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Dieu a dit qu'il faut aimer ses ennemis, c'est dur. Aibileen, La couleur des sentiments.




J'étais encore en train de vérifier qu'il n'y avait plus aucun plis sur le lit. Le sol brillait de propreté, la salle de bain luisait de brillance. Je me suis cassée le dos à faire le ménage correctement dans cette maison aussi grande que l'infini.

Il ne me restait plus qu'une seule chambre à nettoyer et j'aurais fini mon travail de la journée. C'était la chambre de cet homme...Sulaym...

Sa chambre était plongée dans le noir. Je fus obligée de tirer les rideaux pour laisser place à la lumière.

Après la chambre, je m'attaque à la salle de bain pour la nettoyer. La porte de la chambre s'ouvrit avec fracas. Il était là, le téléphone collé à l'oreille. La conversation était en arabe.

- Ne me mêle pas à tes problèmes de famille, hurle-t-il visiblement en colère.

- Quoi ? Tu penses que c'est de ma faute maintenant ? Je n'ai pas demandé à naître et surtout pas dans une famille pareille !

J'avais cessé tout mouvement, même ma respiration était devenue silencieuse. J'avais aussi très peur qu'il me voit. Dans quelle situation je me suis encore fourrée ?

- Arrêtes de te trouver des excuses et assume tes actes pour une fois !

Il raccroche le téléphone et le lance à l'autre bout de la pièce avant de se prendre la tête entre les mains. Il fixe un point invisible devant lui et finit par sortir de la pièce.

Je respire un bon coup, la boule de stress qui se formait dans mon ventre disparaît.

Al Hamdoulilah il ne m'a pas vu...

Je sort rapidement de cette chambre et me dirige à la cuisine.

Une autre jeune fille y était.

- Salam Aleykum, tu es Djavéda ?

- Oui...oui c'est moi.

- Tu parles arabe ?

- Euh...non, ai-je menti.

Je me suis dite qu'il valait peut-être mieux que je cache à tout le monde ma maîtrise de la langue arabe. Ça me sera sûrement utile à l'avenir.

- Je m'appelle Dina, affirme-t-elle en me tendant sa main.

Dina était jordanienne. C'est à cause de ces trafics illégaux d'êtres humains qu'elle s'est retrouvée embarquée dans toute cette histoire. Comme moi je dois dire. Elle était âgée de 21ans.

Je lui serre la main et me reconcentre sur mon assiette.

Il faisait nuit. J'étais sur le point d'aller me coucher. Les servantes ont une grande chambre qu'elles se partagent pour la nuit mais moi on m'a laissé rester dans la chambre où j'ai passé la nuit hier. J'ignore pour quelle raison toutefois ça ne me dérange aucunement.

Je priai salat al-Isha avant de m'endormir.
***

Je me relève subitement en entendant des cris, d'horribles cris qui me font paniquer. J'essaye tant bien que mal de comprendre ce qui se passe.

Hors de ma chambre, je marche lentement vers le salon. Il faisait sombre et je ne voyais rien à part deux ombres debout face à la baie vitrée.

- Qui êtes-vous ?, m'exclamais-je la voix tremblante.

- Shut ! Il va nous voir !

L'une des deux silhouettes vient à moi, me prend le bras avant de m'emmener près de la baie vitrée.

Les deux silhouettes c'étaient Dina et Samia.

Dans le jardin, on voyait clairement une jeune femme qui se faisait battre par un homme. Ce n'était pas Sulaym. Non, c'était une autre personne.

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi il la frappe ?, ai-je murmuré en tentant de comprendre.

- Cet homme, c'est Samir. Il travaille pour Sulaym et la jeune femme c'est Aya. Elle a essayé de s'évader, répondit Samia.

Nous étions toutes les trois debout dans le noir, en train de regarder une jeune femme se faire battre parcequ'elle ne voulait pas finir sa vie en étant une esclave.

Au fur et à mesure que ce carnage continuait, mes larmes coulaient inlassablement. J'avais tellement de peine pour elle.

- Il faut qu'on aille l'aider !

- Mais tu es folle ou quoi ? Si tu y vas tu vas te retrouver à sa place. Ne sous-estime jamais la cruauté de Sulaym. Cet homme n'a pas de cœur, affirma Dina.

Je suis retournée dans mon lit, le coeur complètement déchiré. J'essayais de retenir mes sanglots mais qu'est-ce que c'était dur.

Abî, ummî, vous me manquez affreusement...
***

Le lendemain, durant toute la journée, je n'ai cessé de penser à Aya. Comment allait-elle ? Est-elle toujours vivante ?

Je voulais la retrouver.

- Djavéda ?

Assya me fit sortir de mes songes en posant sa main sur mon épaule.

- Oui ?

- Prépare du thé et apporte ça au salon.

- D'accord.

J'obéis à ce qu'elle me demande et lorsque tout est prêt, je mets la théière sur un plateau et emmène ça au salon.

Je fus surprise de voir qu'il y'avait un homme avec Assya et Sulaym. C'était un homme d'âge mûr et il ressemblait d'une façon déconcertante à Sulaym. Je pense que c'était son père ou un membre de sa famille.

Derrière cet homme se tenaient debout deux hommes habillés de la même manière. On aurait dit des gardes du corps.

En me voyant arriver, l'homme fronce des sourcils et s'exprime en arabe pour pas changer.

- Qui est cette jeune fille ? Ne me dis pas que tu en as encore acheté une ?, s'adresse-t-il à Sulaym.

- Ça te pose un problème ?, répondit-il assez froidement.

L'homme soupire longuement en gardant les yeux rivés sur moi.

- Sulaym n'oublies pas qui tu es. Tu ne dois pas être entouré par n'importe qui.

- Comment puis-je oublier qui je suis alors que toi-même tu as dû mal à l'accepter ? Aux dernières nouvelles, je fais ce que je veux de ma vie...

En fait c'est vraiment pratique de comprendre l'arabe incognito.

Au bout d'un instant, un autre homme fit son entrée dans la salle. Je l'avais reconnu. C'était celui qui avait battu Aya hier, c'était Samir...

- Elle a succombé à ses blessures, dit-il à l'intention de Sulaym.

Aya était morte. Il l'avait tué...
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Dituogr 🦋

Somewhere in the world حيث تعيش القصص. اكتشف الآن