— Non pas vraiment, pourquoi ?

   — Ce jour-là était vraiment magnifique. Elle nous avait fait des sandwichs mais il y avait beaucoup trop de mayonnaise à l'intérieur alors on s'était empiffrés de tomates cerises. Après ce jour je ne voulais plus en manger tellement on s'en était gavés.

   — C'est bizarre, je ne m'en rappelle pas du tout.

   — C'est pour ça que toi, tu n'aimes pas la mayonnaise.

   — C'est vrai ? Je ne savais pas que ça venait de là.

   Il me sourit et nous passons le reste de l'après-midi assis autour de cette table. Aujourd'hui c'est différent des jours précédents car aujourd'hui nous parlons. Beaucoup. Il me rappelle ces moments de notre enfance où nous étions heureux, où tout allait pour le mieux. Ces souvenirs semblent très agréables lorsqu'il les évoquent mais sonnent pour moi comme l'évocation d'une vie passée.

   Il n'en parle pas vraiment avec nostalgie mais plus avec regret, comme si toute cette joie que nous avons un jour vécu ne reviendra plus jamais. Je commence à me demander si je ne préférais pas les longs silences auxquels j'ai eu droit ces derniers jours.

   Au fur et à mesure qu'il parle je remarque que son teint est encore plus pâle qu'hier, ses joues sont creusées, tout comme les cernes qu'il a sous les yeux. Ça me fend le cœur de le regarder se laisser dépérir ainsi.

   Nous discutons encore pendant de nombreuses heures jusqu'au moment où la fatigue prend le dessus sur ma capacité à tenir une conversation. Je finis par me lever pour aller m'asseoir dans le vieux canapé au fond de la pièce. Je jette un œil à l'extérieur et constate que la lumière a fortement diminué. Sam me rejoint et je pose doucement ma tête sur son épaule, épuisée.

   C'est alors qu'il me pose une question à laquelle j'aurai préféré ne pas avoir à répondre.

   — Comment va Alex ? Il t'aide pour essayer de coincer Patrick ?

   — Oui, il m'aide beaucoup. Il s'inquiète pour toi tu sais ?

   — Qu'est-ce que tu me caches Mélo ? Je vois bien que tu me mens.

   Comment ai-je pu croire une seule seconde que je pouvais lui mentir de la sorte ?

   — On s'est un peu prit la tête par rapport à toi.

   — Et Jules ? Sarah ?

   Je ne réponds pas cette fois, la douleur est trop pénible à supporter.

   — Sérieusement ? Je te demande une chose, une seule. Et toi tu trouves rien de mieux à faire que de t'embrouiller avec nos amis ?

   — Non mais je rêve là ! Si je fais tout ça c'est pour toi Sam ! Si je ne m'étais pas éloignée d'eux ils auraient découvert toute la vérité et ça t'aurais rendu vulnérable, c'est ça que tu veux ?

   — Excuse-moi, tu as raison, c'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire, répond-t-il plein de regrets.

   — Tu ne crois pas qu'il est temps que tu rentres maintenant ? J'ai fait tout ce que j'ai pu mais on ne trouve rien sur Patrick, il est intouchable.

ILLUSIONWhere stories live. Discover now