Ce fut avec bonheur que je fracassais le réveil qui me hurlait de prestement cesser mon paisible roupillon.
J'avais bien dormi.
Un bon gros dodo dont je m'étais délecté avec bonheur.
Une bonne journée s'annonçait.
Je jaillis hors de mon lit, prête à entamer cette nouvelle matinée qui s'offrait à moi, et manquais de peu d'aller faire copain-copain avec le sol.
Ma tête encore toute ensommeillée ne distinguait encore pas très bien les murs du carrelage.
Ma toilette faite en deux temps trois mouvements, je me munis d'un jean clair, d'un gros pull blanc et d'une paire de baskets, avec lesquelles je courus réveiller les deux grosses larves qui me servaient de colocataires.
J'allais sans aucun doute me faire jeter dehors, carboniser, voire très probablement foudroyer, mais j'étais de bonne humeur. Les dommages collatéraux passaient.
Sûrement le goût du risque.
C'est ça ouais, le goût du suicide prématuré.
Un large sourire plaqué sur mes lèvres fraîchement recouvertes de gloss - histoire de rayonner encore plus de l'extérieur au cas où ma bonne humeur n'était pas assez visible -, je tambourinais à la porte d'Eden.
Sans attendre la réponse qu'il n'était très certainement pas disposé à me donner, je débarquais dans sa chambre comme une furie, et claquais la porte derrière moi.
- « Bonjour !
Affalé dans ses draps, Eden se retourna sous l'épaisse couette qui le recouvrait en grommelant dans sa barbe.
La figure à présent ancrée dans son oreiller, la larve se mit à rouspéter - chose plutôt étrange pour une larve.
Parmi l'amas de protestations indistinctes, seuls les mots ''chieuse'', ''pioncer'' et ''dégage'' me furent clairement audibles.
Ce qui pour le coup n'était pas super sympa de sa part.
Au moins je n'avais pas été cramée par un éclair.
C'était déjà ça.
- Ronflex veut pas sortir de sa tanière ? Moooh. Adorable le petit animal. »
Pour toute réponse, la bébête émit un grondement menaçant.
Pas content dis-donc.
Mon côté chieuse refaisait surface.
Eden allait en payer les frais.
Et très certainement moi aussi par la suite.
L'idée d'ouvrir en grand les rideaux ainsi que de remonter les stores me parut très adéquate.
Voire très satisfaisante.
Contempler son faciès matinal chiffonné par les draps et crispé par le jour devait être une expérience digne d'une vie.
Surtout pour les sensations fortes qui allaient suivre.
Joignant le geste à la parole, je m'empressais vers les rideaux, intérieurement morte de rire à l'idée du pétage de plomb d'Eden.
Oulala.
J'actionnais la remontée des stores.
Le Ronflex sauvage gigota, se doutant que l'abri que constituait sa tanière allait bientôt s'avérer inutile face à la lumière du jour.
Les stores furent bientôt totalement repliés.
Ne manquait plus qu'à tirer les rideaux.
D'un grand geste, je ramenais les épais pans de tissu sur les côtés.
Vlan.
Eden poussa un grondement qui n'annonçait rien de bon.
Ses cheveux d'ébène camouflaient son profil dans une cascade de boucles sombres, ne me laissant que faiblement percevoir l'arrête droite de son nez.
Les poils de la bête.
Un bras émergea alors des draps.
Brandi, il fendit brusquement l'air comme s'il eût tenté de le couper.
Une brusque rafale me heurta de plein fouet, manquant de me flanquer au sol.
Les rideaux se refermèrent alors dans un claquement sec, me faisant glapir de surprise.
La patte de l'animal retourna s'abriter dans sa grotte, ayant accompli son devoir.
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Êtres d'Exception - En Correction
ParanormalJe courais. À en perdre haleine. Dans tous les cas, je ne respirais plus. Seuls les pulsions effrénés de mon coeur résonnaient au creux de mes oreilles. Ils annihilaient toute mon audition... Et martelaient mes sens dans un battement irrégulier. ...
