Chapitre 1 - De feu, d'eau et de sang (3/3) ✔

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Cela allait faire deux heures.
Voire plus.

Deux foutues heures que je marchais dans cette foutue forêt.
En essayant tant bien que mal de ne pas me casser la figure parmi ses foutues racines.
Exaspérée, je shootais violemment dans un pierre, l'envoyant valser parmi les touffes de fougères.

- « Bon, que me disent de faire ces psychopathes maintenant ? » Marmonais-je.

Je constatais avec étonnement que la peur s'était peu à peu muée en exaspération.
Elle s'était même carrément transformée en une colère noire, qui me faisait vrombir de la tête aux pieds.
Mes doigts redéplièrent le bout de papier d'un geste rageur.

Vous vous approchez du but.
Suivez votre instinct.

Deux pauvres phrases vides de sens.
Un ricanement nerveux s'échappa de mes lèvres gercées.
Je secouais la tête, en pleine désillusion.

Suivre mon instinct.
Mais quelle bonne idée.
Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ?

J'accélérais la cadence, donnant ses coups de pieds dans les éléments qui avaient l'audace de se dresser sur mon passage.

M'enfin, c'est surtout Lyse le gros bourrin dévastateur qui se met en travers de la forêt.
La. Ferme.

Mon instinct avait bien failli me tuer une bonne dizaine de fois aujourd'hui. Dans des circonstances plutôt diversifiées, avec le bonus ''terreur maladive'' en prime.

Par ailleurs, mon instinct m'imposait à présent d'aller creuser un terrier pour y piquer un bon gros roupillon.
En disant bien évidemment à toute l'équipe des psychopathes teigneux d'aller se faire mettre leur ''chasse au Trésor'' où je pense.

La chose aurait été mise en application séant si je n'étais pas assez inquiète quant au sort de mes parents.

Cette lettre ne servait vraiment à rien.
Des explications explicites, c'était trop demandé ?
Je manquais de mourir, pour finir par marcher sans but aucun dans un endroit absolument sans fin, et c'était la quoi la suite ?

Prise d'une pulsion rageuse, je déchirais le papier et je jetais ses morceaux sur le sol, les piétinant activement.

De toute façon c'était biodégradable cette merde.

Voir la note ainsi déchiquetée m'apporta une immense sensation de satisfaction. Sensation qui disparu dans la seconde qui suivit, à l'image placardée dans mon esprit de mes parents kidnappés.

Une vague de tristesse me submergea. Je chancelais, aveuglée par les rayons du soleil.
J'en avais trop vu.
Du sang caillé maculait mes mains, dévalant mes phalanges sous l'assaut de ma transpiration.
J'étais couverte de sang.
L'hémoglobine séchée poissait mon jean dont l'élasticité semblait n'avoir jamais existé. Le tissus rêche râpait mes cuisses courbatuées, rendant chacun de mes pas plus difficiles.
J'avais envie de vomir.
Mon nez s'était habitué à l'odeur depuis longtemps, même si des relents de sang et de transpiration, animés par ma chaleur corporelle, se dégageaient de mes vêtements.

Les gouttes salines de ma sueur assaillaient mon visage, le brûlant sous chaque nouvel assaut.
Mes doigts retracèrent les entailles qui fendaient mes joues et mon front, ce qui déclencha une nouvelle sensation de brûlure.
Je ne m'étais pas ratée.

La douleur à laquelle j'avais été rendue insensible dans ma course se diffusait lentement. Mais sûrement.
Je grimaçais.

D'après mes souvenirs, le temps dont je disposais pour retrouver mes parents était presque écoulé ...
S'il n'était pas déjà trop tard.

Êtres d'Exception - En CorrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant