Bodypump [KatsuDeku]

#18 Un souper.

DEKU

Il vient de me demander si je l'aime, au beau milieu de nos courses, à l'arrache et de manière imprévue ! Mes yeux s'embrument malgré moi et je maudis d'être dans un lieu public. J'ai envie de lui sauter dessus et de l'embrasser pour lui dire que oui, bon sang, je l'aime depuis un sacré bout de temps ! Et avoir été endormi jusque-là me met en colère, car je viens de rater sept semaines avec lui. Sept semaines où il a souffert, et moi, je n'ai pas vu le temps passer. J'ai fermé les yeux dans la rue et je les ai ouverts, comme si rien ne s'était passé, sept semaines plus tard. Où en étions-nous ? Ah oui ! L'aveu. À force de le faire attendre, il va finir par fuir.

- Euh...
Je commence vraiment bien.
- Disons que...

De mieux en mieux. Je regarde autour de moi pour vérifier que personne ne nous filme ou nous écoute, mais il y a des caméras de sécurité, je suis sûr que ça va finir aux infos... Paranoïa, quand tu me tiens, je deviens n'importe quoi !

- Pas ici...

C'est comme si je venais de lui dire que je l'aime, mais pas dans cet endroit. Je me sens pitoyable.

- Si, ici ! Enfin, je... À la maison, oui ! C'est bien ça. À la maison !

Je n'arrive pas à déchiffrer son expression. Est-il heureux ou choqué ? Les deux à la fois, peut-être. Je me demande pourquoi je suis aussi maladroit dans la vie. J'ai toujours été ainsi. Et soudainement, une douleur à la poitrine m'oblige à m'accrocher à son bras. La panique me fait mal, car je respire trop rapidement. Le médecin m'avait prévenu. Mince, je ne vais pas pouvoir être un Héros tout de suite. J'en ai la tête qui tourne. Me voilà à avoir une crise d'angoisse au point de sentir mon coeur s'affoler dans mon corps tout entier.

- Deku !
- Parle-moi, dis-moi quelque chose de rassurant, n'importe quoi ! Même une recette de protéines !
- Je sais faire à manger ! Pas tous les repas du monde, mais ta mère m'a appris quelques recettes pendant ton sommeil. Je voulais te faire la surprise.
- C'est adorable ! Tu peux être sacrément mignon quand tu veux, dis-je entre deux souffles. Continue.
- Je... Euh... Oui, on fait les courses ensemble, toi et moi, comme un vrai couple !
- Continue.
- Je t'emmène dehors prendre l'air, parce que là, je commence aussi à angoisser.

Je ne pensais pas qu'il serait autant investi. Je le croyais fort, puissant et intouchable. Il n'a rien à voir avec le gars que j'ai rencontré. J'avoue que ça me perturbe un peu, car il n'a plus cette fougue et ce regard intense qu'il avait avant. Rien ne l'effrayait. Aujourd'hui, un rien le met à genoux. Je dois être fort pour nous, mais mon corps n'est pas encore guéri.

- Katchan, s'il te plaît, redeviens comme avant, murmurai-je, une fois dehors, assis sur une chaise qu'une dame m'a offerte de la terrasse du café d'au côté.
- Tu veux revoir le coach prétentieux ? S'étonne-t-il.
- Je veux l'homme fort et qui s'en fiche de tout !
- Ça peut t'aider ?
- Katchan !
- D'accord, ça va ! Ferme-là, sale nerd à la con !
- Nerd ? Quel est le rapport ?
- J'ai vu ta bibliothèque et il n'y a pas un seul livre normal. Tu n'as que des brochures historiques, Héroïques et sur l'apprentissage d'un milliard de choses. Tu n'as pas de roman ou autre chose qui se lit pour la distraction. On dirait un nerd qui veut passer son temps à apprendre, au lieu de se divertir comme tout le monde. Donc, tu es un nerd.
- Merci, souris-je.