Je ne peux pas rester face à ce policier qui me regarde délirer d'un air surprit. J'ai juste le temps de me précipiter dans le salon avant que mon corps ne s'affale sur le canapé. Il me rappelle clairement à l'ordre. Ces derniers jours, je l'ai complètement laissé de côté et maintenant il me remémore ses besoins. Depuis combien de temps n'ai-je pas mangé ?

Je patiente quelques instants le temps de retrouver mes esprits et de sortir de mon crâne le visage de Patrick, plein d'arrogance et de mépris. Je rejoins la cuisine pour grignoter quelque chose de sucré. Je n'ai pas faim mais je me force tout de même à mâcher quelques biscuits qui traînent au fond d'un placard. Depuis combien de temps les courses n'ont pas été faites ?

Pendant que je finis de manger, les événements survenus dans cette pièce me reviennent soudainement, de manière très limpide. J'ai l'impression de pouvoir revoir chaque détail, pourtant, ça ne me fait rien. Je suis bien trop préoccupée par ce que le lieutenant Casain vient de me dire. Une recherche dans la forêt. Patrick réveillé. Ces deux informations peuvent peuvent tout faire basculer.

Je suis définitivement en retard, peu importe. À quoi bon maintenant ? Patrick a dû raconter des horreurs sur Sam et mon témoignage ne doit plus rien valoir.

Je quitte tout de même la maison, la tête embrumées par de nombreuses questions qui restent pour le moment sans réponses. Un épais brouillard masque le ciel et quand je respire, de petits nuages sortent de ma bouche. L'approche de l'hiver se fait de plus en plus ressentir.

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Lorsque j'arrive à la fac, mon cours a déjà commencé depuis vingt bonnes minutes et je n'ai pas le courage de faire face aux regards de tous les élèves si je pénètre dans l'amphithéâtre en plein cours. Je décide donc de me rendre au Roosevelt en attendant que mes amis sortent de leurs cours respectifs.

Le Roosevelt n'est pas un café et encore moins un bar. Tous les bâtiments de la fac portent le nom d'un président des États-Unis et le bâtiment Franklin Roosevelt est celui qui accueille la bibliothèque.

Nous nous y retrouvons souvent lorsque nous n'avons pas cours ou que nous voulons parler. C'est l'endroit qui ferme le plus tard à la fac, ce qui est très pratique car Jules a des cours le soir et ça nous donne une bonne excuse pour rentrer plus tard à la maison. Nous pouvons nous retrouver pour travailler, mais surtout pour parler et rigoler, sans trop faire de bruit bien sûr.

Les nombreuses rangées bordées d'étagères bien trop hautes nous offrent tout l'espace dont nous avons besoin pour nous regrouper et nous éloigner de toutes les oreilles indiscrètes. Ainsi nous pouvons nous raconter les dernières histoires croustillantes qui traînent à la fac, bien cachés derrière nos livre.

Nous avons prit l'habitude de nous retrouver autour d'une petite table ronde, perdue au fond de la bibliothèque, au bout de la rangées portant les livres sur la religion. Autant dire que nous ne sommes pas souvent dérangés.

Cette table est également la seule qui se trouve près d'une fenêtre qui donne directement sur la cour principale de la fac, juste en face de l'entrée. Les fenêtres ne sont pas nombreuses dans cette bibliothèque, sans doute pour la plonger dans une atmosphère très romanesque.

C'est avant tout un emplacement stratégique, la fenêtre a été choisie par Jules car en tant que commère de la bande, il ne doit pas manquer la moindre personne qui passe dans la cour afin de faire une petite remarque sur leur tenue ou leur nouvelle coiffure. Cet emplacement a rapidement été validée par Alex et Sam qui peuvent ainsi repérer toutes les filles qui passent par là.

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