Chapitre 3 - Haine viscérale et éducation sportive (2/4) ✔

2.3K 190 30
                                    


Le cours de sport avait duré toute la matinée.
Quatre foutues heures intensives, et ce un jeudi matin.
Satisfait de nos visages rouges et luisants de sueur ainsi que de nos quintes de toux à s'en décoller les poumons, Endrick nous avait finalement congédié, après un énième ''Et entre les cours de sport, on continue le sport, bande de feignasses !''. J'avais entre temps appris le nom du tortionnaire qui nous réduisait les muscles en bouillie sans une once de remords.

Après avoir attrapé mon sac de sport, j'avais foncé dans les escaliers qui menaient aux dortoirs, lésinant les douches communes.
J'avais simplement voulu me retrouver seule. Pour réfléchir.
Le mur psychologique qu'Hélios m'avait lancé avait littéralement manqué de me faire vomir.
Je ne voulais pas que mon existence soit réduite à ça. Je m'étais sentie contrainte. Prisonnière. Traquée comme une bête.
Et ces émotions dominaient toujours mon esprit tourmenté, tournoyant comme des vautours prêts à assaillir le moindre de mes espoirs. Le moindre ''Rien ne me dit qu'Hélios soit honnête'' se faisait lapider par leurs serres voraces.

J'arrivais dans ma chambre, à bout de souffle.
Une douche.
Il me fallait prendre une douche. Bien froide.
Et si possible, mourir noyée par le jet d'eau, histoire de rompre les prédictions du foutu Être d'Exception.

Debout sous le jet d'eau froide, j'appuyais mon visage contre le mur.

Et je fondis une nouvelle fois en larmes.

Secouée de sanglots silencieux, je pleurais l'enfer que les deux garçons étaient en train de me faire vivre. Que la découverte même de mes Facultés me faisait vivre.
Le pire était que leurs paroles des deux Êtres d'Exception avaient des accents de vérité non négligeables.
Mais alors quoi ?
Alors j'allais finir par délibéremment tuer quelqu'un ? Alors j'allais devenir un danger permanent, à la merci de foutues Facultés dont j'avais ignoré l'existence jusqu'à présent ?

Ce qui m'avait paru si incroyable m'apparaissait à présent comme un véritable fardeau.

Mais je n'avais rien demandé ! Rien du tout !

Un organisme génétiquement modifié.

Les mots d'Eden rompirent le fil de mes pensées.
Je frissonnais.
Ça n'était pas possible. Ça n'était tout bonnement pas possible. De telles expériences sur les humains étaient interdites. Nous n'étions pas des cobayes.

Qu'est-ce que tu en sais ?
Naïveté, quand tu nous tiens...

J'allais réellement finir par péter un câble si je continuais comme ça.
Et par blesser des gens au passage.
Après tout, j'avais déjà blessé un Métamorphe. Et j'avais déjà blessé Eden également...

Le début des prédictions d'Hélios.
Tellement...
Instable.

De toute évidence, moi aussi, je n'échappais pas à la règle. J'étais instable.

Je m'accroupis sur le carrelage, la tête enfouie entre mes bras.
L'eau se mêlait au mélange salin de mes larmes et de la sueur.
Tout ce dont j'avais envie, c'était de rentrer à la maison. D'oublier toute cette histoire de dingue.
Si avoir des Facultés impliquait souffrir perpétuellement en ayant conscience de pouvoir à tout moment blesser les autres, je préférais ne pas en avoir du tout.
Surtout que cela impliquait également vivre au quotidien avec deux garçons prêts à me blesser aussi bien physiquement que psychologiquement.
Du harcèlement scolaire, en plus de la torture psychologique liée à mes Facultés.

Je frémis.

Je voulais juste rentrer chez moi.
Et je devais retrouver mes parents. Coûte que coûte.
Mon plan destiné à faire bonne figure au sein de l'Académie était terminé.
J'en avais assez.
Rien ne me garantissait que mes parents étaient en sûreté. Que leur sort ne dépendait pas de ma progression dans l'Académie.

Êtres d'Exception - En CorrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant