Prologue

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       Un vent froid de novembre souffle entre les arbres qui s'élèvent vers le ciel étoilé de la nuit glaciale. Il fait grincer les branches si fort qu'on aurait crû des os qui se brisent. Quant aux feuilles elles sont semblables à des murmures, ceux de la nuit. À travers cette sombre et épaisse forêt se trouve un manoir, un grand manoir victorien dont les occupants dorment dans un profond sommeil. Sauf un.

S'il l'on grimpe au première étage et que l'on traverse les multiples couloirs qui sont les veines de cette gigantesque demeure. On trouve tout au bout d'un couloir au parquet vernis et aux mur couverts de tableau une porte de chambre.

Celle-ci grince énormément à chaque ouverture et claque à chaque fermeture.

A l'intérieur, c'est une pièce d'enfant. Elle est spacieuse avec un parquet de bois vernis couvert d'un tapis bordeau qui chatouille les pieds nus et qui sert de terrain de jeu au même enfant qui l'occupe. Il y'a également des meubles comme la grande armoire massive qui accueille ses vêtements, une bibliothèque débordante de livre et un autre sur lequel repose de vieux jouets.

Au coin de cette chambre un rocking-chair attend sagement d'être balancé. Sa forme de bois élégante est éclairée par les rayons de lune qui traversent l'une des fenêtres qui donne une vue sur le terrain du manoir et la forêt mouvante au désir du vent.

Mais tous ces objets inanimés non pas d'importance, car ce n'est pas eux qui terrifie l'enfant caché sous sa lourde couverture dans son grand lit.

Assis sous l'épais drap, Jonathan serrait très fort fort sa couverture, à son âge il ne devrait plus être effrayé par ce genre de chose. Mais les bruits de la nuit le terrifie. Le vent faisait craquer le bois et les petites fissures invisibles l'oeil nu et laissait passer les inquiétants murmures du vent. Jonathan sursaute lorsque que le hulument d'un hiboux perce la nuit. L'enfant laisse échapper un bruit de terreur quand un morceau de bois craqua dans un son atroce d'os qui se brise sous une botte.

Jonathan sert encore plus le tissu entre ses doigts pâles. Il laisse échapper un souffle tremblant entre ses lèvres et rassemble tout son courage pour retirer la couverture de son corps. Il fait face à l'obscurité qui n'est percée que par la faible lumière de l'astre pourtant il peut distinguer sa chambre. Une bourrasque de vent se déchaîne et fait frémir les vitres. Jonathan bascule son regard vers cette vitre et ne se sent en rien rassuré par la vue effrayante qu'offre la forêt.

Un frisson parcoure le corps de Jonathan. Lorsqu'il attend le rocking-chair basculer dans un craquement faible mais régulier. L'enfant se retourne subitement mais ne prend pas le temps d'observer la figure assise sur la chaise et se cache sous la couverture, tremblant de peur. Son souffle est irrégulier et les battements de son cœur cognent violement contre sa poitrine et résonne dans ses oreilles comme un tambour à une allure démesurée.

Cela dure de longues secondes – peut-être – avant que son souffle se stoppe brutalement alors qu'un doux murmure vient à ses oreilles. Jonathan comprend bien vite que c'est un chant. Une chanson douce et étonnamment familière.

Jonathan retire avec lenteur la couverture qui tombe devant lui. Il inspire un grand souffle qui se bloque dans sa gorge quand ses yeux se pose sur la figure assise sur ce rocking-chair.

Elle lui semble mince et grande, malheureusement l'obscurité lui permet à peine de distinguer son visage. Jonathan ne peut noter que de vagues détails comme une voix douce presque ensorcelante, une peau pâle qui doit sûrement venir de la lumière de la lune haute dans le ciel et de long cheveux qui se confondent dans les ombres. Il lui est impossible de voir ses yeux, pourtant il les sent poser sur lui avec douceur. C'est une sensation qui le rassure et qui semble éloigné les sons terrifiants provenant des ténèbres.

Jonathan sent sa vision se troubler et ses paupières devenir lourdes. Il les frotte avec sa main, mais est comme enveloppé dans une couverture chaude que lui procure ce doux chant. Sa tête devient de plus en plus lourdes malgré sa lutte contre le sommeil qui menace de l'emporter. Son corps tombe comme une masse sur le matelas et une fois ses yeux clos, Jonathan est vite emporté par la fatigue et la mélodie s'efface en murmure.

Les Enfants De La Nuit [MxM]Where stories live. Discover now