A Corps Ouverts | Chris Evans

100%

♫ Stephen Sanchez - Until I Find You ♫

Je suis vide. Anéantie.

Cela fait une semaine que je n'ai pas mis les pieds à la fac. Je n'en ai pas envie. Tout me semble désormais si ridicule que je n'ai même plus trouvé la motivation de me lever de mon lit le matin.

Ethan a beau tout faire pour me faire croire le contraire, la vie ne continue pas. Pas après ce qui vient de m'arriver.

Avoir le cœur brisé.

Je m'attendais à tous les scénarios possibles mais certainement pas celui-là.

Chris va être père. Il va avoir un enfant avec son ex femme. Son ex-femme, qui a passé ces dernières années à le tromper avec un autre homme. Et voilà qu'elle débarque comme un cheveu sur la soupe et lui demande d'assumer son rôle de père ? Elle a besoin de thune, c'est tout ce dont elle a besoin, pas d'une figure paternelle. Qui sait si cet enfant est bien le sien ? Après tout, elle couche avec son patron depuis quelques temps déjà. N'y-a-t-il pas la moindre chance que cet enfant ne soit pas le sien ?

J'ai beau essayer de relativiser la situation, je n'y arrive pas.

Pas maintenant. Pas maintenant qu'il m'a offert la plus belle nuit de mon existence et qu'il comptait m'en offrir d'autres. Des dizaines et des dizaines de nuits à ses côtés; des semaines, des mois, et peut être bien plus encore. Mais en l'espace de quelques secondes seulement, tous ces espoirs se sont envolés quand elle et son ventre arrondi se sont pointés devant ma chambre d'hôtel comme si de rien n'était.

Mes larmes se sont mis à rouler abondamment sur mes joues et je me suis laissée glisser douloureusement au sol, la tête lourde et vertigineuse.

Je ne me souviens pas vraiment combien de temps je suis restée dans cette position. Sûrement assez de temps pour que Kimberley s'inquiète de mon absence à la finale et finisse par me retrouver inerte, les yeux gonflés par la tristesse.

Est ce que Chris était au courant ? Je veux dire, l'a-t-il appris avant même me dépuceler dans le lit de sa chambre d'hôtel ?

En soi, je ne suis pas sûre que cela aurait altéré l'envie irrépressible que j'avais de me faire soulever par ses soins, mais il est clair que ma dignité en aurait pris un sacré coup.

Je suis égoïste !

Je dois penser à lui avant tout et le réconforter. Pas m'apitoyer sur un amour voué à l'échec depuis le départ.

Je dois être là pour lui et lui donner la force de prendre la meilleure décision pour lui et l'avenir de ce bébé qui n'a rien demandé.

Inconfortablement installée sur le canapé qui prône au beau milieu de mon salon, je prends mon smartphone et appuie directement sur la touche verte de mon écran. Plusieurs sonneries se succèdent sans aboutir et laissent sa messagerie automatique prendre le relais. Je lui laisse un vingtième - ou peut être un vingt-et-unième - message en lui témoignant ma compassion et ma disponibilité s'il veut en parler. Je lui fais comprendre que je suis là quoi qu'il arrive et qu'il peut compter sur moi. Puis je raccroche, ma voix se brisant quand je lui dis pour la quatrième fois consécutive que je l'aime.

Au bout d'une dizaine de tentatives de plus les jours suivants, j'en viens à la conclusion qu'il a besoin de temps pour réfléchir et que je ne suis définitivement pas la personne à qui il souhaiterait se confier.

Les mois passent et la fin de l'année avance à grand pas. Les températures ont bien chutées; dehors, sur mon balcon, quelques petits flocons sont venus givrer les banquettes de fleurs que j'avais plantées au printemps dernier. J'ai fini par retourner à l'université, séchant un cours de temps à autre quand mes yeux s'emplissent de larmes en repensant à ce que j'ai perdu.