SNK] Jiyuu no Tsubasa (Livaï x OC | Eren x OC) EN PAUSE

Épisode 12 : Le droit d'être heureux

Le son du gaz libéré afin de les propulser résonnait bruyamment autour d'eux. Leur silhouette se déplaçait si rapidement qu'elle paraissait n'être qu'une tache indiscernable filant à toute vitesse entre les arbres. Le vent, devenus plus frais en cette saison automnale, mordait leur peau et emmêlait leur chevelure avec fougue. La pression qu'ils faisaient subir à leur corps les assourdissaient, ainsi seul le sifflement de l'air qu'ils fendaient leur était perceptible. L'adrénaline déferlait dans tous leur corps, provoquant d'agréables picotements à la pulpe de leurs doigts, accélérant leur cœur qui battait avec davantage de rapidité à chaque seconde écoulait, comme s'il cherchait à se défaire de la cage thoracique qui l'emprisonnait. Les fortes bourrasques qu'ils provoquaient sur leur passage émerveillaient les quelques soldats présents au sol ; ceux-ci avaient profité de l'absence d'un supérieur pour faire une pause dans leur entraînement afin de les observer à l'œuvre. Les cris d'admiration qu'ils laissaient échapper parvenaient à peine à leurs oreilles, tant étaient-ils concentrés sur leur tâche. Leurs yeux plissés ne voyaient que l'essentiel : l'emplacement de ces pantins de bois. Avec un naturel déconcertant, ils mesuraient les distances et les angles comme si c'était un jeu d'enfant. À vrai dire, ils le prenaient quelque peu comme tel.

En effet, quelques minutes plus tôt, lorsqu'ils se préparaient pour l'entraînement et alors qu'ils fixaient les bombonnes de gaz à leur équipement, Charlotte avait lancé d'une voix confiante :

— J'suis certaine que j'en déchiquèterai plus que toi.

Livaï avait relevé la tête vers elle, l'avait dévisagé un instant avant qu'une lueur qu'elle seule n'était apte à percevoir brilla dans ses yeux.

— Tu veux parier ?

Ainsi s'étaient-ils retrouvés à voltiger à pleine vitesse dans les airs, abattant tous les titans factices qu'ils rencontraient. La force qu'ils appliquaient à la découpe des nuques de mousse était telle que les titans de bois vacillaient après leur passage ; mais ils ne s'en préoccupaient que trop peu, leur esprit focalisé sur l'instant présent. Ils esquivaient habilement les branches traitresses, prêtaient attention à chaque arbre pouvant se dresser face à eux mais surtout, augmentaient régulièrement la quantité de gaz délivrée – bien que celle conseillée, afin de notamment éviter les accidents, fut dépassée depuis longtemps – pour tenter de doubler l'autre. Mais à peine l'un d'eux prenait quelques mètres d'avance que l'autre se retrouver à la même hauteur. Ainsi, leur corps se frôlaient parfois, lorsqu'ils visaient la même cible, mais jamais ils n'entraient en collision, comme s'ils parvenaient à anticiper les mouvements de l'autre et à adapter les leurs en fonction de ceux-ci.

Bien trop rapidement à leur goût, leurs pieds vinrent écraser dans un bruissement le tapis de feuilles flamboyantes déployé sur la terre humide, aux abords de la forêt qu'ils venaient de traverser en un temps record. Leurs lames étaient si usées qu'elles auraient pu se briser à tout moment et leurs bouteilles de gaz étaient sans aucun doute vide. Leur respiration était saccadée alors que leurs prunelles s'accrochèrent en échangeant un regard complice. Ils n'avaient pas compté le nombre de titans qu'ils avaient respectivement abattus, trop occupés à devancer leur adversaire, alors ils ne savaient pas qui avait gagné cette compétition improvisée. Mais cela ne les préoccupait pas plus que ça, l'instant qu'il venait de partager étant plus important que n'importe quoi.

Seulement, une carrure imposante aux cheveux blonds s'approcha d'eux. Erwin les sermonna calmement sur leur propension à tout transformer en jeu compétitif et à user le matériel plus vite qu'ils ne le devraient. Charlotte savait que son ami faisait cela uniquement pour conserver et entretenir son statut de chef autoritaire. Elle était certaine qu'intérieurement, il était satisfait du spectacle auquel il venait d'assister. S'ils étaient aussi coordonnés en étant en « rivalité », il ne doutait pas qu'en temps de coopération, ils deviendraient de véritable machine d'élimination de titans. Enfin, Erwin avait trouvé des soldats qui lui permettraient de réaliser ses desseins les plus ambitieux, et il du retenir un sourire de satisfaction. Livaï était la personne qu'il manquait parmi les soldats à ses côtés. Oui, ensemble, ils iraient loin, c'était certain.