Chapitre 44. Jusqu'à la Capitale

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Chapitre 44. Jusqu'à la Capitale

Eythan

Je marche sur le parking de l'hôpital, accompagné du type du gouvernement. Je fais passer mon sac de sport devant moi et l'ouvre. Ma main frémit de bonheur en nageant dans un océan de billets. Je me détourne de ce plaisir futile pour retrouver et allumer mon téléphone.

Non, Essaim ne m'a envoyé aucun message, pas plus qu'Hélène. Contrairement à Léa. Ah ben je sais sur qui compter. Non je rigole, je n'en ai pas grand chose à foutre.

C'est plutôt drôle. Elle m'a laissé des dizaines de messages. Pour quelqu'un qui cherchait à me trahir quelques secondes auparavant, elle est étonnamment douce.

D'abord, elle s'inquiète pour moi. Ensuite elle me supplie de la pardonner. À la fin, elle m'autorise à la ghoster à condition de rester en vie. Comme si j'avais prévu de changer de monde. Il me reste des choses à faire avec Hélène.

Cinq secondes avant l'éclair, elle rêvait de me voir la supplier à genoux. Il a suffit d'un peu d'électricité pour renverser la tendance. Sauf que moi, la voir mutiler son honneur ne me fait ni chaud ni froid.

Je lui renvoie un sobre « Envoie la vidéo ». Je ne lui en veux pas d'avoir voulu me trahir, je vais même m'en servir pour faire ma publicité. Mais ma générosité s'arrête là.

Elle m'a bien diverti ces derniers mois. Je suis monté sur Lyon passer du temps avec elle pour l'en remercier. Fin. Je ne navigue plus dans l'ombre, je n'ai plus besoin d'elle pour qu'il m'arrive des choses intéressantes.

Eh bien, je m'attendais à un véhicule beaucoup plus impressionnant pour un agent en mission spéciale pour le Président. À la place, je tombe sur une simple citadine électrique blanche.

« Me fais pas croire que l'État avait pas les moyens de m'envoyer une limousine.

– C'est vrai que t'es pas au courant... Des manifs d'écolos ont éclaté un peu partout hier. Elles sont tellement parties en couilles qu'un deuxième jour contre les violences policières a été improvisé.

– D'où la voiture électrique, pour leur faire croire qu'on est ensemble.

– Allez, monte.

Pour une fois, j'obéis à quelqu'un. J'ouvre la porte de l'habitacle et y balance mon sac à dos avant de m'assoir sur le siège passager. Il me tend un masque de chirurgien et un bandana violet. Je tend les fils autour de mes oreilles, plie le bout de tissu en rectangle, le colle à mon front et noue un nœud à l'arrière de mon crâne.

– Pourquoi ces accessoires ?

– Je sais pas ce que tu crois, mais t'as pas que des fans. Si on se retrouve coincé dans les manifestations et qu'on te reconnaît, ça pourrait vite partir en vrille.

– Oof je m'inquiète pas, personne n'osera s'en prendre à toi sous peine de mort immédiate. Et même si certains ont des battes de baseball, j'ai un bâton magique à l'arrière pour les calmer. »

Ce colosse fait mine d'être trop concentré sur la route pour m'écouter. Peu m'importe. Je n'ignore pas qui m'aime et qui me hait. Leur haine n'est pas un hasard défavorable à mes projets. Elle m'est utile pour rester au sommet de l'actualité.

Mais il ne faudrait pas qu'ils commencent à s'y croire trop. C'est précisément dans ce but que j'allume mon téléphone. Je souris face à la vidéo que m'a envoyé Léa. Elle me montre en train de marcher d'un pas tranquille sur un trottoir. Jusqu'à ce que la foudre illumine mon corps. Naturellement je m'effondre, inconscient.

Je la télécharge et ouvre Instagram d'un air mesquin. Je publie la vidéo avec en légende « Même Zeus n'arrive pas à m'abattre, n'imaginez pas m'arriver à la cheville. » Je profite de l'occasion pour réécrire ma biographie. « Le seul, l'unique, l'increvable » claque beaucoup plus.

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