La symphonie endiablée par perosiav

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Le texte - Sans titre, par perosiav

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Mes adorables lectrices,

Avez-vous passé de bonnes vacances de Pâques de l'an de grâce 1994 ? Gâté vos enfants avec des chocolats ? Savouré un excellent agneau Pascal, concocté avec amour par votre maman (que la cuisine de belle-maman n'égalera jamais), en famille ?

Ou bien, avez-vous eu le privilège d'échapper au mauvais temps de début avril pour un voyage au soleil ? Vous êtes-vous alors prélassées sur une plage, ou au bord d'une piscine, tout en épiant derrière votre livre (ou un exemplaire des Cancans du Coin) la gent masculine ? Où va donc votre préférence ? Vers celui avec ses lunettes à monture d'écaille, le front plissé, en train de lire Financial Times (son léger embonpoint ajoute du charme à son portefeuille, vous ne trouvez pas) ? Vers l'Apollon qui aligne les longueurs (dont vous avez eu le soin de juger les abdos d'un œil expert avant qu'il plonge sans faire une éclaboussure), comme si c'était une simple formalité ? Ou vers le jeune gringalet au regard timide posé sur vous, la merveilleuse déesse des lieux ?

Retroussez vos manches, penchez-vous sur votre plus beau papier, suez à grosses gouttes (évitez qu'on vous voie quand vous tirerez la langue), et envoyez-moi votre récit sur vos vacances. Les plus piquantes auront l'honneur de figurer dans ma magnifique tribune.

Et moi, vous demandez-vous ? Comment ai-je profité de mon temps libre ? À écouter de la musique classique. Oh, ces yeux de merlans frits que vous me montrez ! Abandonnez-les tout de suite (cela vous enlaidit en plus, avec cet horrible champ de ridules). Pourquoi ne pourrais-je pas m'intéresser à cet art ? Parce que vous imaginez une anguille sous roche ? Vous vous dites : la Plume acerbe a une idée derrière la tête, ce n'est pas possible autrement.

Ah, vous me connaissez trop bien, mes chéries !

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L'avis

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Je lirais bien la suite !

J'ai commencé par croire à une erreur. J'ai froncé le nez sans comprendre ce que je lisais, puis ma voix de lectrice (celle qui fait sonner les mots dans ma tête, qui leur donne l'intonation) a pris le ton d'une présentatrice des années 60 (oui, je sais, y'a marqué 94, dans le texte, mais il a une teinte surannée saupoudrer d'injonction aux relents sexistes qui m'évoque plus la ménagère américaine prérévolution sexuelle que les années 90), au timbre rétro et un poil nasillard. Bref. L'immersion a fonctionné.

Mais alors, qu'est-ce qui a fonctionné sur moi ?

Bon déjà, j'ai été très intriguée, parce que ça ne ressemble pas à un début de roman classique. Ça ressemble plus à l'extrait du courrier des lectrices des magazines que lisait ma grand-mère - et que je feuilletais sans conviction les jours de pluie, pour tromper l'ennui.

Ensuite, pour les auteurices qui attendent leur avis, je vous invite à me donner, en commentaire, le mot de passe laissé dans la partie précédente ! Celui ou celle qui trouera en premier pourquoi j'ai choisi ce mot en particulier sera certain de voir son avis posté bientôt, pour les autres, je tirerais au sort un deuxième texte ! J'aimerais aussi votre opinion sur cette façon de procéder : est-ce que ces petits défis et tirages au sort vous plaisent ? Ou sont-ils trop contraignants et préféreriez-vous un simple "premier arrivé, premier servi ?"

En fait, ce qui me plaît, c'est que c'est que le texte joue sur plusieurs diégèses en même temps : celle de Plume acerbe (qui elle-même créé un récit dans le récit), celle des lectrices qui doivent la lire, et la mienne, qui suis aussi lectrice et qui me retrouve prise à partie.

L'enchaînement de questions / suggestions raconte une espèce d'histoire dans l'histoire qui, en filigrane donne des indices à la fois sur le personnage auteur de ces lignes, mais aussi sur les lectrices qui les lisent - sauf qu'à ma différence, ces lectrices fictives ont, elles, choisi avec soin le magazine à feuilleter, alors que moi, j'étais partie sur un roman, pas une feuille de chou. Mais j'apprécie le piège, auquel je ne m'attendais pas, et je crois que c'est ce qui fait toute l'efficacité de ce début de roman - sur moi, au moins.

C'est très efficace, en quelques lignes je sais que ce roman aura une construction originale, j'ai identifié le caractère du personnage principal, j'ai saisi le ton général - et ils me plaisent, le ton, et le personnage, même si je sais que je les déteste déjà et que je vais adorer les détester. Je n'ai pas saisi les enjeux de l'histoire, mais à ce stade, rien de plus normal... à vrai dire, je me demande même comment on peut mener une histoire avec ce type de récit. Donc ça m'intrigue. Donc c'est bien.

J'aurais quand même deux remarques/pistes d'améliorations :

- J'ai eu un tout petit peu de mal à passer de l'agneau Pascale aux vacances au soleil, puis, de passer de vacances au soleil conditionnelles ("vous êtes vous alors ?") à la certitude de ces vacances ("Où va donc votre préférence ?"). Il me semble que, pour rester logique, tout aurait dû rester au conditionnel (mais en même temps, cela serait assez lourd).

- "et envoyez-moi votre récit sur vos vacances." → "et envoyez-moi le récit de vos vacances." non ?

En résumer, donc, un début de roman hyper intriguant, avec un style marqué et une écriture quasi impeccable ! Miam.

Ha, si : -_- c'est pas sur Wattpad. Franchement, c'est cruel.

1800 signes - avis sur vos débuts de romansWhere stories live. Discover now