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♧Du ventre de ta mère au cimetière, ta vie est un combat de lutte. Inconnu, Dangal.♧
















- Elle te ressemble tellement Djavéda, s'exclaffa ma mère en jouant avec la petite. Tu avais la même tête lorsque tu étais bébé.

- Hum...

Ils étaient tous autour de la petite, la regardant avec des yeux lumineux.

Shuayb avait proposé qu'on ne dise rien aux parents, ils n'avaient pas à savoir que Sulaym avait remis la main sur moi. Sauf que je ne voulais plus de mensonges dans ma vie. J'ai décidé de leur dire et ils sont venus sur le champ. Je crois qu'ils étaient plus choqués qu'en colère, mon histoire est digne d'une science fiction.

Nous sommes donc revenus à Londres, dans notre maison, il y'a un peu plus de deux semaines. J'avais passé quelques heures à l'hôpital pour un check-up puisque j'avais accouchée sans assistance médicale et que le bébé était prématuré. Tout va bien.

Ma vie était redevenue normale, façon de parler. Je doute qu'elle puisse redevenir normale un jour. Je ne ressens plus rien et ça me fait tellement peur. Les choses qui me faisaient éclater de rire me laissent blasée dorénavant. J'ai arrêté de faire les choses qui me rendaient heureuse.

- Tu ne lui as toujours pas trouvé de prénom ?, demanda Myriam.

- Non.

- Mais ce n'est pas normal ! Ça fait deux semaines qu'elle est née et tu ne lui as toujours pas donné le sein, ni trouvé de nom !, avança ma mère.

- Ummî..., ai-je murmuré, tu ne peux pas comprendre...

- Tu détestes cet enfant à ce point ? Au point de ne même pas vouloir la toucher ?

Elle l'avait dit en me regardant avec des yeux tellement déçus, comme si j'étais une sorte de monstre.

Suis-je un monstre ?

Je suis sortie de la maison en courant, la vue brouillée par les larmes que j'avais retenue depuis si longtemps. J'ai atterri dans le parc. Je me suis laissée tomber sous un arbre et là je me suis laissée aller.

Qui aurait cru il y'a peu que tout cela m'arriverait ?

J'étais bien moi dans ma vie d'avant. Je venais juste d'obtenir mon diplôme d'études du Qur'an et je rentrais chez moi. Au jour d'aujourd'hui, je maudis ces hommes qui nous ont enlevé, même la mort serait trop douce pour les punir.

La vie est un combat. Certaines personnes pensent qu'il ne faut pas dire cette phrase, que c'est une mentalité de pessimiste sauf que c'est vrai. Qu'importe ce qu'ils pourraient dire, la vie est un combat, un champ de mines mais aussi une aventure qu'on vit sans en connaître les tenants et les aboutissants.

- Ça va ukhty ?

Shuayb venait s'asseoir près de moi. J'ai enfoui mon visage sur son torse et il me serra contre lui. Je ressentais toujours ce sentiment de protection, de tendresse et de confort dans cette position.

- Je savais que je te trouverais ici.

- Tu penses aussi que je suis un...un monstre ?

- Non ! Bien sûr que non...tu dois arrêter de te sentir responsable de ce qu'il t'a fait. Tu es une victime. C'était lui le monstre.

- Je l'ai tué Shuayb...j'ai pris la vie de quelqu'un...

- Arrêtes Djavéda, il le méritait. Je l'aurais tué si tu ne l'avais pas fait. Concernant le bébé, laisse-toi le temps. Ne te forces pas de l'aimer juste parceque Ummi te met la pression.

Somewhere in the world Kde žijí příběhy. Začni objevovat