#04 Une soirée.

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KATSUKI

J'ignore comment réagir, car c'est la première fois qu'on me réprimande de cette manière, avec des arguments en béton. Je voudrais tout exploser autour de moi, mais je tiens trop à ce hammam. Et j'ai également envie de plonger dans mon lit, sous ma couette, et de tenir fermement mon coussin contre moi. J'ai toujours eu le dernier mot, même si on m'engueulait, toujours. Là, c'est différent. Je n'ai même pas envie de chercher à avoir le dernier mot. C'est évident, il a raison. Je ne peux pas rivaliser avec lui, ni avec personne d'autre. Putain, je me hais.

          Je sors du hammam et me dirige aux douches. J'ignore ceux qui m'entourent et je promets de défoncer la gueule au premier qui m'adresse la parole. Mais personne ne prononce un mot. Je suis mal à l'aise. Bien que je sois nu devant tout le monde, ce n'est pas ça qui me dérange, mais le fait d'avoir été mis à nu, par un héros, mon héros... Quelle poisse. Je fais même le con devant mon héros. Je me change en vitesse et quitte les lieux.

          Marcher dans la rue ne me fait pas du bien. Au contraire, cette fois, je me sens oppressé, comme si la ville me regardait de travers et qu'elle allait me maltraiter. Je sais que je ne suis pas toujours correct, mais là, c'est allé trop loin. Je ne me déteste pas, car je suis toujours en accord avec mes principes. Seulement, ces mots m'ont marqué.

          Je réfléchis trop et ça m'énerve ! Je dois me changer les idées. Nous sommes un vendredi soir, c'est parfait pour sortir. Ce week-end, je repose mes muscles et je reprendrai lundi. C'est tout ce qui compte. Et je promets que je n'irai pas casser la gueule à Todoroki si je bois le verre de trop. Promis. Il faut que je l'écrive quelque part pour ne pas oublier. J'ai un stylo indélébile chez moi, j'écrirai sur ma main une fois que je serai en tenue de soirée.

          Une fois à mon studio, je balance mon sac de sport à la buanderie et je jette mes vêtements dans la machine à laver. J'ajoute de la lessive sale et les produits, puis je l'allume. Heureusement qu'elle est silencieuse, car les voisins me tueraient de la mettre en route à cette heure-ci.

          J'enfile un pantalon noir, un t-shirt rouge, comme mes yeux, et une chemise noire que je retrousse. J'aime montrer mes avants-bras musclés, je drague de cette façon. J'ai clairement besoin de sexe, ce soir, et peu importe qui est la cible, tant que c'est un homme dans une tranche d'âge entre le mien et dix ans de plus. Ah ! Je ne dois pas oublier d'écrire sur ma main ! "Pas Todo". Comme ça, je comprends ce que j'ai voulu dire.

          Direction la ville et les bars. Je prends le bus qui m'emmène à la rue bondée, une rue que je connais bien. Avant de me lancer plus sérieusement dans le sport, j'allais me soulager ici. C'était une belle époque que je regrette un peu maintenant. Ce soir, je fais exception. Je me rends dans un premier bar, celui qui se trouve en face d'un restaurant très réputé où beaucoup de monde vont manger, comme les héros, la presse, et toute la clique... Je n'ai pas le moyen de m'offrir ce genre de restaurant et je m'en tape. J'entre dans le bar et me pose directement sur le premier tabouret vide que je trouve.

  - Bonsoir, qu'est-ce que je vous serre ?
          - Bonsoir. Une grande pression, demandai-je. Pour commencer, murmurai-je.

          Je sors mon téléphone et pianote dessus pour me rendre sur les réseaux sociaux. D'abord, je vais sur Instagram et remarque que les photos sont toujours les mêmes. Puis je vais sur Twitter et constate, encore une fois, que les gens ont toujours besoin de rager et dire de la merde sur les autres. Entre deux applications, je reçois ma bière et la paie, avant de boire la moitié du contenu en un coup. Je me dirige ensuite vers Facebook où je décrète qu'il y a vraiment des vidéos de merde pour les mecs comme moi qui s'ennuient et n'ont rien d'autre à faire que de garder leur nez planté sur leur écran de smartphone, au lieu de voir le monde qui leur entoure qui soit bon ou mauvais. Il y a plus de sens de critiquer ouvertement la réalité que de le faire sur Internet et à propos de la vie des autres. Je termine ma bière et scanne les alentours pour trouver une cible potentielle... Rien. Je change de bar. Cette fois, je me rends à celui qui est en face d'un cinéma. Ça fait des années que je ne suis pas allé voir un film sur un écran géant. À part payer plus cher qu'une boîte avec un DVD, une image plus grande et un son à détruire mes tympans, je ne vois pas l'avantage d'y aller. J'entre dans le bar.

Bodypump [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant