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♫ Dermot Kennedy ~ Power over me ♫


Métro boulot dodo.

Voilà ce à quoi se résume ma vie depuis deux semaines.

Je n'ai plus envie de sortir, je n'ai plus envie de rien.

Même la nourriture qui a pour habitude de me donner le confort nécessaire à mes phases de déprime ne parvient pas à me combler.

D'ordinaire, j'ai tendance à beaucoup me confier à mes meilleurs amis quand quelque chose ne va pas, mais aujourd'hui je ne m'en sens même pas la force ni l'envie. Ils ne pourraient pas comprendre. Personne ne pourrait comprendre.

Cette sensation d'abandon, de désillusion totale qu'engendre son absence. 

Je sais qu'il faut que je l'oublie. Que j'aille de l'avant, car je passe sûrement à côté de plein d'autres « choses » comme me l'a si gentiment rappelé Mathieu la dernière fois qu'il est passé voir Ethan à l'appartement.

Comme je m'en serais doutée, cet imbécile jubile de me voir dans cet état. Je croyais avoir été claire sur ses innombrables allées et venus à l'appartement, mais visiblement il ne prend pas mon autorité au sérieux. A moins de déménager, je ne vois pas vraiment comment lui échapper. C'est le meilleur ami du mien. Je crois qu'il faut que j'apprenne à vivre avec lui et passer outre toutes ses médisances car je ne veux pas poser d'ultimatum à Ethan. Pas si je dois le perdre.

Seule dans ma chambre, je me poste devant le miroir de ma penderie et blêmis devant ce reflet qui ne me ressemble pas. Mes cheveux sont entremêlés et gras, comme si je ne les avais pas lavé ni coiffé depuis une semaine. Mes cernes recouvrent presque le tiers de mon visage, comme si je n'avais pas dormi depuis des lustres. Ce qui est le cas.

Mais aujourd'hui, tout allait changer, il le fallait.

Après avoir pris une bonne douche brulante pendant plus d'une demi heure, je fais l'effort d'appliquer un peu de crème sous mes yeux pour tenter de réduire l'effet violacé des poches et camoufle le tout avec un peu d'anticernes.

Je m'habille à la hâte, tâchant tout de même d'enfiler autre chose que ce vieux survêtement et ce sweat shirt à l'effigie des One Direction que j'ai porté quasiment toute la semaine. J'enfile alors un large t-shirt over size et un jean noir taille haute pour camoufler mes formes.

Cela fait presque cinq ans que je n'y suis pas retournée. Cinq ans que je pensais ne plus jamais devoir y remettre les pieds de ma vie. Mais Ethan ne m'a pas laissé le choix. Mes parents non plus, visiblement. Même à plus de dix mille kilomètres de là où je vis, ils arrivent toujours à contrôler le peu de libre arbitre qu'il me reste. Je n'en veux pas à Ethan de les avoir prévenu de l'instabilité de mon état de santé psychique. Il est simplement inquiet pour moi. Mais je suis sure qu'il ne s'agit que d'une phase et que dans quelques semaines tout reviendra à la normale.

Du moins, je l'espère.

Chris me manque, c'est un fait. Je me suis livrée à lui, et sur le moment, cela m'a fait un bien fou. Mais aujourd'hui j'en pâtis énormément. Cela a ravivé en moi des souvenirs beaucoup plus cuisants que je ne pouvais me l'imaginer et il m'est impossible de les faire taire pour de bon. 

Et depuis son départ en vacances, on ne peut pas dire que les choses se soit améliorées.

Après une bonne demi heure de route dans les bouchons du trafic marseillais, je me gare à la hâte dans le parking souterrain et passe les portes automatique de la salle d'accueil toujours aussi hostile et impersonnelle.

A Corps Ouverts | Chris EvansWhere stories live. Discover now