Chapitre 40 : Stay

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( A écouter avec : Interstellar - Main Theme Extended (HD, Hans Zimmer)

Mia

Je me suis réveillée ce matin en me disant qu'aujourd'hui été le dernier jour. Le dernier jour de mon calvaire. J'y ai réfléchis toute la nuit, ne dormant que quelques heures. Je me suis dit que ci d'ici ce soir, Harry ne revenait pas, je me foutais en l'air.

Oui, je n'ai trouvé aucune autre solution. S'il ne revient pas, tout est fini. Je refuse de vivre dans un monde où je suis sans lui. Dans un monde où son sourire n'égaye pas mes journée, dans un monde où son regard déstabilisant ne me scrute pas avec amour, dans un monde où je ne pourrai plus sentir sa peau contre la mienne et dans lequel je ne pourrai plus sentir son parfum si réconfortant. Non, je refuse de vivre sans lui. Ma décision est sans appel. S'il ne revient pas, j'en finis. 

Ce matin, j'ai écrit ma lettre d'adieu. La lettre que je veux lui faire parvenir s'il ne revient pas. Je crois que je l'ai recommencé vingt fois avant d'être satisfaite. Je veux tout lui dire dans cette lettre. Lui dire à quel point il va me manquer et à quel point je l'aime. Et aussi que je comprends qu'il soit parti. 

Je suis restée allonger toute la matinée, mon portable collé contre ma poitrine. J'ai attendu qu'il vibre, venant raviver les battements de mon coeur comme l'aurait fait un défibrillateur, mais il n'a pas sonné. Non, Harry ne m'a pas contacté. Et plus les minutes passent, plus je me sens dépérir. 

Quand il a claqué la porte hier soir après notre dispute, j'ai vu mon coeur se décrocher de ma poitrine et éclater au sol en un milliard de morceaux. Jamais je n'ai ressentis une douleur si cuisante. Jamais. Celle-là est la pire de toute. J'ai épilogué tout ce qu'il m'avait fait souffrir dans ma vie mais je crois que rien ne m'a plus détruite que ça. Lui qui avait toujours été si fort et si compréhensif jusque là, m'a quitté hier tant il était déçu de moi. 

Et s'il est parti, c'est parce que j'ai fait quelque chose d'impardonnable à ses yeux. 

A cette pensée, je sens mes organes se serrer dans ma poitrine. Je n'en peux plus d'attendre. Chaque seconde est plus douloureuse que la précédente qui l'ai moins que la suivante. 

Un jour, Arthur Koestler a dit qu'il y avait une limite à la douleur mais pas à la peur. Et je suis d'accord avec lui. Car il arrive un seuil ou l'homme n'est plus capable de souffrir. Son cerveau se met sous un état de veille qui permet de bloquer la douleur qu'elle soit physique ou mentale. Le cerveau et la pièce maitresse de notre corps, et elle est capable de tout. Même de bloquer les douleurs les plus intenses et les plus destructrices. Mais la peur, c'est dans la tête. Et si le cerveau est tétanisé, rien ne pourra venir bloquer cette peur. 

La douleur se manifeste au niveau de notre coeur mais la peur se manifeste directement depuis la pièce maitresse de notre être. C'est pour ça qu'il n'y a aucune limite à la peur, car rien ne peut venir l'arrêter. 

Et je sais que même si je viens à atteindre le seuil maximal de douleur, j'aurais toujours la peur qu'Harry ne revienne pas. 

Et je crois que c'est ça le plus douloureux. Voilà, c'est ça la douleur la plus intense que je n'ai jamais connu. Plus douloureux que les différences que faisaient nos parents, plus encore que le suicide de Kate, plus douloureux que ma maladie. Car je n'ai jamais eu peur. C'était de la douleur pure et dure mais en aucun cas de l'angoisse. Alors que là, la douleur que je ressens est combinée à la peur. 

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