Asile de jeunes passifs

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Baekchi, le centre pour les élèves aux capacités mentales perturbées. C'était comme cela qu'on l'appelait à l'extérieur, mais en fait, c'était clairement un asile rempli de tarés.

Nous y étions enfermés sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Bien évidemment, nous ne pouvions voir personne du monde extérieur sauf lors de journées spéciales et même le personnel du centre résidait dans un autre bâtiment du domaine, excentré du bloc principal.

Le bâtiment principal du centre - autre que le siège administratif - contenait des salles de classes sur trois étages. Trois ? Mais alors, où se étudiaient les bracelets pourpres ?

Ils restaient dans leur chambre tout le temps, et participaient à leurs cours depuis celle-ci. Ils recevaient également le passage de psy, de médecins et même d'officiers de police. Je ne savais rien sur eux, à part le fait qu'ils étaient dangereux.

Mais je n'en avais jamais rencontré aucun, puisqu'ils ne sortaient pratiquement jamais.

Il m'était arrivé parfois de croiser des jeunes aux bracelets rouges, mais je n'avais jamais affronté leur regard. Ils marchaient toujours tête baissée, suivi de près par un des membres du bureau des élèves, souvent blanc, ou parfois vert.

Ce conseil contribuait à la vie étudiante de l'établissement, chose qui ne m'intéressait absolument pas. La raison était simple : je ne voulais pas spécialement côtoyer les fous.

Pour le reste, il existait trois dortoirs. Un pour les filles du premier au troisième stade, et un autre pour les garçons des mêmes stades.

En ce qui concerne les salles de classes, le bâtiment A rassemblait les bracelets blancs et verts sur les deux premiers étages. Le troisième accueillait les bracelets rouges de sexe masculin, le quatrième ceux de sexe féminin.

Je ne sais pas vraiment pourquoi les deux genres de ce stade sont séparés. À vrai dire, je n'ai pas vraiment cherché à le savoir. Et enfin, le bâtiment qu'on appelait D pour les violets.

Les classes vont de A-1 à D-2. Et moi, je faisais partie de la A-2. Je me nommais Park Hyejin, et j'étais dans cet établissement depuis seulement un mois. Pour cause, j'avais été transférée en milieu d'année.

Ça arrivait souvent, ici. Il fallait dire qu'on ne pouvait pas prévoir la date où l'on allait découvrir que telle personne était folle. Ce pourrait être votre voisin, votre postier, votre ami et parfois même un membre de votre famille...

Voilà les seules informations qui vous identifiaient et permettaient de vous classer :
Park Hyejin - 19 ans - corpulence menue - 1.62 - 47kg - cadre familial normal - phobie accrue de...

Je m'arrête devant la grande porte en bois, épaisse et décolorée par le temps. Je toque trois fois, et une voix grave et masculine appartenant à un homme d'âge mûr m'autorise à entrer.

Derrière la porte m'observe patiemment cet homme d'affaires assis sur sa chaise, le menton posé sur le dos de ses mains. Je m'avance et m'assois sur la chaise qui lui faisait face.

Nous passons quelques instants dans le silence, alors que je m'occupais à le détailler. Des cheveux sombres biens coiffés qui descendaient par endroits sur son front, ses yeux perçants et les bagues aux doigts, tout le monde le trouvait craquant. C'est aussi le cas pour moi, même si j'étais loin de prétendre à le courtiser.

- Bonjour monsieur le directeur, déclarais-je poliment, on m'a informé que vous vouliez vous entretenir avec moi.

- C'est le cas, mademoiselle Park, me répond-t-il gravement, me faisant comprendre que j'avais mal agis et que ce n'étaient que des sermons qui m'attendaient. J'ai été informé que vous aviez été absente à vos rendez-vous chez le psychologue.

Devil's Sheep / K.Thg. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant