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La salle de bain était encore plus crasseuse que le reste du manoir. Entre araignées et cafards, on n'était jamais seuls. Sans oublier la moisissure couvrant presque la totalité des murs et les rats sous la baignoire fissurée. Le carrelage au sol était si cassé et coupant qu'on ne pouvait pas marcher pieds nus, au risque de s'ouvrir la voute plantaire. Quant à l'évier, il était en morceaux, inutilisable. De toute manière plus une seule goutte d'eau ne coulait. J'avais presque honte de vouloir prendre soin de Marcus dans un endroit si sale... En parlant de lui, je le portais comme un chimpanzé sur mon dos. Il était couvert de sang et de bleus. Je n'ai jamais été plus prudent qu'en le déposant dans la baignoire. Je fis couler de l'eau entre ses pieds, testant la température, avant de remonter doucement le jet jusque son torse. Il gémit de douleur, versa quelques larmes, mais ne bougea pas d'un poil.

Lorsqu'il fut nettoyé de tout son sang, je pansais ses plaies et lui donnais un de mes gros pulls, un de ceux que j'utilise pour cacher le maximum de mon corps. Il nageait totalement dedans. J'aurais pu en rire avec lui, s'il ne s'était pas roulé en boule par terre, se cachant dans mon vêtement, hurlant de tristesse. Je lui glissais discrètement Crabby entre ses manches trop longues, et il le serra. Il le serra contre son coeur, comme si sa vie en dépendait. Il le serra si fort que je me demandais si la peluche n'allait pas exploser comme un ballon.

Lorsqu'il fut calmé, il se dirigea de lui même dans ma chambre et s'allongea dans mon lit. J'allais me prendre un vieux jogging en guise de pyjama, mais il m'attrapa la main, m'empêchant d'avancer.

"Ne pars pas ! Ne me laisses pas !

- Je ne pars pas, ne t'en fais pas. Je suis désolé, je pensais que tu dormais."

J'abandonnais l'idée de me changer, me contentant d'enlever mes chaussures, et m'allongea à ses côtés, sa tête blottie contre mon torse. Je caressais sa tête, comme on l'aurait fait à un nouveau né, lorsqu'une vieille berceuse que me chantais ma mère enfant me revint en tête.

"Tous les soirs les indiens sont autour du feu

Tous les soirs les indiens sont autour du feu

Ils écoutent la chanson de la nuit

Ils écoutent la chanson de la nuit

Pour aller coucher leurs petits

Pour aller coucher leurs petits"

Il s'endormit au second vers, moi, juste avant le dernier.

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Chapitre plus court, pardon, le suivant arrive, promis !

Gros bisous mes poulpes ! <3

Une belle journée pour mourirWhere stories live. Discover now