Êtres d'Exception - En Correction

Chapitre 7 - Révélations et déductions (3/3)

Je déglutis, clignais une nouvelle fois des yeux, et repris.

- Tu t'amuses bien dans mes fringues ? Je savais que tu avais un petit côté féminin qui ne demandait qu'à ressortir, mais tu peux demander avant de voler mes culottes.

Keryan ouvrit de grands yeux ébahis.

- On croirait entendre Nath. Fais gaffe, il déteint sur toi.
Et c'est pas forcément une bonne chose, chuchota-t-il, l'air conspirateur.

- Génial. Tu ne réponds toujours pas à ma question, là. Et en plus tu fous des plumes partout.

Le rouquin jeta un bref coup d'oeil par dessus son épaule, lorgnant ses ailes blanches avec intérêt, puis haussa les épaules.

- Tes fringues seront plus confortables.

Il reporta son attention vers la porte de ma chambre.

- Je fuis mon oncle, fit-il pour toute réponse.

- Pour changer, marmonnais-je en croisant les bras.
Vas le fuir ailleurs. J'aimerais bien me changer tranquillement, si tu vois ce que je veux dire.

Keryan délaissa la porte du regard pour venir le river ses prunelles de miel sur moi.
Il dévala mon corps des yeux, seulement recouvert d'un peignoir.

- J'vois pas du tout.
C'est pas comme si je t'avais jamais vue à poil.

Pardon ?
Hébétée, je contemplais son sourire rayonnant, comme un gosse à qui on venait d'annoncer que le père Noël allait faire une tournée générale tous les mois.

- Bah quoi ?

- Arrêtes de dire n'importe quoi, soufflais-je, suspicieuse.

Keryan m'adressa un clin d'oeil, faisant rougir mes joues comme de grosses tomates bien mûres.

- T'as beau être au dernier étage, t'as une très très grande fenêtre dans ta salle de bain.
Facilement atteignable avec de très très grandes ailes.

Comme pour appuyer ses paroles, il agita ses plumes blanches, venant secouer la penderie.

Ahurie, je ne pouvais qu'observer ce gamin de seize ans dont le sourire s'élargissait de minutes en minutes.

- T'es qu'un petit... »

Alors que je m'apprêtais à lui faire la morale - soit le faire sortir à coups de pied dans le derrière, la porte de ma chambre s'ouvrit dans un grand bruit.

C'était devenu une manie ici d'éclater les portes.

Eden fit son entrée, suivit de Nathaniel.

Voir leurs deux figures côte à côte raviva les souvenirs que Nath avait fait émerger quelques heures auparavant.

Peut-être qu'au final, le Métamorphe avait raison.
Les choses étaient en train de changer.
En quelque chose de meilleur.

- « Trouvé, lâcha l'oncle avec un sourire carnassier.

Disparu le Nathaniel nostalgique qui s'était confié à moi quelques instants plus tôt.
La joyeuse façade annonçant une bonne humeur perpétuelle avait retrouvé sa place.

Attristée, je contemplais son visage heureux, alors qu'il se chamaillait désormais avec son neveu.
Et dire que j'avais entraperçu le revers du masque pendant quelques minutes.

Ici, tout le monde revêtait une épaisse carapace.
Hélios. Puis Nathaniel. Ou Alix. Et Eden.

- C'est quoi cette mine d'enterrement ? Chuchota une voix à mon oreille.