CHAPITRE 16

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CHAPITRE 16

   De retour à la maison je me dirige immédiatement dans ma chambre, sans même faire attention à ma mère qui est en train de pleurer dans la cuisine. Il est encore tôt mais pourtant je n'ai qu'une seule envie : m'endormir pour ne plus jamais me réveiller.

   Les minutes passent et je n'arrive toujours pas à me sortir de la tête l'image de mes deux amis au fond de la bibliothèque. Ça me fait tellement mal de savoir qu'ils sont loin de moi, par ma faute. J'aurais peut-être pu trouver une autre solution pour les éloigner de la piste de mon frère sans pour autant leur faire tout ce mal. Je me déteste tellement à cet instant.

   Il n'y a qu'une seule personne qui pourrait me consoler mais malheureusement il n'est pas là. Je pensais pouvoir être forte mais j'ai tellement besoin de lui.

   Je me rends dans la chambre de Sam dans l'espoir de me sentir un peu plus proche de lui. Je m'allonge sur son lit et j'enfouis ma tête dans son oreiller. Son odeur est bien présente, je me mords la joue pour ne pas pleurer.

*****

   Je me réveille le lendemain matin sans aucun souvenir de m'être endormie ici, dans la chambre de mon frère. Mon sommeil n'a pas été très reposant, chargé de fuites incessantes, d'odeur de terre mouillée et d'animaux sauvages à ma poursuite. Même dans mes rêves je me sens perdue et abandonnée.

   Je suis censée aller en cours ce matin mais je suis à nouveau prise de nausées et il est hors de question que je tombe malade maintenant alors que je dois aller voir Sam dans l'après-midi. Je décide d'allumer mon ordinateur pour voir sur le groupe de la fac ce que j'ai à faire pour la semaine suivante.

   Plusieurs devoirs à rendre dont j'ignorais complètement l'existence, sans doutes les cours auxquels je n'ai pas assisté ou alors ceux auxquels j'étais trop préoccupée pour y prêter attention. J'essaie néanmoins de me concentrer sur les cours que je maîtrise à-peu-près. Je parviens à écrire quelques mots mais après plusieurs heures passées à regarder par la fenêtre, mes pensées perdues dans cette immensité boisée qui m'attend, je n'en peux plus et referme mon ordinateur avec violence.

   Je ne perds pas une minute et pars rejoindre Sam. Après une traversée compliquée par le sol devenu mou suite à la pluie de la veille, je parviens à la cabane. Toujours ce même sentiment de soulagement lorsque j'aperçois ce chêne immense à quelques mètres de moi. Au moment où je le contourne, je vois que Sam m'attend déjà sur le porche. S'est-il décidé à rentrer avec moi ?

   Non, il m'invite simplement à entrer puis referme la porte derrière nous. Il ne semble pas aussi enjoué qu'hier.

   — Tu vas bien ?

   — Je n'ai pas revu la biche aujourd'hui, me répond-t-il simplement.

   — Il n'y a peut-être plus rien à manger par ici.

   Il ne me répond pas et s'installe sur sa chaise. Je fais de même et dépose à nouveau la nourriture que je lui ai apporté.

   — En parlant de manger, tu n'as pas faim ?

   Il ne daigne même pas jeter un coup d'œil à ce que je lui ai apporté.

   — Tu te souviens quand maman nous avait emmené pique-niquer au bord de la mer quand on avait 8 ans ? me demande-t-il soudainement.

ILLUSIONWhere stories live. Discover now