À l'accueil on m'informe que le lieutenant est en déplacement pour la journée et qu'il devrait être de retour dans une heure ou deux. Je n'ai rien d'autre à faire de toutes façons alors je m'installe dans la salle d'attente. Le temps s'écoule lentement. L'attente me paraît interminable, je décide de bouger un peu.

   J'arpente la petite pièce, m'arrêtant devant chaque affiche accrochée au mur. Des publicités de prévention routière, contre l'alcool, les violences conjugales. Des mots adressés aux visiteurs où aux membres du commissariat de police. Puis une petite note, près de la porte d'entrée attire particulièrement mon attention :

« Adressez-vous à l'accueil pour consulter le registre des personnes disparues et celui des personnes recherchées. Vous pouvez nous être d'une grande aide si vous avez aperçu l'une de ces personnes. »

   Je me dirige vers le comptoir et demande à la secrétaire si je peux consulter le registre des personnes disparues, ça m'occupera peut-être un peu. Elle revient avec un énorme classeur.

   — Voilà toutes les personnes portées disparues depuis ces dix dernières années, m'annonce-t-elle.

   — Vous voulez dire que toutes ces personnes n'ont jamais été retrouvées ?

   — Malheureusement non.

   Choquée, je saisis le classeur et retourne m'asseoir dans la salle d'attente. Le classeur est rempli de pochettes contenant des fiches d'identité. Je comprends tout de suite qu'il s'agit là de toutes les personnes disparues en France et pas seulement dans la région. Je lis en détail certaines fiches, ce sont quasiment que des enfants, c'est horrible.

   Je m'apprête à aller rendre le classeur lorsque Raphaël fait irruption dans le commissariat.

   — Mélodie ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tout va bien ?

   — Oui mais il faut que je te parle.

   — Pas de soucis.

   — Je veux dire... en privé, si c'est possible.

   — Suis-moi.

   Il semble un peu sur la réserve. En même temps je le comprends, je n'ai pas été très sympas avec lui ces derniers jours. Il voulait être là pour m'aider mais le seul moyen que j'ai trouvé pour le remercier c'est de le tenir à l'écart. Il se dirige vers le couloir principal et je le suis immédiatement. Nous entrons dans un bureau et il referme la porte derrière nous.

   — Alors ?

   — Il faut que je t'avoue quelque chose.

   — Je t'écoute.

   — Sam n'a pas vraiment disparu.

   — Comment ça ?

   — Et bien... après l'incident avec notre beau-père il est parti dans les bois pour se cacher. Je l'ai retrouvé le lendemain, il s'était réfugié dans une cabane en bois. Ça fait plusieurs jours que je le supplie de rentrer à la maison mais il refuse.
Il affiche un air surpris et je réalise ce que je viens de faire. Je viens de dénoncer mon frère à la police. Raphaël peut appeler ses collègues à tout moment pour qu'ils partent à la recherche de cette cabane.

   Après un moment d'hésitation, il me répond :

   — Pourquoi ne veut-il pas rentrer ?

ILLUSIONWhere stories live. Discover now