Chapitre 21

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Pdv de Caleb.
24 juillet 2019 // 18 : 50

Ça fait maintenant un bout de temps que je n'arrive pas à cesser mes sanglots. C'est bien la première fois de ma vie que je suis dans un état comme celui-là devant une personne.
Je regrette tellement de l'avoir fait pleurer quelques secondes auparavant, de l'avoir bradasser comme ça, d'avoir jeter cette bière par terre et d'avoir cassé son téléphone. Je me sens quand même très honteux... Mais je n'arrive pas à parler. Je n'arrive pas à lui dire que je suis désolé d'avoir réagi comme ça. Mais je n'y peux rien, je suis comme ça. Si je n'avais pas ce fichu syndrome, je serais peut-être mieux que.. ça ?
Ely n'a pas dit un mot depuis que j'ai crié. Elle me regarde fixement, ne sachant sûrement pas quoi faire.
Moi enlassant ses jambes, elle ne bouge pas.
Mais tout à coup, elle se baisse à ma hauteur. Elle me prend à son tour dans ses bras et dit avec sa voix cassée :

— Je suis là. Alors calme toi.

Et quelques minutes après, ma respiration a repris son rythme normal. Je ne tressaute plus et mes larmes ont arrêté de couler.

— Qu'est-ce qu'il se passe en ce moment ? m'a-t-elle demandé doucement, toujours collée à moi.

— J'ai pas pris mes médocs. Je prends jamais mes médocs à cette période-là. Ma mère doit être morte de trouille de me savoir sans ça.

— De quoi est-ce que tu me parles ?

Elle m'a lâché et a reculé de façon à me regarder droit dans les yeux. Mais je n'arrive pas à soutenir son regard. Alors, le visage rivé sur le sol vert, j'ai prononcé pour la première fois à voix haute :

- Ely, j'suis borderline.

J'ai pris une grande inspiration et ai continué :

— Il y a trois ans, j'étais vraiment pas bien. Je cognais tout ceux qui m'emmerdaient, filles ou garçons je m'en fichais. Je passais mes nuits au lit avec à chaque fois une nouvelle fille. Je buvais dès que mes parents avaient le dos tourné. J'ai même pensé à.. sauter par le fenêtre de ma chambre afin de stoper tout ce vacarme. Et ma mère m'a vu à ce moment-là, elle était tellement terrifiée. Elle m'a emmené voir un psy et j'suis resté une semaine dans un hôpital avec des plus ou moins fous, des suicidaires et des accros. Comme ça ne m'a rien fait à part empirer mon état, ils m'ont fait sortir, m'ont donné ces médicaments et depuis j'allais mieux. Donc j'me suis dit que peut-être que ça irai. Tout allait bien avant. Puis t'es arrivé.

J'ai levé la tête et l'ai vu. Elle était sans voix, me regardant avec ses yeux qui brillent, sa bouche béante et ses bras ballants.

— Mais tu n'es pas comme les filles d'avant. C'est sûr. Et puis c'était du passé ça. Maintenant tu es là.

Toujours aucune réaction. Elle ne parle pas, ne bouge même pas le petit doigt.

— Peut-être que je n'aurais pas dû dire ça.. finis-je par murmurer pour moi-même.

Mais c'est à ce moment-là qu'elle dépose un baiser sur ma joue. Celles-ci s'empourprent de suite après, alors je repose ma tête contre son cou, de façon à ce qu'elle n'ait pas à voir mon visage troublé.
Puis elle me dit :

— Cela m'importe peu.

Comment ça ? Parle-t-elle de son furtif bisou ? Si c'est cela, pourquoi l'a-t-elle fait ?

— Cela m'importe peu que tu sois malade. J'aimerai juste que tu sois heureux.

Alors je la prends encore une fois dans mes bras. Je suis si soulagé. Mais ce baiser était donc pour dire que je lui plaisais ou simplement parce qu'elle m'appréciait, en tant qu'ami ?

— Alors ça veut dire quoi ? Pourquoi tu m'as embrassé ?

— J'en sais rien. J'en avais envie peut-être, a-t-elle répondu en rougissant.

Et j'ai souris, content.
Puis nous avons commencé à faire demi-tour en direction de notre camp, tout de même radieux.

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