Chapitre 20. Nouvelle Ère

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Chapitre 20. Nouvelle Ère

Hélène

« Et donc, comment s'appelle ce charmant jeune homme ?

Après avoir avalé un morceau, je suis allée retrouver Astrid et mon oncle. Je ne supportais plus de leur cacher la vérité, alors je leur ai avoué mon rôle dans la fin de la prise d'otage. Je n'ai jamais mentionné le nom d'Eythan ou même qu'il a tué tous les intrus à ma place. Je préfère ne pas parler de ses actes tabous sans son approbation. Si Yvan n'a pas vraiment su comment réagir, ma maman n'a cessé de me répéter que j'avais bien fait et qu'il n'y avait aucun remord à avoir.

Se sentir aussi soutenue fait vraiment du bien. Sans Marie l'infirmière, Linda Dubois, Eythan et ma maman, j'aurais complètement vrillé. J'éprouve une reconnaissance infinie à leur égard. En parlant de mon camarade, après plusieurs appels téléphoniques, on a fini par se retrouver dans ce labyrinthe que forment les couloirs de l'hôpital. Un labyrinthe tout aussi mortel que les conduits d'aération du collège.

Mais y penser maintenant ne m'aidera pas. À 16 heures 59 très précisément, je l'ai présenté à Astrid et Yvan. L'une m'a fait un clin d'œil complice, le visage de l'autre mélangeait fureur et effroi. Après tout, je savais dès le début que mon oncle n'accepterait jamais de voir un garçon à mes côtés. Je l'ai choisi, envers et contre tout.

Apprenant qu'il n'avait que ses pieds pour rentrer à Occianth, ma mère a gentiment proposé de le ramener chez lui. L'entendre accepter avec gratitude a fixé un grand sourire sur mon visage. Mon oncle aurait préféré lui rouler dessus avec son 4x4 et j'aurais préféré qu'il vienne passer un peu de temps chez moi. Mais apparemment, on ne peut pas tout avoir.

Ne l'ayant pas vu arriver avec un sac de sport hier soir, je devine facilement son contenu. Mon oncle, n'en sachant rien, l'a glissé dans le coffre avant de nous ouvrir l'habitacle. Sans jamais prononcer un seul mot. Une fois tout le monde attaché et le véhicule hors du parking, mon camarade a jeté un œil emprunt d'une légère mélancolie par la fenêtre au paysage. Remarquant son visage dans le rétroviseur, Yvan lui a adressé la parole pour la première fois. Et vu son ton faussement détendu, je crains le pire.

– On m'a appelé Eythan, mais certains préfèrent me surnommer Eythanouch. »

Pour l'avoir fréquenté plusieurs mois, personne ne l'a jamais désigné ainsi. Je suis la créatrice de ce surnom. Ses yeux malicieux ne sont pas là pour me contredire. Ce « certains » mensonger n'existe que pour empêcher mon oncle d'exploser.

Le point négatif de la situation ? J'ai beau être assise quelques centimètres à droite de mon camarade, il me paraît incroyablement loin. Le point positif ? Mon oncle étant concentré sur la route, il ne saisit pas ce regard, qui suffirait pour que la colère se mette à le contrôler.

– Hey-tanne... C'est super galère à prononcer, tes parents auraient pas pu choisir un prénom plus pourri ? »

Le regard de mon camarade se perd à nouveau dans l'horizon qui surplombe sa vitre. Il ne réagit pas, à croire qu'il ne l'a pas entendu. Ce calme me surprend d'autant plus que je me souviens de tous ses excès de rage. J'imagine que mon oncle ne sait pas pour la mort de sa mère puisqu'il s'investit très peu dans la communauté d'Occianth. Mais comme le confirme le regard noir de ma mère, ce n'est en rien une excuse pour lui parler sur ce ton.

Plusieurs minutes passent dans un silence gênant. Je me rapproche doucement de lui jusqu'à poser ma tête sur son épaule. Il a ce je-ne-sais-quoi qui m'apaise sans que je ne le comprenne. Après quelques secondes d'hésitations, il me jette un regard profond. Ses yeux me mettent à nu, fouillent mon âme à la recherche d'une quelconque trace de mal-être. Il soupire avant de détourner le regard, sans me repousser pour autant.

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