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♫ Taylor Swift ~ ...Ready For It ♫

Deux jours consécutifs que je ne dors pas de la nuit. Deux jours consécutifs que je suis bien trop paniquée à l'idée que mon idéal masculin - mon fantasme depuis plusieurs mois - m'accorde enfin ce dont j'ai tant rêvé. Tant imaginé.

Je touche mes lèvres du bout des doigts. C'est impossible. Tant que je ne ressentirais pas ces papillons au creux de mon ventre lorsqu'il posera ses lèvres sur les miennes, je n'y croirai pas.

Plantée là devant ma penderie, j'attrape machinalement mon vieux leggins ainsi qu'un t-shirt beaucoup trop grand pour moi, mais je me stoppe net. Et si c'était l'occasion pour étrenner mes nouvelles fringues de fitness justement ? Je regarde avec dédain que les étiquettes sont toujours intactes, probablement parce que le short que je tiens entre mes mains est beaucoup trop court...

Qu'est ce qui m'a pris ce jour là au juste ? En l'enfilant, je me dirige devant le miroir de la penderie de ma chambre et écarquille les yeux encore un peu plus devant mon reflet. 

C'est beaucoup trop court. Beaucoup trop voyant. Beaucoup trop criard... Et si mon short pouvait parler, il lancerait certainement un "Hey Chris, je suis là, regarde moi" à l'assemblée.

Je ferme les yeux un instant et souffle. 

Je peux y arriver, je peux y arriver... 

Après tout, ce n'est pas comme s'il ne faisait pas plus de trente degrés dans la salle de sport et que je ne crevais pas de chaud aux entraînements avec mes pantalons collants et mes t-shirt oversized.

Autant aller jusqu'au bout, me dis-je, toujours autant consternée par mon manque de confiance en moi et enfile la brassière et le débardeur assortie en rechignant.

Ce soir là, je mets plus de dix minutes pour arriver à la salle. Le trafic est horrible. Sûrement à cause du match au Vélodrome qui fait saturer la saule artère principale de la ville.

J'entre dans les locaux en trombe, tourne à l'angle du couloir et passe devant les vestiaires des coachs, le cœur battant. Je salue Cathy d'une main à l'accueil et lance des sourires cordiaux aux jeunes filles qui attendent devant la porte que le cours de Chris commence. Mes yeux ne cessent de se balader dans tous les sens. J'ai peur de le revoir. Peur de lire en lui de la gêne, du recul, de la retenue. Car, même si j'ai pu lui avouer mes pensées les plus intimes, j'ai peur de m'effondrer devant lui et ne pas assumer.

Que dois-je faire au juste ? Faire comme s'il ne s'est rien passé ? Comme si je n'avais jamais posé mes lèvres à moins de deux centimètres des siennes ? Comme si je ne lui avais jamais avoué à quel point il me plaisait et à quel point je le trouvais sexy ? Et que dois-je faire de sa proposition ? Dois-je réclamer mon "dû" ou bien, au contraire, attendre patiemment qu'il honore ses engagements ?

Mieux vaut que je fasse comme si de rien n'était, que je me fasse la plus petite possible et que j'aille à son cours sans faire d'histoire. Mais entre la théorie et la pratique, il y a un fossé béant qui ne penche pas en ma faveur.

Sur l'estrade face à nous, il m'aperçoit au fond de la salle, à ma place habituelle. Je peux sentir son regard pesant sur moi et mon cœur s'affole dans ma poitrine. Mes pensées sont tellement chamboulées que j'en viens à me demander s'il a remarqué mon changement de tenue. Je me sens complètement nue, certes, et j'ai même l'impression que mon short va se retrousser sur mes hanches dès lors que je commencerai les échauffements sur le step tellement, mais j'ai besoin de sentir son regard sur moi. J'ai besoin de déceler dans son regard ne serait-ce qu'une infime part de curiosité et capter son attention, même si cela me demande beaucoup d'effort pour ne pas me faire submerger par mes propres émotions.

A Corps Ouverts | Chris EvansWhere stories live. Discover now