//SOIXANTE-TROIS//

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29 juin 2019, 14h54  Clairefontaine Andréa Sanchez

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29 juin 2019, 14h54 
Clairefontaine
Andréa Sanchez

Je ne ressens plus rien. Je n'ai plus aucune émotion. Je ne comprends pas. Comment on en est arrivées à là ? Et surtout, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je veux pas rentrer à la maison maintenant, je voulais encore continuer. Mais, la vie en a décidé autrement et je la hais pour ça.

Récemment, j'ai vécu de terribles épreuves, c'était mon cauchemar le plus horrible que j'ai eu de toute ma vie. Je n'étais pas assez forte pour me battre, j'étais vulnérable et je me hais encore plus. Je me déteste, la vie est injuste, la vie n'est remplie que de malheurs. Comment faire pour modifier tout ceci ? On ne peut pas. Je n'y peux rien faire. Si seulement je peux taper ma tête contre la vitre du bus pour revenir quatre semaines auparavant, là où j'étais vraiment heureuse.

Tout s'est effondré lorsque Bastien, mon ex répugnant, m'a violé. Suite à ça, j'étais brisée de l'intérieur, mais j'ai quand même avancé, à contrecœur. J'ai fait plaisir à mes amis, ma famille. Mais lorsque j'étais retenue par Corinne Diacre pour disputer la Coupe du Monde 2019, mon cauchemar s'envolait petit à petit. Je me suis battue, en marquant, en délivrant des passes décisives et en sauvant l'équipe à plusieurs reprises.

Je pensais que ça allait continuer jusqu'à la fin, mais c'était pas ce qui était prévu...

Lorsque j'ai su que Bastien s'était échappé de prison, j'ai commencé à m'affoler, à paniquer, à stresser. Je me posais de multiples questions : et s'il allait me retrouver et m'anéantir encore une fois ?

Mes amies m'ont rassuré en me répétant qu'elles me protégeraient jusqu'à la fin de la vie. Je ne les croyais absolument pas. Je sais de quoi est capable Bastien. Il est capable de tout !

Mon ex a rouvert une blessure et je le déteste pour ça. Il est revenu me détruire, à nouveau, je le sais. Je dois faire attention à moi.

Je descends du bus des Bleues, tête baissée, capuche sur la tête et mains dans les poches. Je suis partagée entre plusieurs sentiments ; la colère, la déception, la tristesse, la frustration. Je suis même confuse.

Je vois des journalistes tout au fond, ils veulent m'interviewer. Aucune de l'équipe n'a pas eu la force de répondre aux questions, hier. Je décide d'y aller.

Journaliste : Mademoiselle Andréa Sanchez ! Tout d'abord, nous sommes terriblement désolés pour vous, on y croyait tellement à la victoire ! Que s'est-il passé ?

Si je vais parler, je vais craquer. C'était mon rêve, de gagner la Coupe du Monde. Il ne s'est pas réalisé, malheureusement. Je vais essayer de lutter.

Andréa : Je... Je baisse la tête pendant un instant, avant de la relever. Les larmes coulent pour la deuxième fois. On est vraiment désolées d'avoir déçu la France, on s'est battues, mais il est vrai que ces Américaines ont mieux joué que nous. Je suis déçue, vous le savez, mais c'est comme ça. On doit accepter la défaite, on doit accepter ça, c'est la vie, même si j'ai du mal à l'avaler. C'est très dur, très difficile.

Journaliste : Même si vous avez perdu, vous avez quand même marqué, au total, 5 buts et 4 passes décisives, en 4 matchs ! Qu'en pensez-vous de ces statistiques ?

Andréa : C'est juste incroyable, je n'y arrive toujours pas à y croire ! Ça me fait plaisir. Ce qu'on a fait était énorme ! On a réussi à aller jusqu'aux quarts, mais pas à la finale. Malgré tout, je pense qu'on a fait un parcours qui restera inoubliable pour les Français et les Françaises. Je pense qu'on a conquis le cœur de la France. Je vais essayer de gagner l'Euro 2021 avec les filles, je vais me battre pour ça.

Journaliste : Merci beaucoup, mademoiselle, d'avoir répondu à nos questions ! Bonne fin de journée !

Je me souviens encore de mon but contre les Etats-Unis, hier soir. C'était en seconde période et nous étions menées 2-0, par un doublé de Rapinoe. Je la déteste tellement que j'ai failli me battre avec elle.

Quand l'arbitre avait sifflé, je me suis effondrée sur la pelouse, Amandine et Wendie sont venues me voir et nous avons pleuré ensemble. Nous avions perdu.

Les yeux rouges et gonflés, je rentre chez moi, à Lyon, aux alentours de 20h. J'ai pas faim, j'ai plus envie de manger.

Ces dernières semaines ont été extrêmement dures et j'ai personne avec moi, pour les surmonter. J'ai... besoin de quelqu'un. Mais en ce moment, cette personne n'est pas disponible. Je m'en veux pour ça, putain. Je suis si conne, si idiote. Tout est de ma faute.

Je rentre dans la chambre, une image horrible surgisse dans ma tête ; celle de Bastien tenant mes poignets derrière et qu'il est... entré en moi. Je me déteste pour ça, je me sens sale.

J'ai été violée, putain de merde ! Et ça restera gravé en moi ! Mon ex a brisé quelque chose à l'intérieur de mon corps ! Et je le déteste encore plus ! Je suis brisée. Je ne suis plus moi-même. Je ne suis plus celle que les gens croient.

Je croyais avoir surmonter cette épreuve, mais j'avais tort.

Il y a une photo de moi et de Neymar accrochée sur un mur ; notre rupture revient sans cesse dans ma tête. Je l'ai trahi, je lui ai menti, je suis une connasse sans cœur. Malgré tout, je l'aime encore. Et c'est lui que j'ai besoin le plus. Même pas ma mère. D'ailleurs, elle m'appelle depuis ce matin, mais n'ayant plus la force, je lui réponds pas.

Sur Instagram, on nous insulte le fait qu'on a pas été capables de battre les américaines et qu'on n'est pas allées jusqu'au bout. Ça me dégoute, ça me déçoit, y aura toujours des sexistes dans ce monde.

Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de ma vie. Je suis à bout. Je veux en finir.

C'est terminé. Terminé pour moi. C'est mieux pour tout le monde.

C'est la seule solution possible.

•••
Joyeux Noël ! 🎄

VIRTUEL // neymar jrWhere stories live. Discover now