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Héloïse

Étrangement, il ne m'avait pas quittée des yeux depuis que j'avais pénétré dans la pièce. Je fis une légère révérence en arrivant à ses côtés.

- Votre Altesse Royale. Je vous prie de bien vouloir me pardonner de vous déranger mais je souhaiterais m'entretenir avec vous d'une affaire importante.

Un léger sourire fleurit sur ses lèvres et il désigna la place libre entre lui et Constance de Nemours.

- Je pense savoir de quelle affaire il s'agit, en attendant installez vous ici et profitez donc du festin.

Il me tendit une assiette avec des légumes que je ne connaissais pas.

- Goutez donc cela, ça vient du Nouveau Monde et c'est un délice pour les papilles.

Tandis que je mangeais, je sentis Constance de Nemours remuer à mes côtés et je tournai la tête vers elle. Elle m'observait d'un regard noir et se pencha vers moi.

- Vous pensez parvenir à être sa maîtresse en lui coulant des regards doux et lui offrant des sourires candides ? Allez donc jeter votre dévolu sur un autre homme.

Je ne pus retenir le rire qui franchit mes lèvres en comprenant la méprise que faisait Constance de Nemours.

- Cela vous fait-il rire ?

- Non, excusez-moi, c'est seulement que vous me prêtez des aspirations que je n'ai pas. Sachez que toutes les femmes ne cherchent pas à avoir un homme de pouvoir ou de haut rang dans leur lit, coûte que coûte, comme vous vous acharnez à le faire avec Tristan d'Armagnac.

Constance de Nemours s'empourpra en entendant ma critique et détourna le regard. Mes yeux furent attirés par du mouvement à l'entrée de la salle et je vis arriver Tristan accompagné de Gauthier. Lorsque ses yeux croisèrent les miens, il se figea. Je ne savais ce qui avait provoqué sa réaction : il avait compris que j'étais Elliot ? Ou il reconnaissait la femme à la fenêtre ? Il se précipita presque jusqu'à moi, abandonnant Gauthier sans s'en préoccuper. Mon père l'interpella avant qu'il n'ait parlé.

- Messire d'Armagnac, je suis navré, pendant votre absence j'ai cédé votre place à cette charmante demoiselle. Mais peut-être pouvez-vous vous installer entre elle et la fille du Duc de Nemours.

- Bien sûr votre Altesse Royale, ne vous en faîtes pas pour ce léger chamboulement.

Tristan se glissa à côté de moi sur le banc avant de se pencher vers mon oreille alors que je tentais d'être impassible en fixant un acrobate.

- Vous êtes divinement belle ce soir Héloïse.

Son souffle caressa ma peau tandis qu'un frisson parcourait mon corps à l'entente de mon prénom prononcé par sa bouche. Je ne m'attendais pas à ce qu'il reconnaisse la jeune servante rencontrée trois années plus tôt.

¤ - ¤ - ¤
Tristan

- Je ne comprends pas, répétait Gauthier. J'étais persuadé que nous n'avions pas perdu de matériel pendant la sortie Messire. Je suis vraiment navré de vous avoir dérangé pour cela pendant la réception, mais j'ai préféré vous avertir dès que je m'en suis rendu compte.

- Ne vous en faites pas pour cela, c'était seulement un harnais.

Nous pénétrâmes à nouveau dans la salle de réception que nous avions quitté plusieurs minutes plus tôt lorsque Gauthier avait été averti du problème d'intendance. Je me figeai en croisant deux pupilles claires. Je n'en crus pas mes yeux, elle était là, à ma portée pour la première fois depuis trois ans. Et surtout, je comprenais qu'elle avait été plus proche de moi que ce que je pensais cette dernière semaine. Tout en caressant des yeux sa silhouette, ses cheveux d'un châtain clair qui ondulaient dans son dos, ses épaules dénudées, sa poitrine enserrée dans le corsage de sa robe, je me dirigeai vers elle. Le Duc d'Orléans m'interrompit mais j'accédai avec plaisir à sa demande et me glissai aux côtés de la femme qui obsédait mes pensées. Je ne pus résister à l'envie de lui glisser un compliment à l'oreille.

Héloïse ou Le double jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant