La fuite

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- Jeanne...
Tintin avait mal. Il était dans le noir, allongé. Il faisait froid, mais il sentait une chaleur émaner de son côté droit. En fait, cette source de chaleur était une personne très menue, collée contre lui.
- Jeanne ?  Fit-il, plus fort. La jeune fille se leva vivement et alluma une lampe.
- Tintin ! Dieu merci, vous êtes en vie ! Comment allez-vous ?
- Fourbu, et endolori. Et vous ? Ils ne vous ont rien fait ?
- Quand cesserez-vous de vous inquiétez de tout sauf de vous-même ? Il faut que nous trouvions  une issue, pouvez-vous vous lever ?
Le jeune homme se mit sur les coudes, puis ramena ses jambes sous lui et se redressa, étouffant un gémissement.
Son amie, le voyant vaciller, se précipita pour le soutenir, le regardant avec compassion.
- Ces bandits n'y sont pas allé de main morte !
- Jeanne...
- Je vais les faires payer...
- Jeanne !
Elle s'arrêta, tournant ses grands yeux vers lui.
- Je sais. Mais vous n'êtes pas responsable des erreurs de votre famille.
- Mon père était un criminel, Tintin ! C'était mon modèle ! J'ai voulu toute ma vie lui ressembler ! Et j'apprends qu'il trempait dans les crimes que vous combattez ?! Je ne vaut peut-être pas mieux que lui...
Annéantie, elle se laissa tomber à genou au sol.
- Oui, mais votre père s'est racheté. Il nous à donné l'occasion de définitivement mettre Mantichora hors de nuire. Il faut récupérer la clef.
- Je suis bien d'accord avec vous; j'ai même commencé à réfléchir à comment faire. Voilà comment nous allons procéder...

Quand Evanleck entra dans la cale, il s'attendait à tout sauf à la scène qui l'accueillit. Il ouvrit la porte, et alluma sa lampe. Étrange, il n'y avait aucun bruit... Soudain, il tomba en arrêt, figé d'horreur. Étalée au sol, face contre terre, sa robe blanche ruisselante de sang, Jeanne Lambert gisait. Il appela aussitôt à l'aide; un matelot vint, et se précipita aussitôt pour prévenir le Colonel.
Halluciné, il s'approcha du corps dénué de vie. Mal lui en prit, car, sans qu'il ait le temps de crier, la petite main de la "défunte" s'agrippait à sa cheville, et, un fraction de secondes plus tard, il gisait, inconscient.
Tintin surgit, et, le temps d'échanger un regard malicieux avec la fausse morte, il dissimula l'homme assomé derrière des caisses et se cacha à nouveaux. Le colonel apparut à la porte, et, ordonnant à ses hommes de rester en arrière, il s'avança vers le "cadavre". La porte blindée se referma derrière lui; et il comprit le stratagème.
- Très intelligent, chère nièce... Tu aurais ta place à mes côtés.
La comédienne en herbe se leva, lui lançant un regard dédaigneux;
- Même pas en rêve !
Elle lui sauta dessus, le faisant basculer. Tintin sortit et lui assena un phénoménale coup sur la tête.
- Bingo, Tintin ! Mon pendentif est là !
- En tout cas, ces tomates en conserves nous ont été vitales ! Notre petite mise en scène était parfaite !
Soudain, la porte se mit à trembler.
- Vite, ils vont la faire sauter !
Ils se précipitèrent vers des caisses, qu'ils mirent à pousser sous le hublot.
Soudain, sans que la jeune femme le voie, Spontz se releva et se précipita sur elle. Désespéré, elle lança le pendentif en l'air, que son ami attrapa d'un geste adroit. En se redressant, il poussa par mégarde une caisse, qui manqua Jeanne de peu, mais que le colonel prit en pleine tête. Tintin brisa la vitre et sortit, s'agrippant d'une main au bastinage d'un navire qui, par bonheur, se trouvait à moins d' un mètre, tandis que la porte sautait. Il lacha Milou sur le pont et tendit la main à Jeanne pour l'aider à sortir, mais celle-ci, le regardant tristement, se tourna vers les bandits;
- Fuyez, mettez la clef en sureté ! Je vais les retenir ! Et elle se jeta dans la mêlée tandis que le bateau qui servait de refuge à son ami s'éloignait.
- Jeanne ! Non...




Les Aventures de Tintin - Tintin en ItalieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant