Chapitre 20

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Marie Gaultier
21 novembre 2019
17h00

Maria: Enfin bref, tout ça pour dire que Paul va devoir éliminer après tout ce qu'il vient de manger!

Paul: Mais, c'était ton idée Brixton Village!

Maria et Paul se chamaillent, comme deux enfants. Ils sont si mignons ensemble, la belle blonde et le grand brun. Je dois dire que mon voyage à Londres s'est passé sous les meilleures auspices: j'ai visité chaque recoin de la ville, même si demain nous devons faire un tour du côté de Masame Tussauds et du British Museum, j'ai vu des coins insolites, comme hier à Soho, avec les nez, j'ai aussi beaucoup mangé, et j'ai finalement beaucoup dépensé. Antoine me tuera probablement en rentrant. Ça m'a vraiment fait du bien de sortir un peu de mon confort habituel et de ma routine à Barcelone, moi qui suis plutôt extravertie et de nature à ne pas tenir en place, je dois dire que de ne pas travailler ça me manque! Je dois absolument trouver un job, où je vais tourner en bourrique. En passant devant une photo insolite d'une princesse gothique qui monte un cheval de princesse, je repense soudain à ma jeunesse, et à une des seules choses qui m'a fait tenir debout, l'équitation. Ça serait drôle de remonter à cheval. Dans le temps, ma mère m'emmenait chaque samedi et chaque mercredi monter à cheval, d'abord en Espagne où j'ai eu une éducation très stricte, basée sur du dressage à la dure sur des entiers farouches, puis en France, où j'ai découvert le CSO. Dès ma première année, je sortais déjà en compétition. Je me rappelle attendre le dimanche de concours avec tant d'impatience que je devais faire des exercices de yoga pour me calmer! Certains disent que j'avais un don, mais je crois plutôt à un travail acharné qui a payé. Quand ma mère est morte, j'ai laissé tomber. Peut-être était-ce une mauvaise idée. Quoi qu'il en soit, je dois me promettre d'y réfléchir à tête reposée.

Paul: Eh, Marie, ça va?

Marie: Oui. Oui. Je rêvassais.

Paul: Viens, on va passer dans un quartier super chouette pour rentrer!

Je suis les deux amoureux à travers les rues de Londres. Malgré le temps maussade, je trouve que cette ville rayonne.

Alors que nous passons près d'un bâtiment qui semble être une banque, ou quelque chose dans ce genre-là, j'aperçois une silhouette, assise sur un banc, qui m'est familière. Très familière.

Marie: Paul! Paul arrêtes-toi. Regarde discrètement qui est assise sur le banc, là-bas.

Évidemment, il regarde fixement la jeune femme qui remarque notre présence. Paul se détourne et se reconcentre sur moi.

Maria: Heu, il se passe quoi là?

Marie: La fille, là-bas, c'est ma meilleure amie, Lara, avec 10 kilos en moins et une tronche de six pieds de long.

À mon expression, Maria me lance un regard interrogateur, elle ne doit pas savoir ce que cela veut dire, mais je n'ai pas le temps.

Marie: Elle ne doit pas aller bien. Paul, tu m'en veux pas si...

Paul: On va rentrer, avec Maria. Occupes-toi d'elle. Appelles-moi si besoin.

Marie: Merci. T'es le meilleur.

Dieu sait qu'il aurait pu rester, mais je pense que ce n'est pas trop le moment pour lui de revoir son ex qui l'a trompée, dans les bras de sa nouvelle copine. Ils retroussent donc chemin et je le vois prendre un taxi, tandis que je me dirige vers Lara. Elle est habillée comme une secrétaire, on dirait. Elle porte des vêtements sales, et ses cheveux ont l'air gras, chose incompatible avec Lara. Mon Dieu, pendant tout ce temps, que lui est-il arrivé? Pourquoi n'ai-je pas pris de ses nouvelles? Ah oui, parce qu'elle ne me répondais pas.

