Chapitre 5 ; partie 3

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Je me réveillais une fois de plus en sursaut. Mes yeux mirent quelques secondes avant à s'habituer à la pénombre de la grotte. Dehors, c'était toujours la tempête, avec en plus de l'orage maintenant.

Je restais fascinée par les éclairs zébrant le ciel pendant un certain temps avant de me rendre compte que ce n'était plus Logan qui surveillait l'extérieur mais Alexeï. En temps normal, je me serais méfiée, pourtant j'avais confiance en lui désormais. Même si plusieurs questions sur lui me tourbillonnaient dans la tête depuis notre évasion.

Je finis par me relever pour aller m'asseoir en face de lui. J'appuyai mon dos contre la paroi irrégulière et gelée de la grotte, ce qui me donna la chair de poule. Alexeï me jeta un coup d'œil avant de reporter son attention sur les arbres pliant sous le vent. Je ne savais pas par où commencer, ni même comment engager la conversation... Finalement ce fut lui qui prit la parole en premier sans quitter des yeux l'extérieur :

« Tu veux en parler ? chuchota-t-il.

-De quoi ? m'étonnai-je.

-De ton cauchemar, répondit-il rapidement. Ça aide d'en parler, on se sent mieux après.

-Non, c'est bon, merci, répondis-je sincèrement. Est-ce que je peux te poser une question ?

-Vas-y, je t'écoute, dit-il en continuant de fixer l'extérieur.

-Comment se fait-il que tu parles si bien notre langue ? Quand nous sommes arrivés, tu n'arrivais même pas à conjuguer les verbes.

-Ce sont Zak et Matthew qui m'ont appris à parler votre langue. En réalité, je suis presque bilingue depuis plusieurs mois... Mais pour ne pas éveiller les soupçons, je fais semblant de ne pas savoir parler correctement.

-Je comprends. Laisse-moi te dire que tu jouais ton rôle à merveille.

-Merci. Comme tu dois t'en douter, je leurs aie appris le russe en retour. De toute façon, s'ils voulaient survivre ici, ils devaient apprendre obligatoirement notre langue...

-D'ailleurs, vous ne nous avez toujours pas dit comment vous vous êtes rencontrés. Ni comment tu as pu nous reconnaître pour ensuite leur dire.

-On s'est rencontrés juste après l'explosion de votre base dans l'Ancien-Portugal... C'est une longue histoire. Il vaut mieux que tu demandes à ton frère. Qu'en au fait de vous avoir reconnu, c'était assez simple. D'abord, je savais le jour de votre arrivée que vous veniez du New State of the Peace. Ensuite, tu ressembles beaucoup à Zak, donc quand je t'ai vu, j'ai tout de suite fait le rapprochement. Et lorsque je leur en ai parlé, Matthew m'a demandé s'il n'y avait pas un garçon avec toi, et il m'a fait la description de Logan. Donc, c'était assez facile de vous repérer. »

Un grand silence s'installa entre nous après. J'observai la tempête qui faisait toujours rage. Chez moi, il n'y avait eu jamais une météo aussi déchainée. La pluie ruisselait sur le versant de la montagne, le sol n'arrivait pas à tout absorber et des minuscules torrents éphémères s'étaient créés par endroit.

Au bout d'un moment, Alexeï me demanda si cela ne me dérangeait pas de le remplacer. J'acceptais volontiers, quoiqu'il arrive, après le retour de ce cauchemar, je n'étais pas prête à me rendormir.

Malgré tout, il faut croire que la monotonie de la pluie, du vent et de l'orage me tirait vers le sommeil. Plusieurs fois, mes yeux se fermèrent tous seuls. Pourtant, je me forçais à les garder ouverts et alertent.

Je changeais fréquemment de point de repère pour tenir jusqu'à ce que quelque chose, en contrebas, attire mon attention. Une dizaine de points lumineux avançaient vers nous. Je n'entendais rien, pourtant, je savais trop bien que ce n'étaient pas des amis.

Je me mis debout aussi vite que mes jambes me le permettaient et allai réveiller Zak. Même s'il était encore à moitié endormi, lorsque je lui dis que l'on avait de la visite, il se leva d'un coup. Il alla regarder à son tour pour être sûr de ce que j'avais vu. Quand il les vit, il se retourna immédiatement vers les autres pour les réveiller. Il fallait partir sur le champ pour avoir une chance de s'en sortir.

Tant bien que mal, on sortit le plus discrètement que possible de la grotte et on continua de monter. Selon Alexeï, il fallait que l'on passe un col assez escarpé pour rejoindre le groupe de résistant, mais Zak refusa que l'on prenne le risque d'être coincé à cause du terrain. On se dirigea donc dans le sens inverse, on passerait le col plus tard, quand on aura semé les soldats russes.

On marchait le plus vite qu'on pouvait mais la pluie nous ralentissait plus qu'autre chose et plusieurs fois Logan dut me rattraper avant que je ne tombe dans la boue. C'est ce moment précis que je me rendis compte qu'il avait toujours été là pour m'aider et que jamais il ne m'avait demandé quelque chose en retour. La culpabilité me gagna peu à peu... C'était bien le moment pour ça !

Après plusieurs minutes de course, j'entendis des coups de feu pas très loin d'ici. Je me retournai, les soldats nous avaient rattrapés, je ne savais pas comment, mais ils étaient bien là. On se mit à tous courir aussi vite que l'on pouvait tandis que de plus en plus de balles volaient à droite et à gauche. Je ne regardais pas où j'allais, je fermais à moitié les yeux pour me protéger de la pluie.

Plusieurs fois, les balles me frôlèrent mais je n'y fis pas attention, je continuais d'avancer. Par-dessus la tempête, un hurlement s'éleva, je me retournai, Alexeï était au sol en se tenant la jambe droite. Quand il nous vit tous arrêtés, il cria :

« Partez ! Ce ne sont pas des balles ! Ce sont des aiguilles anesthésiantes ! »

Avant même d'avoir pu repartir, je vis un des soldats viser Logan qui se tenait maintenant à côté de moi. Je réagis au quart de tour, je poussai mon meilleur ami plus loin et l'aiguille me toucha juste sous ma clavicule gauche, sous l'effet de la douleur, je me pliai en deux. Malgré tout, j'attrapai le petit projectile et l'arrachai d'un coup.

Malheureusement, le produit coulait déjà dans mon organisme. Le poison agissait beaucoup plus vite que je ne le pensais et deux secondes plus tard j'étais allongée dans la boue sous cette pluie torrentielle.

Peu à peu, ma vision devint trouble, de loin j'entendais Logan m'appeler. J'aurais voulu bouger mais j'en étais incapable. Je ne pouvais qu'écouter le bruit des fusils des soldats russes qui poursuivaient encore Zak, Matthew et Logan. Je finis par voir de plus en plus de points noirs danser devant mes yeux. Soudain, je n'entendis plus rien, je ne sentis plus la douleur et un écran blanc vint me bloquer la vue. Je sombrai totalement dans l'inconscience.


Lindsey KansasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant