Skull Island [Seventeen] ✅

Chapitre 19

Ce serait un euphémisme de dire que Jihoon est serein.

Au contraire, il a juste envie de s'enterrer six pieds sous terre et de ne plus jamais ouvrir les yeux. Il commence à paniquer ; il fait déjà presque nuit et aucune nouvelle de Soonyoung ou de Samuel.

Sa mauvaise humeur déteint sur les autres, tout le monde est sur les nerfs. Ils semblent tous au bord de l'explosion, fatigués de ce qui arrive depuis plus d'un jour.

La seule bonne nouvelle est que le bateau est presque paré, il ne reste que quelques petites retouches à faire et il sera sur pied dès l'aube pour permettre aux soldats de se diriger vers le point de rendez-vous.

L'heure du repas est arrivée et il a bien fallu que Jihoon rejoigne les autres lorsque son ventre lui a fait comprendre qu'il avait besoin de nourriture. Il a faim, mais c'est comme s'il ne pouvait rien avaler à cause de la pression et de l'inquiétude.

Il essaye de ne pas montrer cette part de lui aux autres, il ne veut pas passer pour le garçon dépendant de son petit ami qui ne pense qu'à lui. Bien sûr qu'il veut voir les autres vivants, Seungcheol, Jackson, Moonbin, Jaebum, Hongseok. Mais le fait est que ses pensées sont dirigées vers les deux personnes qu'il chérit le plus au monde.

C'est avec des poches sous les yeux et le regard neutre, sans sentiments, qu'il s'installe entre Jonghyun et Mark, sur une petite table dans un coin reposant, loin des autres personnes qui font du bruit et des couverts qui crissent à la moindre rencontre avec une assiette.

Jonghyun le salue d'un signe de tête que le rosé lui rend. Rocky, Mark et Chan parlent entre eux en chuchotant tandis que Seungkwan est endormi, sa tête posée sur l'épaule d'Hansol qui mange sans faire attention aux gens autour de lui.

Les indigènes sont plus loin, riant dans une ambiance joviale que Jihoon n'arrive pas à comprendre. C'est vrai que les soldats se sont invités chez eux, mais le coloré ne peut s'empêcher de les détester pour une raison inconnue.

Ils doivent connaître les lieux, les monstres qui se cachent dans la forêt, ils sont beaucoup, ils ont des armes, de la nourriture en abondance et semblent être de vrais guerriers.

Ils pourraient les aider, non seulement en les logeant, mais aussi en envoyant des troupes pour tenter de retrouver les autres. Pourtant, ils ne font rien et attendent simplement, comme si un miracle allait apparaître soudainement.

Jihoon lève la tête de son assiette et se tourne vers la seule personne libre, pouvant répondre à ses questions.

— Où sont Mingyu et toute la bande ?

Jonghyun boit un peu d'eau et se racle la gorge en tournant des spaghettis autour de sa fourchette.

— Minghao est au chevet d'Eunwoo pour vérifier son état et Mingyu fait son deuil. Leurs partenaires sont avec eux, j'imagine. Les autres doivent déjà dormir, ils ont mangé avant parce qu'ils étaient fatigués et épuisés, émotionnellement comme physiquement. Il y en a qui supportent plus que d'autres.

Un pincement au cœur prend Jihoon quand il repense aux événements survenus cette après-midi. Comme l'avait annoncé Minghao, Jaehyun n'a pas survécu. Il souffrait trop et il n'y avait aucun moyen de le sauver, il s'est éteint entouré de tous les soldats qui étaient présents pour lui dire au revoir.

Mingyu était probablement le plus touché par son décès. Ils sont meilleurs amis après tout, ils se connaissent par cœur et ont vécu de nombreuses choses ensemble. Des fous rires jusqu'aux larmes, ils ont tout connu et tout traversé.

Cette situation rappelle de très mauvais souvenirs à Jonghyun, et en même temps de merveilleux moments qu'il ne voudrait jamais oublier.

Si Jihoon devait définir Jonghyun en un mot, ce serait "Lion". Il y a un célèbre proverbe africain qui dit :  «Ceux qui sont destinés à devenir grands sont caractérisés par la patience, ils sont forgés dans les épreuves. Leurs racines se fortifient dans le secret. Le silence les construit et ils apprennent dans l'humilité, souvent même dans l'humiliation. Mais quand vient leur temps, ils sortent non pas comme des lionceaux, mais comme des lions».