Marie: Lara... Lara? C'est toi ma belle?

La jeune femme maigre tourne son regard triste vers moi. Elle ne me sourit même pas, et j'ai du mal à la reconnaître, mais c'est bien elle. J'en suis sûre. Une petite larme coule immédiatement sur ma joue.

Marie: Lara parles-moi. Je suis là maintenant. Parles.

Je m'installe à coté d'elle et la prends entre mes bras. Dieu sait qu'il ne faut pas brusquer les gens en état de choc, je vais donc laisser faire les choses. Soudain, je sens son corps faible remuer, et le pull en laine dans lequel je suis emmitouflée devient vite humide au niveau de mon épaule.

Marie: Lara ma chérie je suis là. Je ne te quitterai plus jamais. Mais tu dois me parler. Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Lara: Je... Marie... Sors... Peux plus... Ailleurs... Aides-moi... Marie...

Les sanglots de Lara redoublent et ses petits mots ne sont maintenant plus qu'un flot de pleurs et de lamentations incompréhensibles. Pourtant, j'ai bien compris une chose: je dois immédiatement la ramener chez Paul. Elle n'est pas bien et elle a besoin de soutien. Bon sang, que lui est-il arrivé?

Je contacte immédiatement Paul qui m'annonce arriver dans 5 minutes.

Marie: Lara. Lara tu veux quelque chose?

Lara: Froid... Marie... Aides-moi...

Je retire mon trench coat et lui passe par dessus les épaules, elle sera déjà mieux ainsi, plus ai chaud que dans sa petite veste.

Quand Paul arrive à toute allure, je soutiens Lara et l'accompagne jusqu'à la voiture. Paul a apporté avec lui un plaid et un thermos de thé bien chaud. Un amour cet homme.

Marie: Merci Paul. Lara, bois, ça va te réchauffer.

Alors qu'elle tends la main vers la tasse que je lui tends, je vois bien que ses bras n'ont plus que la peau sur les os, et qu'ils sont marqués de bleus, et de cicatrices encore rouges sur les poignets. Changement de plan. Je me rapproche de Paul et lui indique une nouvelle direction.

Marie: On va à l'hôpital. Elle est très mal en point.

Il hoche la tête et roule jusqu'à la clinique la plus proche. Pendant ce temps, j'essaye de la rassurer, de la faire dormir, elle le doit. Elle est exténuée, faible et je n'ai pas envie de la stresser.

Marie: Lara je suis là maintenant. Tout va bien, c'est Marie. Dors si tu veux, on rentre à la maison.

Soudain, elle se redresse d'un bon et hurle dans l'habitacle.

Lara: NON! Pas maison!.... Ailleurs... Fuir... Il... Suit.... NON!

Devenue hystérique, je fais mon possible pour la calmer, mais c'est impossible. Elle hurle des mots sans suite qui ne veulent rien dire.

Lara: MIKE! TRAVAIL! AIDE! TUER! Froid... froid... Marie froid...

Après 5 minutes passées à lui demander de se calmer, elle répète ces mots et tombe dans une sorte de léthargie inquiétante.

Marie: Merde, merde, merde! Paul, on en est là?

Paul: Je me gare, cours appeler quelqu'un!

Complètement paniquée, je rentre en courant dans la clinique et demande de l'aide. Une infirmière me demande des renseignements et envoie immédiatement une équipe chercher Lara, endormie dans la voiture. L'infirmière, qui me dit s'appeler Cassie, me pose ensuite quelques questions, et alors qu'elle s'empresse de rejoindre Lara sur son brancard, je me permets moi aussi de lui en poser une.

Marie: Promettez-moi d'être douce avec elle. Elle est fragile. Soyez gentils. Ne lui faites pas de mal.

Cassie: Je vous le promets, Miss.

Un docteur la prends en charge et ils disparaissent au bout d'un couloir vide et terne. Lara, sois forte. Pour moi. Pour nous.

Amor w/Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant