteuil. Il sembla plus tendu en voyant le sceau de mon père apposé à la cire rouge sur le papier.

- Tu ne l'as pas ouvert ?

Je secouai la tête et fis le tour du bureau pour me positionner à ses côtés.

- Je voulais le faire avec toi.

Tristan attrapa la lettre et me la tendis. Je la saisis du bout des doigts, comme si je craignais qu'elle s'enflamma à mon contact. Tandis que j'expirais bruyamment pour me calmer, Tristan m'assis sur ses genoux, attentif à ce qu'allait révéler l'ouverture de la missive. Mon doigt glissa le long du bord de la feuille jusqu'à rencontrer le sceau et le briser. Lentement, je dépliai la lettre pour découvrir son contenu.

Un soupir de soulagement échappa à Tristan. Il avait atteint avant moi le passage où mon père expliquait accepter mes conditions et donc de confier le Comté de Nevers à Frédéric.

- Il faut annoncer la nouvelle à ton frère.

Je hochai la tête en quittant les genoux de Tristan. Il me retint le temps de déposer un baiser sur mes lèvres.

- Je suis heureux de savoir que tu pourras rester ici, à mes côtés.

- Moi aussi Tristan, répondis-je le sourire aux lèvres avant de quitter la pièce pour partir à la recherche de Frédéric.

J'étais un peu plus certaine du tournant que prenait ma vie : j'allais épouser Tristan et l'épaulerais dans la gestion du Comté tandis que mon frère serait anobli pour devenir Comte de Nevers. Pour lui aussi, sa vie allait prendre un tournant important mais il le méritait après toutes ces années à veiller sur les autres, ce n'était qu'un juste retour des choses.

Héloïse ou Le double jeuOnde as histórias ganham vida. Descobre agora