Épisode 13 : Au coin du feu

247 30 3
                                    

Le ciel était voilé par d'épais nuages de fumées expiraient par les chaumières. La lune timide et les étoiles s'éclipsaient derrière ces exhalaisons. Le froid avait poussé les familles à se cloîtrer chez elles, rendant les rues muettes. Néanmoins, dès le lendemain, elles retrouveraient leur voix perdue grâce aux éclats de rire des bambins. Ils s'étaient pour la plupart enfermés dans leur chambre, la mine renfrognée après avoir essuyer un refus de sortie à une heure aussi tardive, mais fixant le paysage avec émerveillement. Un épais tapis immaculé avait été dressé par les premiers flocons de l'année, qui avaient vu le voir le jour il y eut à peine quelques heures et tombaient à profusion depuis. Leur lente chute était rendue sinueuse par le souffle glacial du vent, mais chaque flocon parvenait à se poser sur le sol, venant enlacer ses compères déjà présents. Les gouttières avaient vu leurs larmes changeaient en cristaux de givre, figées. De chaudes couleurs rougeâtres et orangées rayonnaient des fenêtres habillées de rideaux satinés, car tous n'avaient eu d'autre choix que de raviver le feu de leur cheminée afin de se réchauffer.

Les intenses flammes léchaient avec avidité les briques de la cheminée, tout en consumant les bûchettes de bois qu'on leur avait offertes. Le foyer crachait parfois quelques escarbilles ou des fragments incandescents qui n'atterrissaient jamais très loin, sur la plaque de protection qui avait été posée là. La délicate fragrance du bois brûlant embaumait toute la demeure qui, à l'instar des rues, était plongée dans le silence, où seule la mélodie des crépitements chantait par l'âtre flamboyant était audible.

Elle était assise à même le sol en parquet usé, juste en face de la cheminée pour se tenir chaud. La lueur des flammes éclairait son carnet ouvert, alors que son crayon glissait sur la feuille, traçant les courbes d'un visage inconnu et pourtant familier. Les flamboiements se reflétaient dans ses orbes de jade, et rendait brillants ses cheveux de blés qui cascadaient sur ses épaules. La chaleur prégnante réchauffait agréablement sa peau dans une embrassade maternelle, rassurante et apaisante. Son poignet dansait avec un naturel inné pour guider le chemin de son crayon, exerçant une pression parfois intense, d'autres fois infime. Elle donnait naissance à des traits qui se poursuivaient, se fuyaient, se croisaient, s'embrassaient ; des traits qui ne pouvaient être sublimés et ne trouvaient sens qu'en étant rassemblés.

La porte de la maisonnette s'ouvrit, laissant pénétrer un courant d'air qui atteignit la cheminée. Les flammes vacillèrent, titubèrent, se penchèrent mais les étincelles vinrent d'elles-mêmes les raviver, et elles furent encore plus grandes, plus fortes, plus majestueuses. Elle tourna la tête en cette direction et découvrit son frère aîné qui verrouilla aussitôt la porte derrière lui. Il retira ses vêtements recouverts par les flocons de neiges puis s'approcha de sa cadette, observant avec cette fierté habituelle le portrait qu'elle dressait. Néanmoins, il fut surpris par ce regard. Un regard qui semblait avoir découvert tous les secrets que renfermés le monde, qui avait vu tout ce qu'il s'y passait, et qui s'en était lassé. Un regard qui fixait le vide, l'air absent. Il ne put alors s'empêcher de l'interroger :

— Qui est-ce ?

— Je ne sais pas.

Elle avait soufflé sa réponse en remplissant l'iris du personnage. Elle n'avait aucune idée de l'identité de la personne à qui cette figure appartenait, elle était simplement apparue au cours de l'un de ses rêves. La tristesse qui émanait d'elle l'avait tant bouleversée qu'elle l'avait hanté toute la journée. Alors, pour s'en débarrasser, elle avait ressenti le besoin de la coucher sur le papier.

Jürgen ne s'éternisa pas sur le sujet. Sa petite sœur était emplie de mystères, et plus rien venant d'elle ne l'étonnait. Valait-il mieux qu'elle dessine des personnages imaginaires plutôt qu'elle ne revienne la lèvre fendue après l'une de ses rixes coutumières causées par ses amis et elle. Son tempérament belliqueux ne cessait de le surprendre, mais Lizbeth n'était qu'une enfant avide de sensations fortes et de reconnaissance. Alors il ne prenait même plus la peine de la gronder car il savait pertinemment que c'était peine perdue.

SNK] Jiyuu no Tsubasa (Livaï x OC | Eren x OC) EN PAUSEजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें