Chapitre 33

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** Trigger Warning **

Tout contrat de travail conclue avec une personne se révélant néostème handicapé·e devra être paraphé par un·e représentant·e du Centre de Soin et d'Analyse auquel la personne se révélant néostème est affiliée.

*dans le cadre d'un transfers de dossier avec un organisme médical, le contrat devra être paraphé par un·e médeci·n·enne participant au suivi de la personne se révélant néostème.

Art. 243-1 C3PM

(Code pour la Protection des Populations Melkiennes)


Après des heures à lutter, Erin s'était enfin endormie. Ce n'était pas la solitude qui l'avait tenue éveillée, ni le confort rudimentaire de la tente, ni même l'éclairage constant du camp. La présence de Tesse lui manquait. Au moment de sombrer, elle se réveillait en sursaut, piquée par le silence. Elle n'entendait plus sa respiration, ne sentait plus son poids sur le matelas, dès qu'elle plongeait, leur absence mettait tout son corps en alerte. Mais la fatigue gagna la partie, et Erin parvint à s'endormir, bercée par le parfum imprégné dans le tissu. Le cassis, lui, ne la quittait pas. Son odeur ne s'atténuait pas ; Erin jura même qu'elle se renforçait. Elle la baignait dans une sérénité enivrante, un calme devenu indispensable. Parfois, elle pouvait discerner dans les ombres de la tente, la courbe d'une feuille ou l'éclat d'une baie.

Un bras enlaça Erin. Il la tira du sommeil. De sa douceur, il l'invita à se redresser. La néostème se laissa guider. Elle sourit aux yeux gris qui la regardaient avec malice. Elle quémanda un baiser, mais n'obtint de Tesse que des caresses au creux de la nuque. La jeune femme tendit le cou. Les doigts d'Erin glissèrent sur ses cheveux châtains, chaque mouvement amplifiait le sucre de son parfum. Elle poussa son amante entre les branches et les fruits et réitéra sa demande. Pendant quelques secondes, les deux femmes s'observèrent, puis enfin, s'abandonnèrent l'une à l'autre. Erin soupirait entre chaque baiser, rendait chaque caresse. Ses doigts découvrirent un nouveau toucher ; sa peau accueillait de nouvelles tendresses. Les vêtements tombèrent ente les branches. Erin enfonça ses ongles dans les racines. Tesse redessinait sa poitrine. Son visage en caressait la courbure pendant que ses bras glissaient dans son dos. Elle se perdit avec Erin dans ses sentiments oubliés. Cette dernière ne savait plus comment respirer. La chaleur de son souffle perlait sur les feuilles. Elle se contractait un peu plus chaque seconde. La jeune femme pressait les hanches de son amante. Elle savourait la tendresse de ses seins, imprimant chacun de ses soupirs en sa mémoire. Tesse abandonna alors sa poitrine pour ses lèvres. Erin ne se lassait de caresser son visage. Elle voulut le retenir, mais il lui échappa. Les baisers glissèrent de sa gorge à son ventre. Là, Tesse prit plaisir à la faire languir. Elle regardait Erin étendue au milieu de la verdure. Plongée dans ses yeux, elle descendit entre ses jambes. Erin chercha sa main pour la serrer, mais ne trouva que son oreiller. Elle se redressa, fiévreuse et essoufflée. Son haut lui collait à la peau. Son esprit embrumé ne parvenait à balayer ni les images ni les sensations de son rêve. La jeune femme retomba sur le matelas. Le songe la hantait encore, à moins que ce soit l'odeur. Le parfum, toujours aussi intense, refusa de la laisser oublier. Erin renouait avec des envies et des pensées qu'elle croyait avoir abandonné. Du bout des doigts, elle redécouvrit ce qui la constituait. Sa propre peau lui semblait étrangère, la forme de ses os, de ses hanches ou de ses seins. Elle réapprenait à s'écouter, guidée par les restes de son rêve. Le cassis l'accompagna dans son émoi. Seule et protégée par sa tente, la jeune femme retrouva la chaleur d'un orgasme, sans jamais perdre le parfum de Tesse ou l'éclat de ses yeux.

Erin resta plusieurs minutes à fixer le plafond de sa tente. Même lucide, elle n'osait bouger. Il lui était impossible de se sortir Tesse de la tête. Au-delà d'une odeur captivante, tout chez la militaire l'apaisait. Erin permit à ses émois de s'exprimer, elle les écouta jusqu'à ce que les larmes montent sans raison valable. Le surplus d'émotions débordait, rien de plus. Elle se sentait bien, heureuse même.

Kalies - Tome PremierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant